Avec Atelier Ryza premier du nom, le studio Gust s’est lancé dans une entreprise de diversification de son public, en tentant de rendre sa licence plus attractive pour le plus grand nombre. En ce sens, il n’y a pas à dire, le pari a été remporté haut la main puisque avec plus de 500 000 ventes, il s’agit là d’un carton incontestable pour un épisode de la franchise, offrant à Atelier Ryza 2 le cocon parfait pour se développer.
Pour autant, vous le savez certainement autant que nous, quel que soit le domaine, quand un élément dit « de niche » tente de gagner en popularité en modifiant un peu la formule de base, ce sont les fans les plus accrochés qui crient au scandale. Tout s’est donc passé comme prévu, et si Atelier Ryza est devenu un jeu adoré des néophytes découvrant plus ou moins la licence, il est aussi devenu un épisode controversé chez les fans de la première heure.
En ce qui nous concerne, nous avions adoré la direction prise par cette nouvelle formule et nous n’attendions qu’une chose, voir ce qu’il allait advenir de la suite de cet arc narratif. Spoiler alert, Atelier Ryza 2 persiste et signe dans le sillon creusé par son prédécesseur, mais cela est-il suffisant pour autant ? N’en attendions-nous pas plus ? C’est ce que nous allons voir dès à présent !
(Test de Atelier Ryza 2: Lost Legends & the Secret Fairy réalisé sur PS4/PS5 à partir d’une version fournie par l’éditeur)
Atelier Ryza 2 s’insère dans la parfaite continuité du premier opus
Les débuts d’Atelier Ryza 2 seront certainement un peu poussifs pour les joueurs ayant fait le premier opus, puisqu’on passe un moment à nous expliquer ce qu’il a pu se passer dans ce dernier. Cela va naturellement de pair avec la volonté d’ouvrir la licence au plus grand nombre, mais pour qui a fait le jeu précédent, cela ne fait qu’amplifier la sensation du retour au point de départ.
En effet, si Ryza et ses comparses terminaient logiquement l’aventure précédente en étant puissants comme des dieux après avoir vécu des aventures diverses, se retrouver à nouveau dans le premier champ venu pour tuer des moutons et des slimes apporte une sensation assez étrange au début de l’aventure. À faire un second opus avec les mêmes personnages, nous aurions bien aimé que l’aventure précédente ne soit pas balayée d’un revers de manche comme cela.
Nous débutons notre aventure avec une Ryza quittant enfin son île natale pour venir découvrir la vie à la capitale, et en bonne petite fermière, notre héroïne ne va pas tarder à comprendre que pour se faire une place ici, il va naturellement falloir s’adapter. Heureusement, dès notre arrivée nous allons retrouver de vieilles connaissances, dont le petit Tao devenu grand maintenant, qui vont pouvoir nous guider et nous faire découvrir les lieux un peu cool de la ville. À la manière d’un étudiant fraîchement débarqué, vous allez devoir vous installer, trouver un logement, prendre vos marques, et bien entendu trouver un petit job pour financer vos pintes du jeudi soir.
Globalement, l’histoire tient la route, mais manque cruellement de nouveaux personnages forts en termes d’impact narratif. Du côté des têtes connues là aussi, nous manquons un poil d’approfondissement et le jeu fait parfois un peu trop le minimum syndical à ce niveau. Les événements se laissent donc suivre sans problème, mais il manque une trame principale plus forte, qui pourrait alors consolider le tout et nous tenir plus en haleine, plutôt que de nous guider calmement sur un long fleuve tranquille.
Aussi, si l’histoire a peiné à nous emballer autant que dans le premier opus, c’est peut-être aussi parce que dans ce Atelier Ryza 2, nous y avons vu une sorte de version 1.5. De ce fait, si vous êtes sur le point de découvrir cet épisode en étant totalement vierge du premier, votre ressenti pourrait bien en être tout autre, et vous risqueriez au final de découvrir ce second opus avec le regard que nous avions en découvrant le premier.
Une fois lancé, on constate comme toujours un retard certain en ce qui concerne les graphismes, mais soyons clairs, cela n’a jamais été la force de la licence, et à l’instar d’un YS, nous sommes en-dessous des standards actuels. Pour autant, comme d’habitude, la direction artistique rattrape allègrement ce défaut en nous offrant des superbes décors variés et colorés.
Par contre ce qui nous a le plus embêtés, c’est l’instabilité du framerate, même sur PS5. On tourne alors autour des 30 FPS avec des chutes plus ou moins importantes, et c’est tout de même dommage d’avoir un jeu bénéficiant d’un côté d’une suppression totale des temps de chargement, mais d’une fluidité en dents de scie de l’autre. Sur une PS4 en fin de vie, on pouvait à la rigueur l’accepter sans trop rechigner, mais sur PS5, alors que l’on a des jeux comme God of War qui tournent en 4K/60 FPS, nous y arrivons de moins en moins.
Mais si la fluidité visuelle n’est malheureusement pas au rendez-vous, l’OST se place comme bien souvent à la perfection dans tous les compartiments de l’aventure, pour nous offrir un périple auditif à la saveur toujours aussi « feel good ». Sans faire de mauvais de jeu de mots, il n’y a absolument aucune fausse note concernant les musiques, un excellent point que cet épisode a su hériter du précédent, mais plus globalement de la licence en général, qui n’a que rarement déçu dans ce domaine.
Un combo alchimie/exploration très intuitif pour les nouveaux venus
Comme nous l’avons vu, même si l’histoire ne nous aura pas autant passionnés que dans le premier jeu, il ne faut pas pour autant croire qu’il n’y a rien à sauver ici. Dans Atelier Ryza 2 et comme dans tous les épisodes de cette licence, le gameplay a une place centrale qui donne toute sa saveur au jeu. Si dans un Persona, vous devez avoir un ratio de 70/30 en faveur des phases sociales, dans un Atelier, c’est plus ou moins le même ratio, mais en faveur des phases concernant l’alchimie, c’est dire si cet aspect à une importance significative dans le jeu.
De ce côté, on garde les bonnes bases d’Atelier Ryza tout en rendant le tout encore plus accessible et moins laborieux au niveau de la navigation dans les menus. L’alchimie vous servant à créer tout ce dont vous avez besoin, de vos outils de récolte à vos objets offensifs, en passant par vos différentes remèdes, il était important de rendre le procédé intuitif, mais surtout de faire en sorte que la progression se fasse de manière fluide. Pour vous résumer le plus simplement possible la boucle de gameplay concernant l’alchimie, voilà en gros comment vont se dérouler la plupart de vos sessions de jeu.
Dans un premier temps vous allez devoir choisir ce que vous voulez faire, suivre l’histoire ou réaliser des quêtes secondaires. Dans le deuxième cas, il n’y a rien de particulier, il s’agit bien souvent de quêtes Fedex permettant de se faire de l’argent, mais ce qui est agréable, c’est que si vous avez réalisé l’objectif ou que vous possédez les ressources demandées en amont, vous pourrez instantanément valider ces quêtes, ce qui fait gagner du temps si vous êtes du genre à farmer dès que vous êtes en extérieur.
Mais dans le cas où vous souhaitez suivre l’histoire, c’est là que la boucle devient intéressante et addictive, car tout est connecté. Vous avez un arbre de recettes d’alchimie qui se déverrouille grâce à des points que vous gagnez soit par les quêtes secondaires, soit surtout par la création alchimique. Dès que vous apprenez une nouvelle recette, vous mettez votre récent savoir à profit, ce qui vous fait gagner des points à dépenser pour apprendre d’autres recettes et ainsi de suite.
Sur le chemin de la récolte des ressources nécessaires, vous en profiterez pour faire avancer le scénario et c’est cet avancement qui vous permettra de débloquer certaines recettes clés, impératives pour continuer la progression, et au final, la boucle est bouclée.
Cette course vers l’avant qui vous incite constamment à aller récolter de nouvelles ressources et à explorer les différents environnements rend le jeu vraiment très addictif, et avec le passage sur PS5, cette impression s’en voit décuplée grâce à l’absence des temps de chargement. Le voyage rapide devient donc un voyage instantané, ce qui fait que tout ce que vous avez à faire n’est jamais freiné par un écran de 30 ou 40 secondes. Un confort auquel on s’habitue très vite, si bien qu’on se demande vraiment comment on pouvait supporter ça avant.
Une exploration qui manque d’ambition
Au niveau du système de combat, l’élément qui viendra apporter de l’action durant votre exploration, il y a eu là aussi une évolution légère depuis le premier opus, encore une fois dans le but de rendre les choses plus intuitives, ce qui pour le coup rime aussi un peu avec plus de facilité. Si les combats dans le premier opus nous avaient grandement séduits, ceux de Atelier Ryza 2 ont bien su conserver leur dynamisme en termes de visuel, mais sont malheureusement devenus un peu plus mous en termes de sensation.
Si vous avez joué au premier opus vous devez vous souvenir du niveau de Tactics, il s’agissait d’un élément qui porte bien son nom et qui vous permettait en accumulant des points (AP) via les attaques standards, de passer au niveau Tactics supérieur, et de changer la face d’un combat grâce à des actions utilisables uniquement dans ce niveau ou plus haut encore.
Mais cette composante tactique qui vous demandait une gestion manuelle de votre niveau Tactics a été remplacée par une montée de niveau automatique. Alors oui, dans un sens cela rend les combats plus dynamiques, et vous pouvez réaliser des actions plus impressionnantes sans même avoir à réfléchir, sauf que retour de bâton, les combats sont au final moins intéressants.
Enfin, nous terminerons en abordant un peu l’exploration. Il s’agit d’un élément important dans la licence, et Atelier Firis avait par ailleurs apporté de belles choses à ce niveau. Dans Atelier Ryza 2, Gust a voulu, encore une fois, rendre sa licence plus accessible, que le joueur s’éparpille moins, et qu’il passe plus de temps à jouer qu’à faire de la randonnée. Sur ce point précis, il est certain que les avis vont diverger, mais en ce qui nous concerne, nous avons surtout eu l’impression que le jeu se retrouvait les fesses entre deux chaises.
Atelier Ryza 2 a voulu mettre en avant un certain goût de l’aventure accompagné de phases d’explorations plus « fun » grâce notamment à la possibilité d’explorer des fonds marins, ou encore d’utiliser le fameux grappin qui se retrouve maintenant dans une flopée incroyable de jeux depuis quelques années. Mais là où il y a un hic, c’est que la façon dont les niveaux sont agencés ne met pas toujours très bien en valeur les nouvelles fonctions du jeu, sans parler du fait que les zones auraient vraiment gagné à être plus tortueuses et remplies de choses à découvrir.
Venant du premier opus, Atelier Ryza 2 n’aura pas vraiment réussi à nous surprendre, et cela en fait au final un peu le défaut de ses qualités. On se retrouve très clairement en terrain connu, ce qui nous replace directement dans cette ambiance que nous avions adorée par le passé. Cependant, en voulant contenter à la fois ceux ayant aimé le premier opus, et continuer d’inciter les nouveaux joueurs à découvrir la licence, on se retrouve avec un titre un tantinet maladroit.
On se retrouve donc avec un système de combat plus accessible, mais moins intéressant, un scénario qui prolonge l’aventure, mais sans forcément convaincre sur la longueur, et l’exploration manque au final légèrement d’ambition par rapport à ce que l’on aurait pu espérer.
Malgré tout, la formule a su garder cette capacité à se rendre parfaitement addictive et cela est bien évidemment dû à l’alchimie qui n’a à notre sens jamais été aussi agréable à expérimenter. Très bien calibrée, parfaitement intégrée dans la boucle globale de gameplay, l’alchimie sera très clairement ce pourquoi vous voudrez jouer à Atelier, mais surtout ce pourquoi vous reviendrez encore et encore sur le jeu.
Si dans notre cas, venant du premier opus, il nous a manqué un petit quelque chose pour faire d’Atelier Ryza 2 un excellent titre à l’instar de son aîné, il devrait cependant parfaitement convenir aux néophytes, et reste malgré tout un bon jeu quoi qu’il arrive. Mieux encore, il est certainement le titre parfait pour découvrir la série en douceur, en espérant que la suite garde le même cap tout en gagnant en ambition.