Nintendo, ou l’art de mettre en place sa stratégie de vente de jeux via les DLC de Super Smash Bros. Ultimate.
Suite au Nintendo Direct du 5 septembre, Masahiro Sakurai, entre deux liftings, nous a noyé sous les nouvelles annonces de DLC pour Super Smash Bros. Ultimate. En effet, entre la sortie directe de Banjo et Kazooie, avec en sus des tracks remises au goût du jour par maître Grant Kirkhope lui-même, la confirmation de Terry Bogard, véritable icône de Fatal Fury, et l’annonce d’une deuxième fournée de DLC, on en a eu pour notre argent.
Outre le plaisir de retrouver nos héros d’enfance en version 2.0 pour aller taper de la mascotte JV, il faut reconnaître à Nintendo l’art de la stratégie pour ses consoles. Car si de prime abord les nouveaux personnages apparaissent comme de simples bonnes idées, elles sont, à notre sens, bien plus importantes que cela pour l’avenir de la console.
Tout d’abord, le choix des différents personnages n’a jamais été innocent, car il a toujours suivi une trame marketing, mais pas tous pour les mêmes raisons, puisqu’on distingue généralement deux types de personnages : ceux pour le fan-service, et ceux pour servir de vitrine à des jeux qui arriveront sur des consoles de Nintendo.
Pour la création de Brawl, Nintendo arrive à un point où une partie importante de ses icônes ont déjà été intégrées au jeu, et afin de faire parler du soft au-delà de la sphère des fans de Big N, ils n’ont pas eu d’autre choix que d’aller chercher les icônes d’autres constructeurs. Tout d’abord en incluant Sonic, véritable égérie SEGA de la guerre des consoles des années 80-90, déjà en lien avec Nintendo depuis quelques années, mais aussi et surtout en intégrant Snake, de Metal Gear Solid, grosse surprise, prouvant que n’importe quelle légende du JV y a sa place. Ce dernier amorçant de plus l’évolution de Super Smash Bros. de simple jeu de baston Nintendoesque a véritable crossover/musée vivant du JV. Il s’agit ici d’une petite révolution, surtout lorsque l’on connaît la prudence du géant japonais sur l’inclusion et le partage de ses franchises phares.
Face au succès de ces deux invités surprises, Nintendo a donc récidivé plusieurs fois, en ajoutant par exemple Pac-Man au roster, mais aussi Bayonetta, basculant la stratégie de DLC pour la série des Smash Bros. vers une version 2.0. Si l’adorable boule jaune croqueuse de fantôme ne fait pas débat au sein du panthéon vidéoludique, la chasseuse de démons, elle, est ici pour une autre raison : servir à la fois de vitrine pour les fans de Nintendo, afin de booster la vente des Bayonetta sur Wii U, mais aussi représenter une porte d’entrée pour les fans du beat’em up et ainsi découvrir l’univers de Mario et cie.
Dans Super Smash Bros. Ultimate, vous pouvez d’ores et déjà constater la véracité de cette théorie, avec l’arrivée de Hero, mascotte des Dragon Quest, certes disponibles sur les consoles Nintendo depuis belle lurette, mais n’ayant jamais réalisé de gros scores en dehors de l’archipel japonais. C’est donc pour « séduire » les occidentaux que Hero aurait vraisemblablement été intégré au roster du jeu.
Quid de Joker, icône de Persona 5 ? Au delà de séduire la fan-base de Sony et de J-RPG, la technique reste la même, car cela semble très probable que Persona 5 soit adapté sur Switch, pour preuve une interview où l’un des patrons du studio Atlus (responsable du développement des Persona), Naoto Hiraoka, annonce « voir la Nintendo Switch comme une excellente plateforme pour développer des jeux ». Une belle publicité pour le jeu qui d’un certain côté « Nintendo-ise » le personnage de Joker, afin que les fans de Switch considèrent le jeu à venir comme un jeu estampillé Big N, faisant « partie de la famille » puisque présent sur SSBU.
Banjo et Kazooie, quant à eux, sont un cas très particulier. Si vous regardez l’ensemble du roster de Super Smash Bros. Ultimate, vous constaterez que notre ours et son partenaire sont les seuls personnages venant d’un studio non-japonais. L’ajout de ce DLC est donc plus à même d’être ranger dans les deux cases, puisqu’il représente un des jeux phares de la N64, et donc par conséquent mérite sa place au panthéon de Saint-Nintendo, mais aussi par la possibilité (certes peu probable) d’une adaptation de Banjo-Kazooie (et Tooie) sur Switch. Ce nouveau DLC serait donc à la fois du fan-service de bon aloi et un (r)appel du pied pour les plus jeunes peu susceptibles de connaître l’une des créations de Rare en vue d’une sortie sur console (#Money).
Autre DLC Super Smash Bros. Ultimate annoncé, Terry Bogard, membre à part entière du légendaire concurrent SNK, entre clairement dans la case fan-service (qui je rappelle, n’est pas forcément un terme péjoratif), permettant aux amoureux des classiques de la Neo-Geo de profiter de ce musée vivant qu’est devenu le jeu de baston de Nintendo.
Parlons maintenant du futur. Comment pouvons-nous deviner les prochains personnages à sortir en tant que DLC pour Super Smash Bros. Ultimate ? Comme dit plus haut, l’on distingue deux catégories : le fan-service orienté, et la promotion de titres à venir sur Switch. Ajoutons à cela la tendance qu’a Nintendo à sélectionner des partenaires nippons, et jetons un œil pour voir ce qui en ressort.
Dans la première catégorie, trois personnages semblent plus crédibles que tous les autres : Waluigi, adulé par la communauté, est un des rares membres du club Nintendo à ne pas pouvoir torgnoler ses camarades de jeu, et il est sans doute l’un des prétendants les plus crédibles à arriver en tant que DLC, toutefois, son move pool a l’air d’être un sacré casse-tête pour les développeurs puisqu’il n’y a pas l’air d’y avoir d’autres raisons à son absence. Vient ensuite Rayman, qui certes ne répond pas au critère « personnage nippon », mais Ubisoft étant un peu le Rare 2.0 en termes de collaboration avec Big N, le héros français pourrait bien être de la partie tel un Banjo-Kazooie, tout en favorisant l’entente entre les deux géants du JV.
De plus, Rayman possède un univers riche, laissant un très large choix pour la création d’un stage et le choix des tracks. Et last but not least, un personnage sorti tout droit de Streets of Rage, véritable classique de chez SEGA, la sortie du 4ème opus de ce beat’em up pourrait bien être l’occasion de faire débarquer l’un de ses protagonistes en tant que DLC pour Super Smash Bros. Ultimate, et définitivement rassembler tous les héros des années 80/90 sur le soft.
Dans l’entre-deux résident deux sérieux candidats : Crash Bandicoot et Spyro. Deux icônes de l’époque PS1 qui ont leur place au panthéon du jeu vidéo et qui ont déjà une patte dans la Switch avec des adaptations déjà sorties sur la console. Seul bémol, Nintendo travaille très peu avec Naughty Dog qui est généralement le partenaire exclusif de Sony, ce qui compliquerait peut-être la chose. De plus, cela pourrait retirer quelques bonnes billes pour Sony dans le cas d’une suite pour son propre jeu de combat cross-universe.
Dans la seconde catégorie, beaucoup plus de choix s’offrent à nous, et nous avons choisi d’en garder trois : Chris Redfield de Resident Evil, un Chasseur de Monster Hunter, et un Digimon.
Pour le premier cela serait cohérent puisqu’il est tout droit sorti d’un studio nippon, et que la franchise, en plus d’être culte, s’est offert quelques portages de qualité chez Nintendo, toutefois, l’ami Chris est déjà apparu sur le concurrent de Smash Bros. chez Sony, le bien nommé PlayStation All-Stars Battle Royale, dont un deuxième épisode pourrait sortir sur PlayStation 5. Ce qui, s’il n’empêche pas l’arrivée d’un autre protagoniste de la franchise d’horreur, pourrait compliquer le venue du héros chez Nintendo.
Ensuite vient Le Chasseur, héros aux multiples facettes venant tout droit de Monster Hunter, qui est plus que crédible car la série est un véritable phénomène de société au Japon, et cela ne paraîtrait pas insensé de retrouver un chasseur en tant que DLC pour Super Smash Bros. Ultimate. D’autant plus que certains boss et esprits y sont déjà présents. La versatilité du personnage faciliterait sans doute la tâche pour un move pool de qualité.
Et pour finir, un Digimon. Réalisant ainsi le rêve de tout gamin de la deuxième partie des années 90, faire combattre un Pokémon contre un Digimon (le Pokémon gagne évidemment). Vous êtes en droit d’être surpris de ne pas le trouver dans la case fan-service, et à vrai dire, c’est surtout parce qu’il s’agit avant tout d’un univers médiatique au sens large, et non (à l’inverse de Pokémon) d’un jeu vidéo (et de facto, pas « culte » au sens JV), qu’il se retrouve ici. En outre, un nouveau jeu Digimon étant prévu pour 2020, et histoire de rappeler à la jeune génération qu’à l’époque nos smartphones servaient à faire évoluer des bestioles bizarres, faire arriver une icône de la série comme Agumon ne serait pas illogique.
Comme toujours, les débats sont ouverts, et on prend les paris en commentaires ! N’hésitez pas à laisser le vôtre, avec vos raisons, c’est toujours intéressant pour nous. Et cadeau pour la fin, un tweet avec un faux leak hilarant de l’arrivée de Toad dans le roster de Smash Bros.
https://twitter.com/ablagounette/status/1169847369224998918?s=21