Voilà une nouvelle que l’on n’attendait pas et qui nous a franchement surpris, tant Capcom a communiqué sur Resident Evil Re:Verse ces derniers temps. La firme japonaise vient en effet de repousser une nouvelle fois cet « épisode » multijoueur à 2022 alors que l’on attendait sa sortie pour ce mois-ci.
Les raisons de ce report ? Aucune idée, même si on ose parier sur le fait que c’est dû à des problèmes techniques qui étaient déjà présents lors des différentes bêtas, et qui n’ont donc pas pu être corrigés à temps. Cyberpunk 2077 faisant aujourd’hui jurisprudence, autant ne pas sortir un jeu dans un état lamentable, quitte à le repousser de quelques mois. C’est tout à l’honneur des développeurs, même si sincèrement, on espérait secrètement l’annulation de ce projet foutraque.
Pourquoi ? Tout simplement parce que nous ne voyons en ce Resident Evil Re:Verse rien de bien réussi. Il s’agit là d’incarner l’un des héros de la saga et de se foutre sur la tronche avec d’autres joueurs dans une sorte de mode deathmatch pas particulièrement palpitant ou emballant, et on pourrait même dire que c’est plutôt mauvais. Si quelques particularités demeurent, puisque l’on peut récupérer des fioles nous permettant de nous transformer en monstre une fois mort, et on parle là de la créature lambda au terrible Nemesis, cela n’a pas été suffisant pour nous convaincre.
C’est lent, particulièrement monotone, et très franchement, c’est typiquement le genre d’exemple de ce qu’il faut arrêter de faire. Peut-être serait-il temps de prendre le temps de penser des projets porteurs de vraies ambitions, car ce Resident Evil Re:Verse représente à lui seul le pur produit de consommation destiné à des fans qui n’auront au final que leurs yeux pour pleurer et la mauvaise foi comme seul argument pour le défendre.
C’est en tout cas ce vers quoi on se dirige et même si nous n’avons pas pu jouer au produit fini, il nous est apparu clair, et nous ne sommes pas les seuls, que derrière Resident Evil Re:Verse, Capcom n’a aucune autre ambition que de capitaliser sur un grand nom du jeu vidéo, sans se soucier réellement de la qualité de ce que l’on aura entre les mains. Et si ce report peut laisser penser le contraire, il n’en est rien, croyez-nous, car il est sûrement ici question de réussir à proposer un jeu qui tourne au moins correctement plus que d’en toucher le fond.
Le pire dans tout cela, c’est que ce n’est pas la première fois que la saga s’essaie à ce genre d’exercice multijoueur qui singe ce qui se fait à côté. Si Opération Raccoon City avait la bonne idée de proposer un vrai scénario, ou de tenter tout du moins, il ne s’agissait là finalement que d’une pâle copie de Left4Dead, alors qu’Umbrella Corps tentait de se la jouer TPS compétitif en ligne et s’est totalement vautré comme rarement jeu de la série ne l’a fait.
Il est loin le temps béni où Capcom tentait d’apporter une vraie proposition multijoueur intelligente avec les épisodes Outbreak et c’est d’autant plus regrettable que Résistance, sorti avec le remake de Resident Evil 3, était lui force de propositions. Malheureusement, il n’a jamais réussi à rencontrer le succès escompté à cause d’un lancement totalement foiré et une veille technique de la part des développeurs qui laissait à désirer, car avant de sortir des DLCs en pagaille, peut-être fallait-il réparer le jeu lui-même, non ?
Et nous voilà donc en 2021 à attendre un Resident Evil Re:Verse, maintenant repoussé à 2022, sans trop savoir pourquoi. On le sait qu’il n’apportera que du vent, ne proposera rien de marquant, ne se montrera même pas à la hauteur d’autres jeux du genre, et il est quasiment acté que ses quelques particularités ne le sauveront pas. Il ne va vivre que grâce à la nostalgie de joueurs qui auront plaisir à incarner quelques héros et créatures iconiques de la saga dans des lieux qui le sont tout autant.
Alors oui, il est gratuit pour tous les acquéreurs de Village et quoi de plus normal puisque ce sont les fans de la série qui sont visés avant tout. Mais ne vous inquiétez pas, il y aura une ribambelle de DLCs cosmétiques et autres petits plaisirs du genre, et il faudra bien passer à la caisse à un moment ou à un autre pour profiter pleinement de l’expérience. Aussi, on peut donc légitimement se poser cette question : est-ce que la gratuité est devenue une excuse aujourd’hui à la médiocrité ? Peut-on se satisfaire de cela ?
Certains y parviennent, car selon eux, le fait que Re:Verse soit gratuit justifie le peu de qualité du produit et ils s’en contentent donc, alors que d’autres, comme nous, n’y arrivont pas, car on parle là de Resident Evil, une saga qui a et qui marque encore le jeu vidéo de son empreinte. Le titre dont il est question aujourd’hui est une énième insulte à cette licence perpétrée par nul autre que son père, le studio qui lui a donné vie.
L’argent investi dans ce jeu aurait pu servir à étoffer Resident Evil Village encore un peu plus, et même d’allouer plus de fonds à la décevante série Resident Evil: Infinite Darkness, mais non, on préfère une nouvelle fois s’éparpiller, multiplier les projets, et finalement n’en réussir qu’un sur trois et s’en dire satisfait. Alors oui, nos mots sont durs, mais ils témoignent aussi de notre amour pour cette licence et de notre désarroi face à Capcom qui répète encore et toujours les mêmes erreurs.
En surexploitant son filon depuis si longtemps, l’entreprise japonaise risque de vexer les adorateurs de la série, un peu comme ce que fait Disney avec Star Wars, car s’il reste un noyau dur hypnotisé de fans aveugles quant à la qualité des dernières productions, surtout des trois derniers épisodes canoniques, il n’en reste pas moins que la saga a perdu de son aura et est devenue une licence d’exploitation comme une autre aujourd’hui. Se dirige-t-on alors vers cela avec Resident Evil ?
On ne l’espère pas et on rêve d’un homme fort, d’un de ceux de la trempe de Shinji Mikami pour reprendre les rênes et apporter une vraie ligne directrice à la saga, parce que si Village est une réussite que l’on a saluée, tout le reste est assez médiocre et/ou oubliable. Voilà pourquoi on tire la sonnette d’alarme. Non pas pour les épisodes canoniques ou les remakes, mais pour toute l’exploitation foireuse faite autour de cette licence.
Petit aparté, mais si vous n’avez pas vu l’interview en deux parties du monsieur par la chaîne YouTube Archipel, nous ne pouvons que vous conseiller de le faire. Vous trouverez ci-dessous la première vidéo sur laquelle le créatif revient sur son parcours et sur les différents Resident Evil sur lesquels il a travaillé.
Et alors qu’un nouveau film dit « reboot » arrive en salle prochainement, ainsi qu’une série live action Netflix, peut-être une saison 2 pour Infinite Darkness et qu’il est bien possible que de nouveaux jeux multijoueurs inutiles continuent de voir le jour, n’y a-t-il pas mieux à faire avec le nom Resident Evil ? Certes, la saga de Capcom n’a jamais brillé de par son écriture ou les messages qu’elle véhicule, mais on ne demande pas à l’entreprise de l’intellectualiser, au moins de nous proposer des produits culturels dérivés décents et que l’on cesse de prendre les joueurs et fans pour des vaches à lait.
Alors, à quand une vraie remise en question ? Probablement pas tout de suite, du moins pas tant que les consommateurs consomment et que ceux qui ont de la visibilité médiatique ne se lèveront pas d’une seule voix pour dénoncer ce genre de produit sans âme dont fait partie Resident Evil Re:Verse. Mais tout va bien, c’est gratuit qu’on vous dit, sauf que comme le spécifie si bien l’adage (ou pas ?), même gratuite, la m**** garde un goût de m****.
Il est de notre devoir de le souligner, de critiquer et de dire quand les choses ne vont pas. Si les jeux solos semblent prendre le bon chemin, le reste est si chaotique et déplorable que cela entache l’image même de la franchise. On prie alors pour que les prochains films et séries se montrent meilleurs que leurs prédécesseurs, qu’ils soient faits par des passionnés, des faiseurs, des créateurs, et non pas des opportunistes. Et on dit ça alors que l’homme qui a pondu l’horreur ci-dessous est véritablement fan de Resident Evil… CQFD.
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