Le mois de juin approche et avec lui l’E3 que nous attendons tous avec impatience. Annulé l’an dernier en raison des conditions sanitaires, il aura bel et bien lieu cette année sous un nouveau format : il sera intégralement numérique. S’il est le rendez-vous incontournable de la plupart des blockbusters, nous y trouvons également plein de jeux indés qui en valent aussi la peine. Ces derniers sont d’ailleurs nommés à des tonnes de prix et en raflent souvent. C’est le cas de Spiritfarer qui, depuis son lancement en août 2020, s’est vendu à plus de 500 000 copies dans le monde (toutes plateformes confondues), a été nominé aux Game Awards, DICE Awards et BAFTA Game Awards, et obtenus trois récompenses lors des Prix du jeu canadien.
Rappelons que Spiritfarer est le troisième jeu du studio Thunder Lotus Games, et ce « petit » chef-d’œuvre aborde un sujet parfois difficile, à savoir le processus du deuil. Dans ce jeu de gestion/sandbox, vous incarnez Stella, une passeuse d’âme. Votre but est de prendre soin des âmes sur votre bateau afin qu’elles se sentent suffisamment heureuses pour vous réclamer un dernier voyage et « passer de l’autre côté ».
Pour ce faire, il vous faut :
- Améliorer votre bateau et proposer à chacune des âmes présente son propre espace de vie (gestion de ressources qu’il vous faut réunir et transformer).
- Cuisiner (vous avez la possibilité de cultiver sur votre bateau, de pêcher, etc.).
- Vérifier les envies et humeurs de chacun (une fiche détaillée de vos passagers vous aide à identifier leurs besoins/attentes).
Une inspiration japonaise
La plupart des membres de Thunder Lotus sont complètement japanophiles, et le jeu puise clairement son inspiration dans l’univers japonais : d’un point de vue artistique, on retrouve la mélancolique poésie et la beauté visuelle des studios Ghibli, et il est dit que la directrice artistique de Spiritfarer a été influencée par l’aquarelliste Hiroshi Yoshida.
Les îles du jeu ont ainsi des noms à consonance nippones (Campagne d’Iwashima, Phare Hikarishima, Carrière Hoseki, Furogawa, pour n’en citer que quelques-unes) ; îles sur lesquelles vous trouverez de magnifiques cerisiers en fleur, mais aussi des maisons traditionnelles japonaises… Certaines recettes concoctées par Stella viennent de la cuisine japonaise (tataki de thon ou saucisses frites sur un bâtonnet). L’ambiance musicale du jeu nous fait également voyager sur l’Archipel : on reconnaît aisément des instruments traditionnels japonais tels que le shamisen. Bande-son par ailleurs apaisante, comme se veut l’être Spiritfarer, malgré le sujet qu’il traite.
Apprendre à dire au revoir
Comme dit précédemment, le thème central de Spiritfarer est le processus du deuil. Un sujet parfois délicat à aborder, puisque chacun de nous le vit différemment et que la peine est propre à chacun.
Stella n’est autre que la successeuse de Charon, le passeur des Enfers. Dans la mythologie grecque, Charon avait pour fonction de faire traverser le Styx aux âmes de celles et ceux qui devaient entrer dans le royaume des morts. Pour pouvoir monter sur sa barque, le défunt devait acquitter son droit de passage avec une obole (pièce de monnaie grecque de faible valeur), qui par coutume était placée sous la langue du mort lors des funérailles. Pas de Styx ici, cependant il vous faudra collecter des Oboles lors de quelques moments de plateformes (qui viennent compléter la gestion) qui vous permettront de débloquer de nouvelles façons d’explorer les îles.
Accompagnée de son compagnon félin Daffodil (pour la petite anecdote, Daffodil en anglais signifie Jonquille ; principalement, la jonquille représente la renaissance et le début de quelque chose de nouveau…), Stella doit donc cueillir les esprits errant sur les îles et s’occuper d’eux au mieux afin de les aider à remplir leurs dernières requêtes, à trouver la paix, à faire ce dernier voyage avant de les emmener au « Seuil Éternel ».
Il s’avère que les âmes que Stella doit faire passer de l’autre côté sont en fait des personnes qui lui ont été proches. Et il n’est jamais facile de laisser partir quelqu’un qu’on aime. La dimension émotionnelle du jeu prend alors sens puisque l’on peut aisément s’identifier à notre personnage.
Spiritfarer est une pépite que la rédaction avait à cœur de partager avec vous. En effet, les développeurs ont parfaitement réussi à concilier émotions positives et deuil. La direction artistique est fantastique, tant du côté des décors que des designs d’animation ; les personnages sont si attachants et les moments passés avec eux sont empreints de tendresse. Et pourtant, il vous faudra accepter de les laisser partir, car là est la mission de Stella.
Une trentaine d’heures pour arriver au bout du voyage sont nécessaire et vous emplissent d’une douce mélancolie. Beau et touchant, le petit dernier du studio québécois n’est pas tombé dans le larmoyant malgré la difficulté du sujet. Spiritfarer a cela de particulier que sa thématique centrale, le deuil, est abordée de manière plutôt positive. Si vous pouvez évidemment déjà y jouer sur une version dématérialisé, Thunder Games est ravi d’annoncer la sortie d’une édition physique prévue pour le 27 juin sur Switch et PS4.