Fruit d’un long travail (sept années de gestation), Sky Dome 2123 est le premier long-métrage de ses réalisateurs Sarolta Szabó et Tibor Bánóczki, lequel sera bientôt projeté dans nos salles obscures. Non pas sans avoir subi un petit contretemps, la date de sortie, précédemment fixée au 17 avril, ayant été déplacée au 24 du même mois.
Son univers compte aller à la conquête des fans de science-fiction, adeptes de mondes peu chaleureux pour notre espèce, faisant inévitablement écho à notre temps. Et, ici, le film fait résonner notre présent avec un avenir qui semble plus que jamais menacé par bien des maux, à l’instar du réchauffement climatique. Hélas, Sky Dome 2123 risque assurément de déstabiliser et rendre, par là, sa proposition indigeste. Néanmoins, malgré ses défauts, l’œuvre mériterait qu’on lui accorde un petit regard.
Un monde « utopique »
Sky Dome 2123 propulse donc le spectateur dans un monde peu enviable dans lequel l’humanité survit à grand-peine et est restreinte au maximum par des règles censées la sauver. Adieu la liberté, le règne de l’individualité… La pérennité de l’espèce est un objectif bien supérieur nécessitant de fait le sacrifice de tout ce qui paraît superflu. Une abnégation qui, dans le film, se traduit par la renonciation même de ce qui nous est le plus cher : notre propre corps.
Car oui, arrivé à l’âge de cinquante ans, l’homme est condamné à mourir. Pas une année d’existence de plus ou de moins. Plus précisément, plutôt que de périr simplement, il doit laisser sa forme pour une autre. Tel un Fool Night (manga de Kasumi Yasuda publié depuis 2020 au Big Comic Superior), le destin qui l’attend n’est nulle autre que la métamorphose. Une métamorphose salutaire, celle d’un arbre, digne de pourvoir aux ressources vitales au collectif.
Le concept est intéressant. Il réduit l’homme au statut de bien utilisable, le dépouillant de sa propre souveraineté. C’est une manière de nous concerner et d’interroger notre rapport avec la nature. Ayant accédé à une certaine forme de richesse technologique, la société humaine est, dans un même temps, à déplorer. C’est le fameux paradoxe engendré par le progrès : en œuvrant pour atteindre une certaine quintessence, l’homme s’est condamné. Tout a été perdu, et l’humanité se retrouve confinée dans un énorme dôme : un éden au goût de prison. Une prison où le monde est condamné à se repaître d’illusions via des « boîtes à image », drogues et autres.
Le voyage initiatique d’un couple
Cette peinture d’un monde futuriste hypothétique est évidemment réalisée sous l’œil critique. Laquelle critique semble donc orientée vers un point tout particulier : l’atteinte aux corps, comme dit précédemment. Mais, avec cela, il est aussi question du contrôle des esprits, qui, à coup de propagandes, se sont gentiment laissés convaincre. Il n’y a pas de résistance, mais comme une résiliation commune.
Visuellement, cet univers manque d’impact, de panache et dégage une certaine superficialité. En effet, le cadre futuriste donne plutôt l’impression d’avoir été mis au-devant des spectateurs dans le seul objectif de flatter ses goûts en matière de SF. Cette démarche lacunaire, factice, peut néanmoins, en partie, être expliquée. De prime abord, il est à supposer que ce vers quoi le film se dirige, c’est de montrer un monde qui ne saurait se détacher du nôtre. La situation montrée serait une réalité encore sous-jacente, mais bel et bien existante, où l’on aurait tendance à perdre la notion du vrai. Ensuite, ce n’est pas tant un film de science-fiction qu’un drame intimiste mettant en scène les souffrances d’un couple : Nora et Stefan.
Stefan est un psychologue, qui prêche la bonne parole diffusée partout dans la société. Il aide ainsi ceux qui ont du mal à se faire à cette idée sacrificielle à le supporter. Nora, elle, est en proie à la dépression et ne voit qu’un seul remède à son mal : précipiter le destin. Lorsque son mari l’apprend, il est déboussolé. Ainsi, lorsque Nora est emmenée, Stefan se lance à sa poursuite pour la sauver du sort qui l’attend.
C’est à travers le prisme du couple, et en suivant tout particulièrement le point de vue de Stefan, que le film nous invite à découvrir et plonger peu à peu dans son univers désolé. Stefan incarne le reflet du spectateur, dont le regard est encore soumis à une sorte d’ignorance. Cependant, il est en effet difficile de se faire une idée réelle de la direction que souhaite emprunter le film. Pour cause, Sky Dome 2123 aborde un grand nombre de sujets (allant d’inégalités sociales à des questions plus environnementales en passant par la notion de responsabilité) et donc dissipe par là l’attention de son public. C’est de fait beaucoup trop ambitieux, voire bavard.
Toujours est-il que ce voyage a pour finalité de dessiller le regard de Stefan (et du spectateur), en lui rappelant notamment la valeur qui est censée animer l’humanité et faire tourner le monde. Une valeur qui sera appuyée par la conclusion et dont on vous laissera la découverte.
Beau, mais sans éclat ?
Du point de vue artistique, Sky Dome 2123 possède son charme et est parfaitement dans le ton. Son univers gagne en cohérence avec les techniques utilisées et les couleurs mises à profit. Par ces procédés, l’effet mélancolique recherché, évoquant notamment le crépuscule de l’humanité, est, pour ainsi dire, plus que palpable. Seulement, la rotoscopie, qui consiste à introduire un certain effet de réalisme, instille plutôt une sorte de superficialité sur les visages des personnages.
Mais s’il nous fallait occulter l’aspect visuel, il serait bien difficile de trouver de puissants arguments pour inciter le spectateur à se plonger à corps perdu dans l’histoire, puisque le rythme du film empêchera un possible intérêt de naître ou de se développer. Car, malheureusement, Sky Dome 2123 est envahi de longueurs qui finiront par dissiper l’attention du public le moins attentif et le moins sensible à l’œuvre, laquelle peut également emprunter une allure moralisatrice.
Ces longueurs ont, certes, un but apparent : appuyer sur le malheur qui s’est emparé du couple, qui, nous l’aurons compris, tient de la métaphore. Par le deuil de l’enfant, le film renvoie au deuil de l’humanité. Toutefois, ce que le spectateur en retiendra, c’est une sorte de redondance faisant piétiner le film. Il se répète, bien trop souvent. L’accentuation, sur l’événement qui a terrassé le couple, devient de fait pesante à force de répétition. L’effet est raté et l’ennui assuré.
Et, plus que cela, il y a comme une maladresse dans la proposition, Sky Dome 2123 n’échappant pas aux clichés. Par là, il souffre parfois d’un manque de personnalité flagrant. Loin de totalement assumer son parti pris contemplatif, le film cède à des effets un peu « trop faciles », tel un élan de spectaculaire. Ce qui aura une sérieuse tendance à déstabiliser et apporter un peu de discrédit.
Sky Dome 2123 offre un panorama sur un futur peu enviable et peu viable, et ce, dans l’objectif de nous sensibiliser sur la portée de nos actions. Un exercice qui est bien souvent l’apanage de la science-fiction. En cela, il n’y a aucune surprise. Toutefois, bien que le sujet soit intéressant et sans doute essentiel, le film pèche.
Son rythme, lent, est problématique et le message sibyllin. Cela participe sans doute, on le comprendra ainsi, d’une tentative de donner un élan poétique et philosophique au film. Or, l’objectif est quelque peu parasité par un aspect dramatique assez lourd, conduisant inévitablement à l’ennui.
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