Le petit monde du jeu vidéo aime bien classer ses oeuvres par catégories. FPS, RPG, simulation, arcade, plateforme… Tout cela ne vous est pas inconnu, et chaque joueur revendique son ou ses genres favoris. Parmi tous ces styles définis, il est un terme un peu fourre-tout que la presse aime à employer à tort et à travers, au point qu’il finit par englober un nombre croissant de jeux, mais aussi de caractéristiques spécifiques : le Rogue-like (ou Rogue-lite). Pour information, ces derniers peuvent également s’orthographier Roguelike et Roguelite.
Or, si l’on sait généralement à quoi correspond un Doom-like ou un Diablo-like, du fait que ces néologismes (un peu passés de mode pour certains, d’ailleurs) sont tirés d’oeuvres assez proches de nous en termes de popularité et de temporalité, il est intéressant de noter que bon nombre d’utilisateurs de l’expression Rogue-like n’ont aucune idée de ses origines. Heureusement, New Game Plus va vous permettre de briller en société en ajoutant une pierre à votre édifice culturel.
Rogue, le vrai, l’original
Le mystère est levé, on ne s’en doutait pas du tout : l’expression Rogue-like tire son nom du jeu Rogue. Ceci étant exposé, le fait est que peu d’entre nous ont un jour posé les mains sur ce jeu fondateur d’un genre en constante expansion, puisqu’il date de 1980, et est paru initialement sur une plateforme assez inconnue : les terminaux UNIX, dont les origines remontent à 1969. Rogue propose au joueur d’arpenter un donjon immense, en affrontant une belle quantité de monstres au passage. Nous reviendrons plus loin sur les caractéristiques spécifiques au jeu, ainsi que sur la horde de titres qui empruntent son nom.
L’élément principal à connaître concernant Rogue, c’est qu’il est uniquement composé de signes ASCII. Pas de graphismes à proprement parler, donc, tels qu’on les conçoit de nos jours, mais uniquement des lettres et autres signes dont vous trouverez la représentation sur l’image ci-contre. Chaque élément du jeu, y compris les murs, mais aussi le personnage et les ennemis, est donc représenté visuellement et non dessiné. Par exemple, un Z signifie zombie, et il y a ainsi 26 adversaires différents. Les actions elles aussi se voient chacune attribuée à une touche (E pour eat, W pour weapon…), y compris les déplacements.
Le contexte est résolument fantasy, puisque l’on trouve des monstres divers et variés, des trésors, ainsi qu’un donjon composé de multiples étages. Il est question pour l’aventurier qu’on incarne de se frayer un chemin dans ce labyrinthe (il n’y a pas de map pour se guider), d’atteindre le fond du donjon, de récupérer une amulette, puis de remonter jusqu’à la surface. Bien entendu, les ennemis rencontrés s’avèrent de plus en plus coriaces, offrant à Rogue une courbe de difficulté progressive.
Un Rogue-like alors, ça se définit comment ?
Rogue a engendré un bon nombre de dérivés, qui ont repris dans un premier temps la même formule ainsi que le même rendu visuel. On pensera notamment à Hack et sa suite NetHack, mais le genre a évolué depuis, et le terme Rogue-like est toujours employé à l’heure actuelle, bien que la formule ASCII ne soit bien évidemment plus d’actualité.
Qu’est ce qui permet donc de qualifier un jeu de Rogue-like, et de le rattacher à cette oeuvre préhistorique ? Plusieurs éléments entrent en jeu, et le véritable Rogue-like se doit d’incorporer les éléments suivants pour faire honneur à son héritage :
- Le contexte fantasy. Il est généralement question de donjons médiévaux et de créatures typiques du genre, telles qu’on en croise dans Donjons & Dragons.
- L’action au tour par tour. Le principe consiste quasiment toujours à se déplacer et agir l’un après l’autre, et les phases attribuées au joueur alternent donc avec les actions ennemies.
- Le concept de permadeath. Le Rogue-like typique est en général très punitif, et la mort du personnage signifie souvent le retour à la case départ pour un nouveau run acharné.
- La génération aléatoire(ou procédurale) des niveaux. C’est l’élément crucial du genre : chaque partie est différent du précédent, du fait que les stages et les ennemis, ainsi que leurs positions, changent à chaque partie.
Ce sont là les éléments basiques. Le dernier de la liste sus-mentionnée est important, car il permet à des jeux n’ayant rien à voir avec le style de Rogue, tels que Downwell parmi tant d’autres, d’être qualifiés de Rogue-like par la presse, simplement du fait que les niveaux sont modifiés à chaque nouvelle partie.
Globalement pour résumer, un jeu offrant une génération aléatoire de stages se voit bien souvent affublé du qualificatif Rogue-like. Chacun voit midi à sa porte. L’expression n’est pas récente, elle est juste revenue à la mode il y a quelques années. Vous l’aurez compris, une quantité astronomique de jeux mettent en avant leur filiation avec Rogue alors même que le rapport est parfois extrêmement ténu entre le modèle et le nouveau moule.
À l’origine, l’expression était uniquement réservée aux jeux très similaires à Rogue. On citera Hack, NetHack, Moria ou encore Ancient Domains of Mystery, de très anciens jeux qui reprennent notamment le concept de permadeath ainsi que le rendu visuel ASCII. Certains, comme Moria (1994, tiré du Seigneur des Anneaux et permettant au joueur de descendre toujours plus loin pour affronter le terrible Balrog) proposent même la création de son personnage avec le choix de la race et de la classe.
Plus récemment, avec l’amélioration des capacités de nos machines, certains jeux ont repris quelques caractéristiques de Rogue (comme le permadeath ou encore la génération aléatoire de niveaux) tout en s’éloignant du genre de base. On trouve notamment des beat’em all ou des jeux de plateforme qui empruntent le nom de Rogue-like.
On parle alors, termes un peu barbares, de Rogue-like like ou de Rogue-lite. Spelunky, Rogue Legacy, The Binding of Isaac, mais aussi Diablo, les Mystery Dungeon ou encore le récent Into the Dim peuvent ainsi être considérés comme des hybrides plus ou moins proches et recevoir le qualificatif de Rogue-like. Chacun en pense ce qu’il veut.
Vous arrivez à présent à mettre une image sur le terme générique de Rogue-like, à vous de décider à quel point il est approprié pour définir tel ou tel jeu. Si vous souhaitez vous faire une idée plus précise concernant Rogue ou NetHack, sachez que vous pouvez en trouver certaines versions sur iOS ou Android. D’ailleurs, la plupart proposent à la fois le rendu visuel ASCII mais aussi un aspect plus moderne, dans lequel le personnage est un personnage, le coffre un coffre et le monstre un monstre.
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