Apparu pour la première fois en 2012, lors de son annonce, Armello est un jeu de stratégie au tour-par-tour développé par les Australiens de League of Geeks. Sorti dans un premier temps en 2015 sur PC et PlayStation 4, le titre s’est rapidement vu porter sur Xbox One en 2016, pour les appareils iOS en mars 2018, et enfin sur téléphones Android et Nintendo Switch ce 27 septembre 2018. Et c’est bien cette dernière version qui nous intéresse aujourd’hui. Prêts à faire un tour dans le monde magique d’Armello et des jeux de plateau ?
Armello – L’histoire de la chute d’un roi et de l’avènement d’un successeur
Le liooooooon est mort ce soiiiiiiiiiiir !
Le prologue d’Armello vous plongera directement dans son scénario. Le roi est victime d’un mal ancien, le Déclin, lui faisant progressivement perdre la raison et le poussant à des décisions politiques toujours plus extrêmes. Les clans du royaume d’Armello, les Loups, les Rats, les Lapins et les Ours, conscients du mal qui ronge leur souverain, décident qu’il est temps de reprendre le flambeau et de mener le pays selon leurs propres règles. C’est ainsi que chaque héros se lance dans une course contre la montre pour renverser le monarque fou et instaurer son règne sur Armello.
Un game-design aux mécaniques bien pensées
Bien que le scénario d’Armello soit assez succinct, tout son intérêt réside dans ses mécaniques de jeu. Ainsi, lors du prologue, vous serez rapidement initié à chacune d’entre elles. En premier lieu, chaque partie se déroulera sur un terrain composé de cases hexagonales et quatre participants (joueurs ou IA) seront dispatchés dans chacun des coins de la zone de jeu. Viendra alors le début de la partie. Les tours de jeu seront répartis avec un cycle jour/nuit. Le jour, les personnages affectés par le Déclin (le roi l’est par défaut, mais les joueurs peuvent le devenir selon le déroulement de la partie) perdent un point de vie, et la nuit le Déclin du roi augmente (seulement pour lui, les joueurs augmentent leur Déclin différemment) et la magie des joueurs est restaurée.
Ainsi, tous les deux tours, le roi perdra un point de vie (PV), transformant le cycle en décompte avant la mort du souverain d’Armello (qui démarre par défaut avec neuf PV). Les héros devront donc se hâter de le renverser et, ils auront plusieurs façons de le faire. La victoire par Prestige consistera à accumuler le plus possible cette ressource (récoltée à l’accomplissement d’une quête ou à la mort d’un adversaire, joueur ou Fléau) pour qu’à la mort naturelle du roi, le personnage le plus prestigieux accède au trône. Notez cependant que lorsque votre personnage tombe K.O., il perd un point de prestige, il s’avérera donc nécessaire de bien jauger ses forces afin de ne pas trop se jeter dans la gueule du loup, sous peine de voir ses efforts réduits comme une peau de chagrin. De plus, être le joueur avec le plus de prestige vous donnera l’opportunité d’influencer les décisions du roi à chaque tour, vous laissant libre d’établir des stratégies plus ou moins handicapantes pour vos concurrents.
La victoire par Purification vous demandera de récupérer quatre Pierres d’Esprit, capables de purifier le mal qui ronge le roi et lui permettre ainsi de se défaire du Déclin qui l’habite. Ces artefacts pourront se trouver à l’issue des quêtes proposées aux héros (lorsque vous en terminez une, vous pourrez en choisir une nouvelle parmi une sélection de trois), ou bien dans les sanctuaires disséminés à travers la zone de jeu. Une fois les quatre Pierres d’Esprit en poche, il ne vous restera plus qu’à pénétrer le château du roi pour le purifier (plus simple à dire qu’à faire, croyez-nous).
La victoire par Déclin vous demandera de cumuler plus de Déclin que le roi avant d’aller le défier en duel. Si vous survivez à l’affrontement et parvenez à le terrasser, alors vous monterez sur le trône. Pour augmenter votre Déclin, il existera plusieurs moyens, certains sorts ou équipements vous feront augmenter votre jauge, mais perdre un combat face à une créature du Fléau (des grands corbeaux décharnés parcourus d’une énergie violacée) vous corrompra un peu plus. Une forme de victoire assez brutale mais qui vous demandera quand-même de jauger efficacement quand passer à l’attaque.
Enfin, la victoire au Combat vous demandera simplement d’abattre le roi et de survivre à l’affrontement (enfin, simplement… Tout est relatif, dirons-nous). Notez également que lors de la mort du roi, si le joueur qui l’affrontait décède aussi, alors le joueur avec le plus de Prestige remportera la victoire.
Quelques ficelles à savoir tirer
Parmi les armes mises à disposition du joueur, les cartes seront un atout de choix. Chaque personnage possède une valeur d’esprit qui lui permettra de disposer d’un certain nombre de cartes en mains (au début de chaque tour, vous pourrez piocher des cartes jusqu’à en avoir votre nombre maximum, n’ayez donc pas peur d’en jouer).
Les cartes piochées à chaque tour sont réparties en plusieurs catégories : Objets (majoritairement de l’équipement utile au combat, et quelques consommables de type potion), Magie (des sorts qui pourront vous aider dans diverses situations, de manières offensives ou défensives) et Ruses (utilisées pour piéger des cases, principalement). Vous pourrez piocher autant de cartes que vous le désirez dans la pile de votre choix, tant que votre main ne sera pas complète. Les Compagnons sont dans une catégorie de cartes séparée, puisqu’à l’instar des équipements, vous pourrez les associer à votre fiche de personnage, sauf que ceux-ci ne seront offerts qu’en récompense de quête, et comme les équipements, vous pourrez en équiper jusqu’à trois simultanément.
Enfin, un bon joueur se doit de composer efficacement avec le terrain sur lequel il évolue. Ainsi, certaines cases vous procureront des bonus/malus différents. Les forêts, par exemple, vous camoufleront pendant les phases nocturnes, alors que les montagnes vous fourniront plus de défenses en cas d’affrontement (il vous faudra quand-même deux PA pour les gravir, mais le jeu peut en valoir la chandelle), les marais saperont vos forces vitales (retirant un PV aux joueurs, sauf ceux atteints du Déclin) et les sanctuaires vous soigneront (d’un PV, sauf si vous êtes corrompu auquel cas vous subirez un point de dégât). Les colonies, quant à elles, vous permettront de vous remplir les poches (rapportant de l’or à chaque tour en fonction du nombre de colonies possédées); et les donjons seront source de bonheur, ou de malheur, en fonction de votre karma.
Le jeu de Dédé
Comme tout bon jeu de plateau qui se respecte, Armello réglera les conflits à grand renfort de lancers de dés à six faces (les rôlistes diront qu’il en existe d’autres, bien sûr, mais pas dans Armello). Chaque face d’un dé est différente, les épées donneront un point d’attaque, les boucliers un point de défense, les soleils et les lunes fourniront de l’attaque en fonction du cycle, les explosions de Wyst (l’énergie magique d’Armello) vous feront relancer leurs dés et les symboles du Déclin seront considérés comme nuls (sauf si vous êtes corrompus, ou que vous affrontez une créature du Fléau).
Vous l’aurez compris, défis et duels se régleront en accord avec votre karma (à noter que vous pourrez influencer certaines situations en sacrifiant des cartes pour vous octroyer une face bonus correspondant au symbole représenté dessus).
Conclusion d’Armello
Armello est un très bon représentant du jeu de plateau virtuel, proposant des parties toujours promptes aux rebondissements en tous genres grâce à ses mécaniques de jeu variées et d’une incroyable richesse. La direction artistique n’est pas non plus en reste avec ses superbes thèmes musicaux qui accompagneront parfaitement vos parties et les séquences animées prévues pour planter le décor lors du prologue.
Reste alors à voir le contenu global, et là, le verdict est plus mitigé. Proposant des parties en local, solo ou en multi et même des parties en ligne, il n’en est pas moins dommage de ne pas disposer d’un mode histoire qui permettrait de varier les situations et les objectifs ou de s’attacher aux héros présents dans le jeu. Bref, un excellent jeu de plateau et un portage bienvenu mais qui aurait mérité un peu plus d’approfondissement dans son contenu.