Nouvelle péripétie dans le grand roman des jeux vidéo à Pékin.
Il y a quelques jours encore, le public chinois permettait à PlayerUnknown’s BattleGrounds (PUBG, donc) de rester le battle royale numéro 1 devant Fortnite et Apex Legends, en nombre de joueurs (Fortnite était le jeu le plus joué en excluant la Chine du comptage).
Cependant, c’est un coup dur pour le papa du genre, puisque Tencent a décidé de purement et simplement supprimer le jeu mobile sur le territoire chinois, ainsi que l’annonce l’agence Reuters. En effet, le géant du high-tech distribuait jusqu’à il y a quelques heures PUBG Mobile en Chine. Et pour ce faire, il avait dû négocier durement avec le gouvernement chinois, en supprimant par exemple les effets sanglants. Tout cela n’aura visiblement pas suffit, et, ne réussissant pas à s’entendre avec les autorités, Tencent laisse tomber ses efforts et fait migrer les joueurs vers un clone de PUBG.
Parallèlement à PUBG Mobile, Tencent a en effet développé un clone du battle royale auquel les développeurs ont fourni un background patriotique plus à même de plaire au pouvoir. Ce dernier, intitulé Game for Peace, a déjà reçu l’approbation du gouvernement, et Tencent a demandé aux joueurs de migrer vers ce nouveau jeu, leur promettant une expérience en tous points similaire à celle qu’offrait PUBG Mobile.
En attendant, cela risque de mettre la marque PUBG dans de sérieuses difficultés, car si le jeu avait définitivement perdu la partie face à Fortnite en Europe, il restait maître en Asie grâce une popularité incroyable en Chine.
Cela montre aussi le paradoxe du marché chinois, à la fois Eldorado et Enfer pour les investisseurs ! Tencent lui-même (société chinoise, pourtant) investit massivement dans des entreprises occidentales comme Supercell (Clash of Clans) ou Epic Games du fait des difficultés du marché chinois.
Car si les 1,4 milliard d’habitants et leur pouvoir d’achat croissant ont permis à Avengers: Endgame de devenir le film ayant généré le plus de revenus de l’histoire, les rigidités du pouvoir en place causent aussi plus souvent qu’à leur tour des difficultés aux sociétés de distribution. On se souvient que l’année dernière, l’administration en charge de délivrer les autorisations de publications des nouveaux jeux avait bloqué toute nouvelle sortie pendant plusieurs mois…
Le danger, c’est qu’entre la liberté et le business, l’industrie du divertissement et de la culture choisisse de ne pas se priver du potentiel économique que représente le public chinois, et de créer des produits aseptisés à même de plaire à la censure du pays. Certains diront que c’est déjà là le chemin emprunté par Marvel…