Alors que la rentrée scolaire n’est plus qu’à quelques heures, certains d’entre vous envisagent peut-être une carrière dans le jeu vidéo, quelques-uns intègrent possiblement même une formation spécialisée dans le domaine afin d’accéder à ce que beaucoup considèrent comme « un métier de rêve ». Pourtant, l’actualité nous rappelle souvent la marge importante qui existe entre l’idée que l’on se fait de l’industrie, et ce que vivent réellement ceux qui y travaillent. C’est ainsi que les responsables du studio Mimimi Games, qui vient tout juste de sortir Shadow Gambit, annoncent jeter l’éponge. Une décision « extrêmement difficile », confient les fondateurs du studio dans un communiqué de presse :
« Chères communauté, équipe et industrie, c’est le cœur lourd que nous partageons aujourd’hui la nouvelle, Shadow Gambit: The Cursed Crew sera le tout dernier jeu de Mimimi Games. » – Dominik Abé et Johannes Roth, co-fondateurs de Mimimi’s Games (traduit par la rédaction)
On a connu une situation semblable à la sortie du jeu Gollum, dont l’échec, critique, commercial et artistique, fut tel qu’il précipita la fermeture des studios Daedalic. Cependant, le cas Mimimi est un peu différent, puisque le studio n’a pas rencontré de situation aussi compliquée. En tout cas, pas récemment. Ce sont les conditions de travail générales de l’industrie qui sont ici en cause, indépendamment du succès ou non du titre. Les deux co-fondateurs l’expliquent dans la suite de leur billet :
« Fabriquer ces jeux fut à la fois incroyable et extrêmement fatigant. Atteindre le niveau de qualité que Mimimi convoite est difficile et exige concentration et don de soi. Nous avons aussi à l’esprit que les coûts de nos futures productions augmentent plus vite que les revenus potentiels générés par notre genre. L’augmentation de la pression financière et le niveau de risque sont devenus insupportables. De plus, à chaque fois que l’un de nos jeux s’approche de la sortie et devient enfin fun à jouer, une nouvelle bataille pour financer le projet suivant s’engage, créant un cycle infernal. »
Jamais le logo du studio, une petite fille qui pleure, n’aura été aussi à sa place. Les jeux Mimimi sont plutôt appréciés de la critique et du public, à l’image du jeu de ninja qui mixe infiltration et stratégie, Shadow Tactics, ou de son équivalent western, Desperados. Le dernier-né, Shadow Gambit, reprend d’ailleurs la recette à succès en l’adaptant dans un univers de pirates. Sans avoir de chiffres précis, on pense que le lancement de ce dernier a été un succès, puisque Mimimi précise que la sortie du jeu permettra au studio de verser un bonus à ses salariés, en forme de remerciements pour leur engagement, avant la fermeture.
Les joueurs ne seront pas floués, puisque Mimimi s’engage à assurer le suivi de Shadow Gambit, et à livrer le contenu supplémentaire prévu, avant de baisser définitivement le rideau. Les autres jeux du studio resteront aussi disponibles malgré sa disparition.
Une conclusion qui montre une nouvelle fois, comme nous l’avait confié le studio Deconstructeam avec la compilation Essay on Empathy, que même au-delà des histoires de harcèlement, de management toxique ou de crunch, l’industrie vidéoludique est un secteur qui peut tuer ses acteurs à petit feu. Le divertissement des uns au prix de la souffrance des autres ? C’est aussi un critère sur lequel nous devrions nous pencher quand on juge de la qualité d’un jeu…
Test Essays on Empathy – De l’autre côté du jeu vidéo
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Shadow Tactics DLC Aiko’s Choice
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Desperados III – Le vestige d’une époque révolue ?
Team NG+