Ces derniers jours, un simple revers administratif a suffi à fissurer la sérénité affichée par Nintendo dans sa croisade contre Palworld. L’Office japonais des brevets a provisoirement rejeté l’un des dépôts invoqués par la firme pour soutenir son attaque.
Et derrière l’accusation de plagiat se dessine quelque chose de bien plus important : celle du droit à revendiquer des mécaniques de gameplay ancrées, depuis des décennies, au cœur du médium.
Depuis le succès tonitruant de Palworld début de l’année 2024, le constructeur accuse le studio Pocketpair d’avoir emprunté trop directement à Pokémon, notamment dans ses mécaniques de capture et de gestion de créatures.
Selon la firme japonaise, plusieurs éléments de gameplay enfreindraient des brevets qu’elle juge fondamentaux dans la protection de sa licence. Pocketpair conteste, affirmant que ces idées existaient déjà dans d’autres jeux et ne peuvent en aucun cas être monopolisées.
L’agence japonaise en charge des brevets a refusé, à titre provisoire, l’un des documents invoqués par l’éditeur dans cette affaire. Selon son analyse, les mécanismes mis en avant par Nintendo ne présentent pas suffisamment de nouveauté : des systèmes comparables existent déjà dans plusieurs jeux sortis avant le dépôt, cités en exemple par des tiers durant la procédure.
Le refus n’est pas définitif, mais il affaiblit temporairement le dossier de la firme, qui devra soit ajuster ses arguments, soit contester la décision pour tenter de maintenir cette pièce clé de son arsenal juridique.
Breveté pour se tirer une balle
La société peut revoir ses revendications pour tenter de convaincre le JPO, ou saisir la Cour japonaise de la propriété intellectuelle en cas de nouveau refus. Ce processus pourrait durer plusieurs mois et ne modifie pas directement le procès en cours. Mais il marque une étape symbolique : même pour un acteur historique comme Nintendo, revendiquer la propriété de mécanismes de gameplay n’a rien d’évident.
À vouloir protéger à outrance ses mécaniques, Nintendo met en lumière le caractère profondément partagé, collectif, de la création vidéoludique. Rien ne naît en vase clos. Rien ne naît jamais en vase clos.
Le jeu vidéo est une industrie faite de strates, où chaque idée s’appuie sur des dizaines d’autres, où l’on réutilise même des morceaux de code d’un projet à l’autre, bien plus que dans d’autres formes d’art. S’arc-bouter sur l’appropriation d’un geste, lancer un objet pour capturer une créature, revient à nier cette réalité. À se battre contre ce qui fait l’essence du médium.
Bien sûr, l’histoire n’est pas terminée. La décision est provisoire, les recours possibles, et Pocketpair ne sort pas indemne d’un conflit qui pourrait durer encore des années. Mais ce premier revers laisse un goût particulier : celui du géant pris au piège de sa propre rigidité, face à un outsider qui a peut-être compris mieux que lui les désirs du public.

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