En tout début d’année 2018, AO International Tennis faisait son apparition en toute discrétion sur le continent océanien pour le lancement de l’Open d’Australie, l’un des 4 tournois du grand chelem dans le monde du tennis. D’abord réservé au continent océanien, le jeu réalisé par Big Ant nous est finalement parvenu il y a quelques semaines.
Lors de sa sortie, ce titre se ventant d’être une simulation tennistique, avait clairement refroidi les joueurs du monde entier, proposant quelque chose d’insipide, dépassé, et sans grand intérêt. Malgré cela, Big Ant n’a pas baissé les bras, nous sommes à l’heure actuelle à la 23ème mise à jour depuis janvier, et allons donc pouvoir vous proposer le test de la version la plus peaufinée à l’instant T.
Vendu comme une simulation de tennis, nous avons donc choisi de tester AO International Tennis comme une simulation. Le pari est-il réussi ? Voyons cela ensemble tout de suite.
AO International Tennis – Le tennis de retour sur consoles, et pourtant…
Second service
Il n’y a clairement pas de quoi se réjouir. D’accord le tennis est de retour et en tant que passionné par ce sport, le fait de l’évoquer est déjà agréable en soi, mais la désillusion est malheureusement survenue très tôt après le premier lancement du jeu. Le souci c’est que l’on s’attend à une simulation de tennis comme cela nous a été vendu, et qu’on se retrouve avec quelque chose de totalement différent. Mais commençons par le commencement avant de rentrer plus précisément dans les détails.
La première chose qui est à déplorer, c’est l’aspect général du jeu qui ne reflète absolument pas l’esprit du tournoi dont il porte le nom. Si vous êtes un peu familier du tennis, vous avez déjà dû entendre parler de l’ambiance si unique de l’Open d’Australie, souvent cité par les joueurs professionnels comme le tournoi le plus cool de l’année. Ce n’est pas pour rien après tout qu’on le surnomme « happy slam ». Cependant, en arrivant sur l’écran d’accueil de AO International Tennis, on se demande clairement où est passé le côté fun de ce grand chelem tant aimé des joueurs et du public. Interface austère, couleurs sombres, nous espérions qu’une fois en jeu les choses allaient s’améliorer, raté.
Graphiquement le jeu n’offre pas vraiment plus que ce que nous pouvions avoir en 2011 avec Top Spin 4, si ce n’est que le 1080p apporte une meilleure netteté à l’ensemble. On retiendra cependant que la fluidité est au rendez-vous de manière générale, même si nous avons noté quelques soucis de transition entre les points, mais cela reste un problème mineur qui ne gêne pas l’expérience de jeu, ça vous fera juste mal aux yeux de voir des cut-scene sauter maladroitement comme sur un mauvais montage vidéo. Les stades sont « propres », c’est passable, mais on aurait espéré un peu (pour ne pas dire beaucoup) mieux d’un jeu de tennis sortant en 2018. Il reste que Rafael Nadal est plutôt bien modélisé, on lui retrouve ses coups signatures et ses expressions, mais une bonne partie du budget a dû passer dans ce genre de détails plutôt que dans l’agrandissement du casting puisque ce dernier reste ultra famélique et nous n’y retrouvons presque aucun top joueur, que ce soit chez les hommes ou chez les femmes. Côté public, on ressent tout de même une certaine ambiance par moments, mais c’est surtout les modèles physiques qui sont complètement ratés, baveux, comme s’ils avaient tous une forme de lèpre avancée.
Cependant, ce que nous avons tout de suite constaté et qui constitue l’un des points forts du jeu, c’est son aspect communautaire permettant de créer à la fois des joueurs pouvant faire office de substituts aux professionnels manquants, mais aussi des stades, le tout pouvant être partagé en ligne. C’est tout de même intéressant pour les fans qui veulent incarner tel ou tel joueur, de savoir qu’il est possible de le créer de A à Z, ou de récupérer les créations des autres. Après en toute sincérité, la création de stade nous a laissé un peu hermétique vu que cela ne change rien au jeu en lui-même.
Simulation ratée pour résultat stéréotypé
Rentrons maintenant dans le vif du sujet, à savoir le gameplay, qui se devait d’être à la hauteur en termes de réalisme étant donné que nous sommes en face d’une simulation. Malheureusement AO International Tennis n’a vraiment pas réussi à nous convaincre, car il n’est ni une bonne simulation, ni un bon jeu d’arcade. Qu’est-il alors ? Eh bien justement, à ne s’inscrire dans aucun genre réel, il s’en trouve être tout simplement soporifique pour qui cherche du challenge et du réalisme.
Prenons l’exemple du jeu contre l’IA pour commencer. Nous avons réussi à battre n’importe quel joueur dans le plus haut mode de difficulté en moins d’une heure de prise en main. Comme se fait-ce ? Eh bien l’IA est tout simplement beaucoup trop prévisible en enchaînant des échanges stéréotypés en gauche/droite. Ne cherchez pas plus loin, la balle ira là ou vous ne vous trouvez pas, facile donc de savoir quoi faire et ainsi gagner très facilement. Le mode carrière perd donc pas mal d’intérêt à cause d’une IA aux fraises, et c’est sans parler de son aspect complètement impersonnel, avec encore une fois des menus fades sous forme de boîtes de texte.
En mode online, vous aurez enfin un peu plus de challenge puisque vous jouerez contre des joueurs de tous genres, et c’est là que vous commencerez à prendre un peu de plaisir. Mais si vous y trouverez le plaisir grisant de la compétition, vous devrez aussi faire avec les bugs en tous genres, allant des points accordés à l’adversaire alors que sa balle était confirmée faute par le jeu. Le plaisir de jeu, pour notre part, a aussi été rapidement désamorcé par un gameplay ne laissant pas de place à la créativité inhérente au tennis. Il n’est ici pas possible de changer la direction de votre frappe au dernier moment, donc autant dire que vous verrez peu de contre-pieds. Les jeux de services quant à eux se transforment souvent en bataille d’ace à cause d’un service extérieur rendu beaucoup trop « cheaté » et irréaliste. De plus, nous n’avons pas vraiment vu de différence entre les coups (lift, plat, slice), la faute à une physique de balle ressemblant à tout sauf à de la simulation. Pour en finir sur les points négatifs, un classement online existe, mais n’est tellement pas mis en avant qu’on se demande à quoi il sert. De ce fait jouer en ligne perd énormément de sa saveur.
Enfin, tout n’est pas à jeter, et il faut juste se demander pourquoi vous voulez acquérir un jeu de tennis. Si vous rechercher la simulation, vous l’aurez compris, ce jeu n’est clairement pas fait pour vous, et vous subirez une énorme frustration de ne pas pouvoir contrôler le jeu comme vous devriez pouvoir le faire. Par contre, si vous recherchez juste un petit jeu de tennis pour faire quelques matchs avec des amis, ou juste vous faire une partie pendant l’été car Roland Garros vous donne envie de jouer, alors ce jeu pourrait être fait pour vous.
Le gameplay, bien que loin d’une simulation, s’avère agréable dans l’absolu, et vous permettra de tout de suite mettre la balle près des lignes et de réaliser des coups gagnants grâce au coup puissant récemment ajouté par le biais d’une mise à jour. Ce dernier permet d’éviter les échanges interminables et de faire la part belle au jeu spectacle.
Conclusion AO International Tennis
Vendu comme une simulation, AO International Tennis n’en est finalement pas une. Cela pourrait en partie être « pardonné » si le gameplay était excellent dans son style, et que le jeu avait tout un tas de bons à-côtés à nous offrir. Comme vous l’aurez deviné, ce n’est pas le cas, le jeu souffre d’un gameplay aux bases intéressantes, mais la physique de balle casse tout réalisme, les bugs sont vraiment énervants, et cela aboutit à du jeu beau à regarder, mais un peu ennuyeux à jouer, voir frustrant pour les plus exigeants. Cependant, faisant la part belle aux coups gagnants « faciles », si vous recherchez un jeu rapide à prendre en main, c’est banco ! Pas si beau que ça, d’un point de vu technique, l’effort d’une direction artistique en accord avec le style fun et coloré de l’Open d’Australie n’a même pas été fait. Rien n’est fait ici pour vous donner envie de rester, c’est bien dommage, car le système de création de personnages/stades apportait un vrai plus. On pourrait vous conseiller ce jeu si vous n’êtes pas trop exigeant et que votre but est de juste faire quelques matchs de temps en temps histoire de vous détendre, surtout si vous êtes fan du Grand Chelem australien, vous pourrez au moins participer au tournoi via le mode éponyme. Si vous le trouvez à petit prix, pourquoi pas.