Des centaines de millions d’exemplaires vendus et huit ans de règne pour la Switch, et pourtant, quasiment aucune nouvelle franchise n’a vu le jour sur la console chouchoute de Nintendo. C’est l’observation faite par Bloomberg, suite à des entretiens avec des vétérans de la firme : d’après eux, chez Nintendo, l’innovation passe avant tout par le gameplay, et non par la création de nouveaux univers.
La gameplay avant tout
« Quand Nintendo veut faire du neuf, cela commence toujours par les mécaniques de jeu. Le reste (les personnages, les univers, les histoires) n’est qu’un habillage », explique Ken Watanabe, ancien concepteur ayant travaillé sur Pikmin 3 et Splatoon.
Quand on y pense, cela semble assez évident : pourquoi créer une toute nouvelle série si une mécanique peut s’intégrer dans un univers existant ? À quoi bon créer un nouveau shooter alors que Splatoon peut déjà accueillir des déclinaisons du genre ? Pourquoi créer un party game avec des personnages inconnus quand on peut aller chercher Mario et sa bande pour animer le jeu ?

Certes, Nintendo n’a pas complètement fermé la porte aux nouvelles franchises. Dernière preuve en date : Drag X Drive, jeu de basket en fauteuil roulant qui exploite la fonctionnalité « souris » des JoyCons de la Switch 2. On aurait effectivement eu du mal à imaginer un tel concept dans une licence à la Mario ou Animal Crossing. Tout comme on voit mal cette franchise s’inscrire dans la durée et marquer les esprits (on se souvient, ou pas, de ARMS sur Switch…)
Stratégie noble ou simple sécurité ?
Les témoignages des vétérans dans Bloomberg insistent sur le soin apporté aux détails par Nintendo. Takaya Imamura (Zelda et Star Fox) parle d’un lien fort entre le joueur et le gameplay, et de la capacités à innover sur les mécaniques et leur découverte naturelle par l’utilisateur. On pourrait se dire qu’il s’agit là d’une philosophie presque noble, axée sur le plaisir brut du jeu. Et admettons que Nintendo est particulièrement doué pour ça.
Mais ne nous voilons pas la face : miser sur des licences déjà établies est aussi un choix pragmatique et commercial. Créer une nouvelle franchise, ça coûte cher et ça implique des risques marketing. Sortir un nouveau Donkey Kong, c’est s’assurer une base existante de fans, même si les dernières aventures du gorille proposent des choses inédites.
Même Breath of the Wild illustre ce principe : le même jeu sorti sous une nouvelle franchise aurait sans doute marqué les esprits par son gameplay, mais aurait-il eu le succès l’impact qu’on lui connait sur les open worlds s’il n’était pas un jeu Zelda ?
Alors, peut-on reprocher à Nintendo de jouer la carte de la sécurité ? D’aucun pourrait aussi dire que maintenir une franchise sur la durée n’est pas non plus chose aisée (pour preuve : les parcours chaotiques de mascottes célèbres des concurrents, parfois tombées dans l’oubli). Comme nous l’avons mentionné plus haut, les rares tentatives de proposer de nouvelles propriétés intellectuelles comme ARMS ou Drag X Drive sont loin de laisser une trace indélébile dans l’univers du jeu vidéo : manque d’audace ou manque d’intérêt des joueurs pour l’inconnu ? La réponse se trouve sans doute entre les deux, et l’équilibre entre sécurité et innovation n’est certainement pas simple à trouver.
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