Une PS5 « all digital » à laquelle on peut finalement adjoindre un lecteur physique peut paraître une bonne idée. Cela permet d’étaler un peu les frais (même si la facture cumulée est un peu plus salée que pour une PlayStation 5 disposant en série d’un lecteur optique), et offre un choix qui n’est pas définitif. Je peux me payer une console sans lecteur, parce qu’après tout, les éditions physiques tendent à disparaître (Like a Dragon Gaiden ou Alan Wake II ne sortent qu’en version dématérialisée, par exemple), puis me laisser éventuellement convaincre plus tard par mes amis collectionneurs, et reprendre un lecteur sans avoir à changer toute ma console…
Mais ce sont ces mêmes amis collectionneurs, accumulateurs de jeux en boîte et fervents militants du hashtag #PhysicalResistance, qui risquent de voir cette nouvelle mouture en kit de la console d’un œil noir.
Le compte X (Twitter) Does it play? s’est en effet intéressé à la machine, et les conclusions ne sont pas très bonnes. L’activité principale de ces utilisateurs de X est de lancer des jeux offline pour rendre compte de leur jouabilité hors connexion. Une donnée importante pour qui s’achète des jeux en boîte dans l’espoir de pouvoir les ressortir dans dix ou quinze ans, alors que les serveurs auront fermé. C’est ainsi qu’on apprend que Robocop (sur PS5) ou Super Mario Wonder (sur Switch) se contentent très bien du « build » présent sur leur support respectif, ou que Spider-Man 2 peut être fini dans les mêmes conditions, mais que l’état du jeu dans sa version telle que gravée sur le disque est « préoccupante » (bugs…).
Concernant la PlayStation 5 avec lecteur de disque détachable, Does it play? a découvert que le lecteur devait être « enregistré » en ligne à l’installation, et que cet enregistrement était nécessaire à chaque réinitialisation de la console. Autant dire que chaque utilisateur de la console, pour lire les disques physiques, aura forcément besoin de passer au moins une fois par les serveurs de Sony. Sauf que ceux-ci ne sont pas éternels…
Formatting the memory of your #PS5Slim will unregister your detachable disc drive. Not even a full factory reset. This confirms that the new @PlayStation console has indeed a massive preservation issue.
In this scenario, once the service you need to connect to is gone, you can… pic.twitter.com/dEc6qAQPfS
— Does it play? (@DoesItPlay1) November 10, 2023
C’est un gros problème pour les collectionneurs et les joueurs œuvrant pour la préservation des jeux en boîte. Certes, si l’info circule suffisamment, les revendeurs de PS5 d’occasion, dans un futur plus ou moins lointain, pourront s’arranger pour ne pas complètement formater leur console, et permettre aux acheteurs de continuer à utiliser l’installation déjà présente. Cela étant, tout le monde ne sera pas au courant, et de nombreux joueurs risquent de « briquer » leur console sans s’en rendre compte. Et surtout, quid des pannes de lecteurs, la panne la plus fréquente sur ce genre de machine ?
On voit encore aujourd’hui circuler assez largement des SEGA Saturn (bientôt trente ans au compteur !), par exemple, dont le lecteur a été changé pour que la console puisse continuer à tourner. Ce ne sera a priori pas possible pour les PS5 – en tout cas, pas dans l’état actuel de la machine – puisqu’il faudra « réenregistrer » le potentiel nouveau lecteur installé, chose impossible une fois les serveurs débranchés. Et on ne compte pas trop sur Sony pour garder les serveurs ouverts trop longtemps après l’arrêt de la commercialisation de la console, qui devrait arriver peu de temps après 2030.
Alors, à quoi bon accumuler les boîtes de jeux PS5 si on sait que dans une vingtaine d’années, elles serviront à peine à caler une table bancale (trop souples !) ? D’autant qu’à très court terme, cette PS5 à lecteur amovible devrait remplacer l’ensemble des consoles sur le marché.
Si l’industrie nous montre encore une fois que nous sommes de plus en plus rarement propriétaires des titres qu’on croit acheter (mais qu’on loue, en vérité), c’est aussi un nouveau signal envoyé aux acteurs de la préservation du média. Cette dernière ne pourra pas passer par la conservation de matériels sujets à l’obsolescence, ou en tout cas pas seulement, mais aussi par d’autres moyens, comme la numérisation, l’émulation, la conservation des codes sources, etc.
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