Et si les jeux les plus intéressants du salon étaient les indés, les plus discrets ?
Durant la Paris Games Week, le palais des expositions est dominé par de très gros stands comme ceux de PlayStation et Xbox, où l’intérêt du public pour les jeux se mesure à la longueur des files d’attente (jusqu’à plus de 2h30 pour FFVII au plus haut de la fréquentation du salon). Mais au milieu des mastodontes se trouvait le corner des indés, plus discret, mais aussi beaucoup plus intéressant puisque c’est là qu’on allait réellement découvrir des choses et se faire faire des promesses… C’est le stand des jeux Made in France qui nous intéresse ici, un rassemblement d’éditeurs hexagonaux indépendants venus tenter d’attirer la lumière sur leurs créations. Des jeux conçus par des équipes plus modestes, souvent constituées de moins de 10 personnes, mais passionnées et ne manquant pas d’inspiration.
Noara – Studios Atypique
L’un des jeux les plus visibles sur ces stands d’indés était Noara, signé des studios Atypique. L’originalité du studio vient du fait que ce dernier est fondé sur une histoire qu’il voulait raconter, et non pas le contraire. Les équipes d’Atypique nous ont ainsi raconté que Jeremy Filali, fondateur des studios, a laissé mûrir son histoire une quinzaine d’années avant de se mettre à l’écrire. C’est l’écriture de cette histoire qui lui a donné envie d’en faire un jeu vidéo. Ce dernier est un jeu de stratégie au carrefour des MOBA, du tour par tour, et des échecs ! Le joueur commande une escouade de héros à qui il donne des ordres, l’originalité du jeu étant qu’il intègre des éléments dynamiques. Ainsi, il sera aussi possible d’intervenir en dehors de notre tour…
L’autre originalité, c’est le lore construit autour de l’univers de Noara. Un premier roman, comme une introduction à l’univers, est déjà disponible (rendez-vous sur le site des studios), et c’est sept autres tomes qui sont prévus, ainsi qu’un jeu de rôle sur table. Un projet ambitieux comme on en voit peu du côté des indés ! Les studios Atypiques proposent régulièrement des bêtas de Noara, selon les avancées du développement. Si le projet vous intéresse, n’hésitez pas à aller jeter un œil du côté de leur page web ou sur les réseaux sociaux, où vous pourrez suivre les avancées du projet.
Nefasto’s (Mis)adventure – Aurora Game Studio
Autre projet ambitieux, mais pour d’autres raisons celui-là : Nefasto’s (Mis)adventure place le joueur aux commandes d’un personnage de jeu vidéo aux données corrompues. Sur le point de se faire effacer par la machine, il négociera son salut à la tchatche et réussira à obtenir un court sursis. Le voilà désormais à errer dans les entrailles numériques de la machine, un compte à rebours au-dessus de la tête… Si on qualifie le projet d’ambitieux, ce n’est pas tant pour la débauche de moyens (tout à fait à sa place chez les indés, Aurora est formé d’une petite équipe de six personnes) que pour le pari qui est fait par les studios de convaincre les joueurs de les suivre dans cette aventure foutraque. Au sein d’un ordinateur pas au meilleur de sa forme, le jeu est (volontairement) plein de glitches (c’est même le nom d’un des personnages) et autres bugs. Résolument méta, il est plein de références au monde de l’informatique et pourrait passer pour complètement ésotérique auprès de celui qui n’y entendrait rien.
Le nerd par contre, véritable cible du jeu, devrait s’y retrouver en terrain connu ! Malgré ses allures de platformer, le jeu est un point’n’click comportant son lot de textes et énigmes, fait par des passionnés pour des passionnés. Si on ajoute en plus que la saga Persona fait partie du catalogue d’inspirations pour le jeu, cela devrait finir d’éveiller votre intérêt ! Nefasto’s (Mis)adventure devrait sortir en mars sur Switch, en version dématérialisée et, c’est une excellente nouvelle, en version physique.
Seek The Stars – Armogaste
Si Seek the Stars est aussi un roman de Barbara Cartland, reine incontestée de la littérature à l’eau de rose, ce n’est probablement qu’une coïncidence. Seek the Stars est un jeu multi où quatre joueurs s’affrontent aux commandes de vaisseaux spatiaux qui se contrôlent comme dans Asteroid : un stick pour contrôler l’orientation du vaisseau (il tourne sur lui-même) et l’autre stick pour le faire avancer ou reculer. Chaque joueur possède une dizaine de vaisseaux, avec un armement propre à chacun de ces dix vaisseaux. Le but est évidemment d’éliminer les autres joueurs… L’inertie des véhicules et les différents tirs d’un vaisseau à l’autre ajoutent du rythme à la partie qui ne sera pas sans rappeler le fun d’un certain TowerFall Ascension.
Seek the Stars devrait faire partie d’un univers plus important aujourd’hui en construction qui devrait dans les années qui arrivent nous proposer d’autres jeux. L’équipe d’Armogaste par ailleurs aussi sympathique que visiblement passionnée est aussi à l’origine d’un rassemblement de développeurs indés baptisé Indie Cade Nation.
Seek the Stars devrait nécessiter encore quelques mois de développement avant d’être disponible sur PC et Xbox One, et peut-être aussi sur Switch. En attendant, le précédent jeu d’Armogaste sorti au printemps dernier, le très recommandable A Song in the Void, est toujours disponible.
Shady Part Of Me – Douze Dixièmes
Enfin, un jeu qui nous a particulièrement séduit dans ce panel des indés : Shady Part Of Me, des développeurs parisiens Douze Dixièmes. Bien que n’ayant pas tout à fait achevé son développement, nous avons passé un très bon moment en compagnie de cette petite fille qui perd son ombre en route… Dans Shady Part of Me, on contrôle à tour de rôle une petite fille et son ombre, la progression de chacune n’étant pas soumise aux mêmes règles. On jouera avec l’ombre et la lumière, éclairant certaines zones, en plongeant d’autres dans les ténèbres, l’ombre ne pouvant se déplacer sur des ombres, mais uniquement dans la lumière, sinon, elle disparaît. Il appartiendra ainsi à la petite fille de lui éclairer son chemin…
En résulte un puzzle-platformer charmant, en noir et blanc, où l’on peut reconnaître les influences d’un Limbo par exemple (il y a pire, comme comparaison…!), ou encore de Dokuro ou de The Liar Princess and the Blind Prince, que nous avions testé dans ces colonnes. Sur le passage auquel nous nous sommes essayés, la difficulté était progressive et bien équilibrée, et a fini par nous proposer un vrai challenge après quelques minutes de jeu. D’après l’équipe qui présentait le jeu, un bon six mois de développement sera encore nécessaire avant une sortie sur PC dans un premier temps. On garde un œil sur le titre et nous vous en reparlerons dès que possible !