Être joueur en 2020 veut souvent dire être patient. Les studios choisissent en effet régulièrement de se concentrer sur des jeux déjà sortis, plutôt que d’apporter de nouveaux titres sur le marché. Alors pourquoi assistons-nous actuellement au règne des DLC et contenus additionnels ? On fait un petit zoom sur cette tendance et sur ce que ça révèle de l’industrie dans son ensemble.
Les durées de vie des jeux vidéo se sont allongées
Souvenez-vous. Dans des temps pas si lointains, on achetait un jeu exclusivement en se rendant chez un marchand de jeux vidéo, et la copie physique qu’on recevait était considérée comme un produit plus ou moins fini. Il y avait bien quelques extensions pour les jeux majeurs, mais ça n’était en rien la norme.
En général, le jeu pouvait bénéficier de quelques extensions et mises à jour dans les années suivant sa sortie, mais le développement s’arrêtait à un moment. Alors oui, il y avait quelques exceptions. Un des exemples les plus connus est Ultima Online, qui est sorti en 1997 et qui continue d’avoir une base de fans suffisante pour être mis à jour régulièrement plus de vingt ans plus tard. Mais une durée de vie si longue est bien sûr une exception.
Cela dit, il y a quand même bel et bien une tendance à faire durer les jeux vidéo ces dernières années. Plusieurs raisons expliquent ce constat. D’une part, les durées de production des jeux sont plus longues, et le contenu fourni souvent plus conséquent. Cela incite donc les joueurs à y jouer sur une durée de temps plus étalée.
D’autre part, le coût de production des jeux vidéo a grimpé en flèche. Cyberpunk 2077 a ainsi coûté entre 175 millions et 220 millions de dollars, la faute à une production particulièrement pharaonique et accélérée… De quoi inciter les studios à rentabiliser le jeu sur de nombreuses années !
C’est pour cela que les DLC se sont autant démocratisés. Aujourd’hui, il n’existe pratiquement plus de jeu majeur qui ne propose pas de DLC. Cela permet aux studios de continuer à générer des revenus, et d’amortir les coûts de production particulièrement conséquents.
Des titres qui ont tout à gagner à perdurer
Bien sûr, certains studios ont plus tendance que d’autres à utiliser cette stratégie. À ce petit jeu, c’est l’éditeur Rockstar qui est champion toutes catégories. Ses titres acclamés délivrent très régulièrement de nouveaux contenus, en particulier pour leurs versions multijoueurs. L’incontournable Red Dead Redemption 2 (2018) profite ainsi souvent de mises à jour pour sa version online. À l’automne, il avait sorti un nouveau rôle : celui de Naturaliste.
L’éditeur choisit ainsi de développer ses « Carrières de l’Ouest » comme il les appelle, qui permettent de créer des modes de jeux jusque-là inexplorés. Et ça fonctionne : Red Dead 2 Online profite de près de 30 millions de joueurs au 1er novembre 2020. On notera cependant que Rockstar a choisi de ne pas se concentrer sur des DLC pour la version solo du jeu, préférant bichonner la version multijoueur.
GTA V Online : un classique qui continue à séduire
Mais le jeu qui profite des mises à jour les plus conséquentes chez Rockstar, c’est bien sûr la version Online de Grand Theft Auto V. L’éditeur a débloqué de nouveaux modes de jeux innovants. Les courses de voitures sont ainsi particulièrement suivies et les bolides s’arrachent à prix d’or. En 2019, GTA V Online avait aussi connu une mise à jour conséquente, avec l’arrivée du casino de Vinewood dans le jeu.
L’éditeur surfait ainsi sur le succès des mini-jeux du secteur de l’igaming. Le casino en ligne Betway Casino propose par exemple de nombreux jeux comme le blackjack et la roulette. Ces derniers peuvent être joués sous toutes leurs variantes, par exemple le « live blackjack » ou encore la roulette américaine. Rockstar a eu le nez creux, puisque les joueurs se sont précipités sur cette extension qui s’inscrit particulièrement bien dans le quartier chic de Vinewood.
Des succès parfois peu anticipés
Parfois, c’est le succès d’un jeu qui déclenche une avalanche de contenus. The Witcher III: Wild Hunt (2015) a ainsi été acclamé par la critique dès sa sortie. L’enthousiasme des joueurs a déclenché une véritable déferlante de contenus additionnels. Cinq ans plus tard, le jeu compte pas moins de seize DLC et deux extensions : Hearts of Stone, et Blood and Wine. Sa communauté est par ailleurs particulièrement active, avec une série télévisée qui a elle aussi connu le succès.
Dans la catégorie « vieux » jeux, on a aussi bien sûr The Elder Scrolls V: Skyrim. Le jeu date maintenant de 2011, mais il a profité de très nombreuses versions et mises à jour. Il faut dire que Bethesda est particulièrement surveillé : le studio a lâché peu d’informations sur The Elder Scrolls VI, Redfall qui fait saliver les joueurs depuis neuf ans.
Alors oui, certains regrettent le temps où les jeux sortaient à un rythme un peu plus soutenu, et où les studios ne s’appuyaient pas aussi lourdement sur leurs franchises à succès. On peut en effet regretter que le prix d’achat d’un jeu vidéo ne corresponde maintenant plus au coût réel du jeu sur plusieurs années.
Mais pour autant, cela montre le dynamisme du secteur. Les studios sont prêts à engager des sommes colossales pour fournir aux joueurs des environnements variés et évolutifs. Et ça, c’est plutôt une bonne nouvelle.