Le slogan exploité par Sony pour PlayStation, « For the players », n’a jamais paru aussi déplacé. Nous notions il y a quelques jours le paradoxe du succès de la PS5, console qui se vend comme des petits pains, mais qui ne satisfait pas aux exigences de rendement de la société. Autrement dit, la PS5 se vend bien, très bien, mais ne rapporte pas assez d’argent.
Comment être numéro 1, positionné sur une courbe des ventes quasiment équivalente à celle de la PS4, et ce, malgré un démarrage particulièrement difficile dû aux ruptures de composants, et pourtant ne pas satisfaire les dirigeants ? « For the players », vraiment ?
L’annonce de résultats en deçà des attentes (pourtant très supérieurs à ceux de l’année précédente) a fait plonger l’action de Sony, et on a appris que la société allait licencier environ 900 personnes. Le boss de PlayStation Studios, Hermen Hults, s’est lancé hier dans le difficile exercice du « damage control », s’adressant tout autant aux joueurs qu’aux actionnaires. Enfin, un peu plus aux actionnaires, quand même.
Il confirme des réductions de personnel (un mot cache-sexe pour ne pas dire « licenciements ») au sein d’Insomniac, Naughty Dog, Guerilla et Firesprite, ainsi que dans les départements Technologie, Créatif, et Support de PlayStation. London Studio (SingStar, VR Worlds..) ferme complètement. Fermeture qui entraîne de fait l’annulation de son projet d’un jeu multijoueur situé dans un « Londres fantastique ». Hop ! Une exclusivité first party en moins pour PlayStation.
On évoquait ci-dessus le paradoxe PlayStation, leader mondial au « succès mitigé », dont les consoles sont régulièrement en rupture malgré un catalogue d’exclus assez limité et une absence totale de grosse annonce pour les mois à venir. On pourra rajouter un nouveau paradoxe, celui de faire « grandir » ses studios en licenciant les employés.
« Proposer les jeux immersifs, guidés par la narration, pour lesquels PlayStation Studios est réputé, au niveau de qualité que nous visons, nécessite que nous réévaluions notre façon de fonctionner. Proposer et faire durer des expériences sociales en ligne offrant aux joueurs PlayStation la possibilité d’explorer nos univers de différentes manières, et publier nos jeux sur PC et mobiles demandent une approche différente et des moyens différents.
Pour relever ces défis, PlayStation Studios a dû grandir. Nous avons intégré de brillants studios à succès à notre famille […]. Mais grandir n’est pas une ambition en soi. »
Extrait de la déclaration de Hermen Hulst, responsable PlayStation Studios, sur le site de Sony Interactive Entertainment (traduit par la rédaction).
Non, « grandir n’est pas une ambition en soi », mais comme tu viens juste de l’écrire deux lignes au-dessus, Hermen, cela semblait nécessaire pour livrer les jeux que les joueurs attendent ? À moins que ce ne soit plus d’actualité ? Il est vrai que Sony confirmait lui-même il y a quelques jours qu’il ne fallait s’attendre à aucune sortie de licence PlayStation majeure pour l’année en cours…
On rappelle que lors de la publication des résultats du dernier trimestre de 2023, annoncés il y a une dizaine de jours, Sony annonçait une progression de 22% de son résultat. Progression largement induite par le secteur du gaming. Aucune urgence ne pousse donc Sony à se séparer de ses équipes. Au contraire, au vu du catalogue PlayStation, l’urgence serait peut-être de renforcer ces dernières pour solidifier une offre qui en a bien besoin. Mais il semble qu’Hermen et ses collègues des bureaux de la direction préfèrent solidifier leurs liens avec les actionnaires…