Bien entendu, on ne va pas ici se plaindre de la fin du confinement. Mais il faut bien avouer qu’écrire ce test en période confinée nous aurait bien aidés, tant le thème du jeu peut y faire écho. C’est même, à vrai dire, notre propre situation de confinement qui nous avait donné envie de nous essayer à A Fold Apart.
Malheureusement (ou heureusement, selon le point de vue), nous avons reçu le jeu une fois le confinement levé. Exit donc les envolées lyriques et le parallèle avec l’exil social, reste à nous concentrer sur ce puzzle game indépendant qu’est A Fold Apart.
(Test de A Fold Apart réalisé sur PC via une copie du jeu fournie par l’éditeur)
Ne m’ou-plie pas !
To fold en anglais signifie plier. Et le Fold du titre, ici, signifie donc pliage, qui sera la mécanique principale de ce puzzle game. Le jeu est développé par Lightning Rod Games, studio dont c’est le premier jeu, mais fondé par de vieux briscards de l’industrie. Il raconte la situation difficile d’un couple obligé de vivre leur histoire à distance, Monsieur, architecte de son état, s’étant vu proposer un projet difficile à refuser, mais l’obligeant à déménager loin de sa bien-aimée. Cette dernière n’imaginant pas quitter sa bien-aimée campagne pour tout l’or du monde.
On le soulignait en intro, cette idée de séparation subie et de relation à distance faisait, à l’annonce du jeu, terriblement écho à la situation que beaucoup d’entre nous ont vécue ces derniers mois. Une situation finalement bienheureusement arrivée à son terme.
Quand deux individus se trouvent à deux points opposés de la carte, il serait si simple de plier cette carte en deux pour leur permettre de se rejoindre… C’est plus ou moins le principe du jeu. La situation difficile que vit le couple est matérialisée par un parcours semé d’embûches (la métaphore prend ici véritablement corps), et nous allons les aider à progresser chacun de leur côté, en espérant qu’ils puissent enfin se retrouver.
Plie to play
Concrètement, le jeu s’organise en tableaux de puzzle-platformer a priori assez classiques, si ce n’est que ces tableaux ont un recto, et un verso ! On peut ainsi retourner l’écran comme on retournerait une feuille, mais aussi, et surtout, plier cette feuille pour faire correspondre des éléments et construire un parcours praticable par le petit personnage. Bien que racontant une histoire de couple, qui pourrait d’emblée faire penser à un titre comme Degrees of Separations, A Fold Apart est un jeu solo, et on incarnera les deux personnages tour à tour.
Basiquement, imaginons que le personnage se trouve sur une plateforme située à gauche de l’écran mais ne se prolongeant que sur la moitié de celui-ci, empêchant le héros d’avancer plus loin. La même plateforme se trouvant également de l’autre côté de l’écran/de la page, il suffira de rabattre la partie droite de l’écran pour faire apparaître la plateforme située au verso, et la faire correspondre avec celle du recto.
À cette mécanique basique représentant l’essentiel du gameplay viendront s’ajouter progressivement des mécaniques complémentaires permettant de diversifier les puzzles et d’éviter que le jeu ne devienne trop vite répétitif. Ainsi, en pliant puis dépliant une page, on pourra faire passer le personnage de l’autre côté de l’écran. Puis, on pourra plier les coins, faire pivoter la page…
Malheureusement, l’implémentation de ces nouvelles mécaniques correspond trop évidemment aux solutions des puzzles. Ainsi, au moment d’ajouter la possibilité de plier les coins, la solution des puzzles suivants tournera toujours autour du fait de… plier les coins !
Mauvais pli
De manière générale, le jeu n’est vraiment pas difficile. Si au début, on réussit un peu à la chance, en testant des manipulations un peu au hasard, on comprend très rapidement ce que le titre attend de nous, et peu (voire pas) de puzzles ne résistent bien longtemps. On aurait aimé l’ajout de niveaux, peut-être facultatifs pour ne pas entraver la progression et la narration, mais représentant de vrais défis.
Et ce n’est pas, hélas, le seul défaut du jeu. Son esthétique minimaliste en low-poly évite l’écueil du pixel art, et c’est un très bon point. Les personnages sont tout mignons, avec cet architecte qui ressemble à la version trentenaire du vieux monsieur du film Là-haut. Cependant, les décors sont vraiment au service minimum. Le jeu est muet, la narration se faisant uniquement par lignes de textes, magnifiquement intégrées aux tableaux. Hélas, le sujet se prête à toutes les mièvreries, et autres choix multiples superfétatoires (on doit notamment répondre à un message par, au choix, « très intéressant » ou « passionnant »…) et on se sent ralenti par les phases narratives plus qu’on ne prend de plaisir à les suivre.
D’autant que l’histoire souffre de tropismes pas forcément très à leur place en 2020. Monsieur, évoluant dans un environnement dominé par le bleu, va travailler, pendant que Madame, qui évolue elle dans les tons roses, l’attend sagement au village. On aura connu plus progressiste. On ne saisit pas non plus exactement le lien qui existe entre cette histoire, et la mécanique de gameplay qui fait se superposer différentes feuilles… On avance dans le jeu avec la vague impression que les développeurs ont eu une idée plutôt originale, sans savoir trop quoi faire avec…
À vrai dire, on a parcouru A Fold Apart avec en tête l’idée que le titre avait quelques qualités, mais surtout les défauts d’un jeu Apple Arcade… Sans savoir que c’était en effet un titre présent au catalogue du service à la Pomme ! Sympathique à parcourir, pas dénué de bonnes idées, le jeu, comme souvent avec les titres liés à Apple, est modeste, facile, et assez court.
Comptez trois petites heures pour le boucler. Et ce qui peut s’apprécier au milieu d’autre jeux dans le cadre d’un abonnement à 5€ passe moins bien facturé au prix fort de 16€.