Ce jeudi avait lieu la réunion annuelle des actionnaires de Nintendo. Celle-ci est toujours l’occasion de faire le point sur les projets futurs du constructeur, cependant, cette année, Shigeru Miyamoto, fort de son rôle de responsable créatif, a également pu prendre la parole. Au coeur de ces questions, un problème récurrent pour l’industrie japonaise : l’âge de ses réalisateurs, qui peinent à se trouver une digne succession.
C’est un problème dont ont parlé plusieurs grands noms de l’industrie : de Naoki Yoshida (Square Enix) à Masahiro Sakurai, beaucoup d’entre eux reconnaissent la nécessité de lâcher du leste et à préparer leur succession. Shigeru Miyamoto est, lui aussi, touché par ce problème. Plus tôt cette année, dans une interview donnée au Guardian, il expliquait qu’il n’était pas prêt à se retirer entièrement de l’équation :
« Plutôt que de penser à ma retraite, je m’inquiète du jour où je ne tiendrai plus. […] Aujourd’hui, il faut penser à des projets en cinq ans, je dois donc penser à une personne qui pourrait me succéder, dans le cas où quelque chose m’arriverait. »
Lors de cette réunion avec les actionnaires, Miyamoto s’est confié plus précisément au sujet de cette succession : plus encore que des personnes qui prendraient sa place directement, il doit penser à des personnes qui prendront les rennes après ses successeurs, qui ont eux aussi un certain âge. Il explique donc s’investir auprès des développeurs plus jeunes au sein de l’entreprise, comme ceux de Pikmin Bloom.
Un travail qu’il fait, tout en limitant son implication : son objectif est de transmettre l’esprit Nintendo à cette nouvelle génération, cependant, il reconnait volontiers avoir une relation distante au développement des jeux. Son rôle, désormais, est surtout d’asseoir Nintendo au sommet de l’industrie du divertissement, que ce soit à travers de films, de parcs d’attraction ou même de musées.
La position de retrait souhaitée par Miyamoto n’est, cette fois-ci, pas synonyme de rupture. Il y a quelques mois, nous vous rapportions la volonté d’Hidetaka Miyazaki, qui voyait en son retrait la possibilité de laisser place à une nouvelle garde créative. Ce n’est pas l’enjeu ici. Miyamoto tient à ce qu’il y ait une continuité. Dans l’entretien qu’il avait donné au Guardian, il affirmait même :
Il y a, vous savez, ceux dans l’équipe de développement, les créateurs au sein de l’entreprise et aussi ceux qui créent Mario, ils ont tous cette idée de ce que cela veut dire qu’être Nintendo. […] Tout le monde comprend, partage ce savoir de ce que cela veut dire qu’être Nintendo.
Il faut dire que Miyamoto traverse un chemin complexe. Là où, dans le cas d’autres licences, il est facile pour les développeurs de prendre une posture de rupture face aux standards de l’industrie, Nintendo, de part sa longévité, incarne une forme de status quo.
Plus encore, que ce soit Shigeru Miyamoto ou les autres grands noms du studio, comme Masahiro Sakurai ou Junichi Masuda, leur longévité dans l’industrie et leur constance rend difficile, pour nous aussi, d’imaginer leurs licences respectives sans que leur nom y soit apposé.
Shigeru Miyamoto, peut-être plus que les autres, sera la figure dont le départ sera difficile. Présent dans l’entreprise depuis 1977, il a joué un rôle majeur dans le développement des premiers jeux, des premières licences… et donc, dans l’établissement de codes qui nous paraissent, aujourd’hui, évidents.
Son investissement et sa présence dans l’industrie, qui vont au-delà de ce qu’il aurait été possible d’espérer lors de ses débuts, sont des modèles, il est difficile d’imaginer à quoi ressemblera un Nintendo après Miyamoto : tant mieux qu’il travaille sérieusement à préparer le terrain.
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