Série de gestion/stratégie exclusive au PC et appréciée des fans depuis plus de 20 ans, Anno a toujours su se faire remarquer de part ses qualités, que ce soit auprès des aficionados de longue date ou du néophyte du genre. Pourtant, après plusieurs épisodes futuristes manquant de piquant malgré leur base solide, les développeurs du studio Blue Byte ont opté pour un retour aux sources.
Se voulant la suite tant attendue d’Anno 1404 (aujourd’hui encore considéré comme le meilleur opus de la licence par les fans), Anno 1800 parviendra-t-il à se hisser à la hauteur de son aîné ?
Anno 1800 – De la colonie à l’empire
Premiers pas sur une nouvelle terre
Comme dit précédemment, Anno 1800 est un city builder nous mettant dans la peau d’un dirigeant de colonie dont le but est de faire grandir celle-ci pour en faire une puissance économique incontournable du 19ème siècle. En effet, les récentes découvertes en matière de technologie et d’industrie permettent une expansion plus rapide des territoires et il serait dommage de ne pas en profiter.
C’est donc la tête pleine d’ambitions et de désirs de richesse que nous entrons dans le jeu. Mais ne peut pas gérer une ville qui veut, et pour apprendre les ficelles du métier, la campagne faisant office de tutoriel sera là pour vous aider. Ce qui nous frappe d’abord, pour un jeu du genre, c’est la beauté de ses graphismes : plus que travaillés et détaillés pour un jeu de gestion, on prendra facilement plusieurs secondes durant notre partie afin de profiter du Mode Photo implémenté dans le jeu simplement pour admirer un paysage reposant ou pour immortaliser l’inauguration d’un tout nouveau bâtiment de notre colonie.
Il faudra cependant avoir une bonne configuration pour profiter des graphismes au maximum sans ralentissements en fin de partie. La bande-son du jeu nous plonge quant à elle totalement dans l’ambiance de l’époque et, si elle n’est pas inoubliable, nous propose au moins de la musique variée et immersive.
Malheureusement, si le mode Campagne est là dans le but de vous apprendre à jouer, il est cependant avare en aide : un habitué de la série saura facilement s’y retrouver, mais il sera difficile pour un nouveau joueur découvrant Anno de se repérer dans toutes les informations données en début de jeu et il faudra alors essayer, rater, voire expérimenter des choses pour bien tout comprendre.
Passée cette étape assez courte mais néanmoins désagréable, on se rend vite compte de la richesse du gameplay proposé par Anno 1800, qui est d’une profondeur hors norme : en effet, vous devrez quasiment tout gérer, que ce soit la gestion de vos finances, la production pour satisfaire les différents besoins de vos habitants, la pollution de vos usines qui rend les conditions de vie plus difficiles, ou encore la création d’une flotte destinée à combattre des pirates…
Vous n’aurez pas le temps de vous ennuyer tant vous aurez toujours quelque chose à construire ou un problème à résoudre. Il faudra cependant prendre les bonnes décisions pour que les citoyens soient heureux et donc éviter les émeutes et autres pamphlets dans le journal, ce dernier pourra d’ailleurs être modifié à des fins de propagande, mais attention aux retours de bâton et à votre réputation.
Cependant, ne comptez pas vous reposer sur vos lauriers une fois avoir atteint une économie stable : ce n’est pas comme cela que votre village rayonnera sur le monde. Afin de vous orienter sur de nouveaux objectifs, Anno 1800 installera au fil de votre avancée une sorte de cercle vertueux vous obligeant à toujours étendre vos frontières : les villageois ont plus ou moins de besoins en fonction de leur statut social, et plus vous aurez de nouveaux arrivants dans votre colonie, plus vous devrez combler leurs désirs.
C’est alors qu’il faudra mettre en place les installations nécessaires pour subvenir aux besoins de vos citoyens en étendant votre territoire. Mais que faire lorsqu’une ressource demandée n’est pas située sur votre île ? C’est là que les mécaniques d’exploration d’Anno 1800 se dévoilent…
Jongler avec exploration et diplomatie
En effet, il arrivera toujours un moment où votre île ne suffira plus pour combler les besoins de votre population, que ce soit à cause d’une pénurie de places ou de l’absence d’une ressource nécessaire. Ainsi, il vous sera demandé de prendre un bateau et de partir explorer les mers aux alentours à la recherche de nouvelles terres à coloniser. Le titre nous proposera plus tard de fonder une nouvelle colonie dans le Nouveau Monde, en Amérique du Sud, que l’on pourra mettre en place grâce aux Expéditions ; un système s’éloignant légèrement de la gestion pure que proposait alors Anno 1800 au profit d’une forme plus narrative : pour accomplir une expédition, il faut d’abord envoyer un bateau (que l’on aura au préalable équipé pour le trajet) à la destination choisie.
Une fois l’embarcation arrivée à bon port, le compte rendu se fera via un récit narratif à choix multiples racontant les aventures de vos marins ; à vous de faire les bons choix pour éviter de tout recommencer. Mais ne vous attendez pas à être seul à la recherche de ces précieuses parcelles de terre : d’autres dirigeants sont dans la course. Il faudra donc soigner vos relations (c’est à dire accepter des traités ou accomplir des quêtes que vous donneront les autres dirigeants) pour non seulement mettre la main sur de nouveaux clients avec lesquels commercer, mais aussi sur de potentiels alliés qui vous aideront dans les conflits.
On notera cependant un manque d’intérêt ou une répétitivité croissante des quêtes proposés par les PNJ qui se résumeront pour la plupart d’entre elles à livrer une quantité donnée de ressources, à livrer une bataille ou à récupérer plusieurs objets perdus en mer.
Attention cependant, si vous pouvez bien évidemment faire la guerre à vos voisins, cette option ne sera véritablement utile qu’en dernier recours : les accords commerciaux et les alliances rapportant bien plus à long terme qu’une bataille. Si la guerre est néanmoins inévitable, nous ne passerons malheureusement pas à côté d’un système de combat ayant beaucoup de mal à se diversifier ainsi que de proposer des affrontements purement tactiques. La plupart du temps, celui possédant le plus grand nombre de navires remporte ladite bataille, rendant rapidement les combats inintéressants.
On détruit tout et on recommence
Rassurez-vous, la campagne ne sera pas la seule source de divertissement dans Anno 1800 : en effet, un mode multijoueur est là pour vous tenir en haleine pendant des heures après votre première partie, permettant à un maximum de quatre joueurs de construire leur ville simultanément. Bien pensés, les différents choix pour paramétrer sont légion : nous pouvons non seulement modifier les conditions de victoire (s’il faut atteindre un nombre défini d’habitants ou un montant spécifique pour notre trésorerie, etc…), mais aussi les ressources disponibles au début de la partie, ou encore les factions présentes sur la carte pendant la partie.
Les différents modes de jeu (allant de l’Alliance en 2v2 au classique Chacun pour soi) permettent de s’essayer à différentes façons de jouer aussi bien avec des amis que des compagnons de jeu rencontrés en matchmaking ; la possibilité de compléter les places inutilisées par les joueurs par des IA est quant à elle très bienvenue. Un mode Partie Rapide (allant de deux à quatre joueurs) est disponible pour les impatients cherchant des conditions de victoires basiques.
Les joueurs solitaires ne seront cependant pas laissés de côté puisque un mode Bac à Sable (comprenant les même fonctionnalités de paramétrages qu’en multijoueur) est disponible pour les joueurs voulant simplement construire une petite colonie tranquillement ou au contraire ceux cherchant à tout prix le challenge au travers d’une course à l’efficacité contre une IA surboostée. Les possibilités de variantes ajoutent donc de nombreuses heures d’amusement et il ne sera pas rare de recommencer la construction d’une ville sous différentes variables afin de tester de nouvelles choses.
Si Anno 1800 n’est pas exempt de quelques défauts (notamment une certaine répétitivité dans les quêtes proposées ou ses combats à revoir), on ne peut que saluer le travail remarquable accompli par les développeurs de Blue Byte pour proposer à la fois un gameplay accessible aux néophytes du genre (quelques difficultés sont néanmoins à prévoir au début) sans pour autant le casualiser, ce qui plaira aux fans de longue date. Construire une colonie à partir de rien est très addictif et les heures défilent rapidement sans que l’on ne s’en rende compte. Anno 1800 est donc le digne successeur de l’épisode 1404 et pourrait bien devenir un incontournable pour tous les amateurs de city builders.