On ne va pas se le cacher, l’annonce qui suit ne nous a pas surpris, même si elle va sans aucun doute faire couler beaucoup d’encre et surtout conditionner en partie l’année de Microsoft et de sa marque Xbox. Si on savait déjà que S.T.A.L.K.E.R 2 avait très peu de chances de sortir en 2022, puisque repoussé indéfiniment à cause de la guerre en Ukraine, on ne savait par contre pas ce qu’il en serait des jeux estampillés Bethesda. Starfield et Redfall, tout comme Forza 8, étaient donc les trois AAA exclusifs restant sur le listing de sortie 2022 du côté de chez Xbox et donc les derniers espoirs de bonheur à gros budget pour nombre de joueurs.
Oui, mais voilà, comme on pouvait logiquement s’y attendre, ne serait-ce que parce que Bethesda s’est fait coutume de repousser les dates de sortie de ses jeux, Redfall et Starfield se sont donc vus reportés à 2023 (vraisemblablement avant la fin de l’année fiscale) via un simple communiqué qui faisait état des raisons habituelles pour ce genre d’annonce. À savoir vouloir offrir aux joueurs la meilleure expérience possible et donc donner plus de temps aux équipes de développement pour peaufiner leurs prochains titres. Si la raison reste noble, difficile de croire que Microsoft ait accueilli la nouvelle avec enthousiasme. Mais l’industrie étant toujours traumatisée par l’épisode Cyberpunk 2077, on ne voit pas la firme de Redmond faire le forcing pour sortir au moins l’un des deux jeux en temps et en heure, en prenant le risque d’une grosse déconvenue.
On se retrouve donc globalement dans une situation que les joueurs Xbox connaissent bien, puisque comme à l’époque de notre bonne vieille Xbox One, l’année en cours est quasiment vierge en exclusivités AAA. Rappelons que ce fut là l’une des causes de l’hégémonie de la PlayStation 4 durant la génération précédente et que promesse a été faite aux aficionados de la marque que jamais plus une telle disette n’aurait lieu, Phil Spencer avouant même il y a peu de temps encore que Microsoft accusait toujours un retard vis-à-vis de la concurrence sur ce point précis. C’est d’autant plus vrai que si Forza 8 se voyait lui aussi repoussé, on aurait alors le droit à une année 2022 assez médiocre de la part des Xbox Game Studios, après un exercice 2021 plus que convenable.
Cependant, si l’image de Microsoft risque d’en prendre un coup, surtout auprès des joueurs ne jurant que par les exclusivités, il est certain que l’entreprise ne mise pas tout sur la sortie de ses jeux first party, au contraire de Sony qui est stratégiquement à l’opposé de son concurrent direct. Alors que les Américains travaillent avant tout sur leur offre-service, le Game Pass, pour s’installer progressivement dans chaque foyer et sur différents dispositifs (smartphone, TV, etc.) via le cloud ; les Japonais, eux, veulent maximiser la vente de jeux et de hardware. Et c’est justement cette différence majeure de stratégie qui permet à Xbox de garder la tête hors de l’eau malgré un manque cruel de AAA exclusifs cette année.
Le Game Pass est effectivement continuellement en plein essor et propose toujours plus de jeux, aussi bien des titres indépendants que AAA, third party comme first party. Nul doute alors qu’en l’absence de sortie majeure, le géant américain va toujours plus miser sur son service et proposer de gros jeux d’éditeurs tiers dans son catalogue avec pourquoi pas même des sorties day-one pour certains d’entre eux (A Plague Tale 2 étant même déjà de la partie). Commercialement, les ventes de consoles Xbox sont d’ailleurs très bonnes (surpassant même celles de la PS5 en Europe début 2022), surtout en prenant en compte les pénuries actuelles, et le Game Pass a dépassé les 25 millions d’abonnés en 2022.
Alors certes, ces deux derniers reports vont probablement peser dans la balance commerciale de la firme cette année, mais pas au point de tout remettre en question et surtout pas au point de dégoûter les joueurs comme cela a pu être le cas sur la génération précédente. L’offre Game Pass est solide, tient ses promesses, les tiers sont ravis d’y proposer leurs jeux et s’y retrouvent financièrement, et les utilisateurs prennent leur pied, pouvant par la même occasion découvrir des titres auxquels ils n’auraient même pas prêté attention sans leur présence sur le catalogue.
Et si tout n’est pas parfait et que cette nouvelle manière de consommer des jeux vidéo peut aussi être critiquable par bien des aspects, force est de constater aujourd’hui que le Game Pass est entré dans les mœurs, à tel point que l’on croirait qu’il a toujours existé. Les reports de Starfield et de Redfall nous chagrinent, parce qu’étant joueurs avant tout, ce que nous voulons, c’est vivre des expériences uniques, originales et incroyables, mais on ne s’en fait pas trop pour Microsoft, ses Xbox et son service.
Aussi parce que le géant de l’informatique continue d’étudier toujours plus de nouvelles pistes pour élargir son offre avec le développement du « play everywhere », du cloud, de même que son intention de briser les barrières entre support physique et dématérialisé, comme en témoigne le dernier brevet déposé. En supposant que ce dernier aboutisse sur quelque chose, mais au vu de la stratégie de MS, on est plutôt confiant.
Il s’agirait d’un lecteur externe permettant de lire les jeux physiques et de les télécharger directement sur notre compte, nous permettant alors d’en profiter sans la galette sur n’importe quel dispositif Xbox. Si cela soulève des questions, nombreuses, l’idée est bonne et en totale adéquation avec la vision d’avenir de Microsoft.
Dernière chose : attendons un peu de voir ce que nous réserve la future conférence Xbox & Bethesda Games Showcase 2022 prévue pour le 12 juin prochain avant de tirer des conclusions sur l’année vidéoludique de Microsoft, car nous ne sommes jamais à l’abri de surprises et franchement, on en demande, car cette nouvelle génération de consoles est encore en pleine phase de rodage et peine à décoller.