C’est la mauvaise nouvelle de la semaine pour une bonne partie de la planète (les conséquences du réchauffement climatique n’ayant rien de nouveau) : le prix de la console PlayStation 5 sera désormais plus élevé sur la plupart des territoires, en dehors des USA. Annoncée par un blog de PlayStation, cette augmentation est effective immédiatement, et concerne notamment l’Europe, et donc la France. Sur les différents territoires de l’UE, les deux versions de la PS5 verront leur prix augmenter de 50€, et atteindront respectivement 450€ pour l’édition digitale et 550€ pour l’édition avec un lecteur.
Et pourtant, malgré cette hausse, il n’est pas dit que l’approvisionnement soit forcément plus conséquent sur les mois à venir, comme le laisse sous-entendre une des dernières phrases du communiqué.
« Bien que cette augmentation de prix soit une nécessité compte tenu du contexte économique mondial actuel et de son impact sur les activités de SIE – Sony Interactive Entertainment –, notre priorité absolue reste d’améliorer la situation de l’approvisionnement de la PS5 afin que le plus grand nombre de joueurs possible puisse profiter de tout ce que la PS5 offre, et de ce qui est encore à venir. »
Une augmentation qui aura forcément fait grincer beaucoup de dents, et jaser sur les réseaux sociaux.
https://twitter.com/JezCorden/status/1562708786137034758
PlayStation – Nous, nous, nous : c’est le coût !
Il serait un peu facile de croire que cette hausse de prix est uniquement de la volonté de Sony. Tous les voyants économiques sont au rouge à échelle internationale : le coût de l’énergie a explosé ces derniers mois avec le conflit ukrainien ; le prix du baril, même s’il s’est stabilisé, est aux alentours de 100$, soit deux fois plus cher que début 2021 ; la crise des semi-conducteurs est loin d’être terminée, et les constructeurs de consoles, qui ne sont pas en position de force face aux producteurs de ces composants électroniques, doivent probablement renégocier leurs contrats.
De la conception à la production, en passant par le transport, tout coûte plus cher aujourd’hui qu’il y a deux ans, c’est un fait. Et de la même façon que votre facture de gaz ou d’électricité a augmenté, il est évident que la plupart des secteurs industriels seront concernés à court ou moyen terme par ces hausses de prix si ce n’est pas déjà le cas.
Il est vrai qu’à la différence de la Xbox, la PS5 (uniquement pour sa version avec Blu-Ray) n’était plus vendue à perte depuis l’année dernière. Mais c’est là qu’entre un autre facteur d’importance : la valeur du dollar, qui est à son plus haut depuis vingt ans.
Il est fort probable, par facilité et habitude, que la devise utilisée dans les différents contrats de production et de transport soit le dollar. Or, quand vous achetez la console, vous l’achetez avec la monnaie vernaculaire (celle du pays où vous vivez). Par exemple, l’euro ayant perdu 20% sur les deux dernières années, chaque PlayStation achetée en euros rapporte de facto 20% de moins. Logique.
Jim Ryan – La politique du foutage de gueule
Malgré tout, on ne peut s’empêcher de se sentir tels les dindons de la farce, et à juste titre suite aux différentes décisions prises sous la gouvernance de Jim Ryan. Pour rappel, c’est sous sa présidence que nous avons vu le prix des jeux monter à 80€. Même si les productions AAA ont désormais un coût faramineux (45 millions de dollars pour Horizon Forbidden West), il nous semble que Sony a déjà entrepris des actions économiques suffisantes pour compenser ces pertes éventuelles liées au hardware en misant sur le software.
Les jeux coûtent donc plus cher sur PS5, et on n’observe toujours pas de réduction des prix dans leur version numérique. Une décision difficile à entendre si l’on prend en compte les frais de logistique, et de production de la boîte et du support physique. Les serveurs de fichiers étant probablement utilisés pour plusieurs jeux, le prix des services cloud ayant baissé, et Steam étant passé par là, les raisons derrière cette égalité des prix sont ailleurs : dans l’équité (nécessaire) vis-à-vis des revendeurs physiques.
En parallèle, le PS Plus se lance dans sa nouvelle version dotée d’un prix revu et augmenté, en cherchant à lorgner sur les terres du Xbox Game Pass. Un défi pertinent, à un moment où la fibre est de plus en plus présente dans les foyers, mais pas encore réussi selon nous.
Enfin, évoquons cette décision de séparer le marché des États-Unis du reste du monde. Ou comment se tirer une balle dans le pied comme un grand. Car si les prix doivent, de façon justifiée, être augmentés, étaler cette hausse sur l’ensemble des territoires aurait pu permettre un impact moindre à échelle internationale. Et si dans deux mois, le prix de la PS5 doit finalement être augmenté aux US, comment réagira le public ?
Certains suggèrent également, à juste titre, que l’explication soit liée à la position de leadership de PlayStation, désormais menacée par la Xbox aux États-Unis.
Already seen people downplay this as it's only in "select markets". This is basically the entire world except the one area where they see Xbox as a serious threat.
And here in Europe we have €80 games too. Actually a disaster
— Zalman (@enterzalman) August 25, 2022
La réalité est en fait bien pire pour Sony : la domination de PlayStation vis-à-vis d’Xbox tend à s’inverser au niveau mondial !
Une mauvaise idée, au mauvais moment
Petit rappel, en fin d’année dernière, les chiffres étaient au beau fixe pour la PS5. Elle atteignait les 11.8 millions d’unités vendues dans l’année, et Sony espérait sortir du marasme de la crise des semi-conducteurs pour la vendre par palettes cette année. Malheureusement, 2022 n’aura pas été une année glorieuse pour PlayStation…
Year-over-year change from 2021 to 2022 through July 16 based on #VGChartz estimates:
XSX|S: Up 1.00M (+31.7%)
NS: Down 2.73M (-24.3%)
PS5: Down 1.46M (-25.5%)https://t.co/81fjNYLWHZ#Xbox #XboxSeriesX #Switch #PS5 #PlayStation5 https://t.co/vu2puNBQ00— William D'Angelo (@TrunksWD) July 26, 2022
À l’inverse de Sony, les autres constructeurs n’ont pas imposé d’augmentation des prix de leurs jeux ni de leurs consoles. Au contraire, suite à l’annonce de PlayStation, Xbox et Nintendo ont annoncé qu’ils n’avaient aucunement prévu d’augmenter le prix de leurs consoles. Du côté des PC, le prix des différents composants s’est stabilisé, et celui des cartes graphiques a même diminué sur cette fin d’année. Il est même possible de mettre la main sur des 3080 en ce moment : INCROYABLE !
La tendance n’est donc pas à la hausse des prix du côté de la concurrence. Et, alors que le coût de la vie a explosé sur ces derniers mois entre l’énergie et les denrées alimentaires (« l’hiver vient… »), augmenter les tarifs des PS5 est une très mauvaise idée : la plupart des foyers ne pourront pas suivre.
Cette hausse des prix pose forcément d’autres questions : Si le contexte économique s’améliore, verra-t-on vraiment les prix baisser ? Quitte à payer plus cher, ne serait-il pas justifié de relocaliser la production, pour assurer sa pérennité ? Quel est finalement le juste prix d’une console, si l’on veut payer l’ensemble des parties de façon juste et équitable ? Derrière les problèmes de Sony, on devine les problèmes de tout un modèle industriel et sociétal quant à la valeur des biens. Les plus sages, eux, le savent déjà : « le prix s’oublie, la qualité reste ».