Et si Super Smash Bros. n’était plus le seul Platform Fighter digne de ce nom ? Après PlayStation All-Stars Battle Royale (sorti il y a déjà dix ans), Brawlout et Brawlhalla (2017), et plus récemment Nickelodeon All-Star Brawl (2021), Warner Bros et le studio Player First Games relèvent le défi avec Multiversus.
Il n’est pas peu dire que la plupart des studios se seront cassé les dents sur le genre : à part l’emblématique et inébranlable consoles-seller qu’est Super Smash Bros., les autres jeux ont vite sombré dans l’oubli. Et pourtant, alors que le jeu vient tout juste d’ouvrir sa bêta publique, on peut d’ores et déjà vous l’annoncer : Multiversus a de beaux jours devant lui.
Uncle Bros – C’est déjà un succès
Alors qu’il était jusqu’à hier en bêta privée, Multiversus peut pourtant se targuer d’avoir une moyenne de 38.000 joueurs en ligne sur Steam sur les trente derniers jours, pour un pic à près de 150.000 joueurs en simultané à l’ouverture de la bêta au grand public. Un nombre trois fois plus conséquent que celui de Dragon Ball Fighter Z sur la plateforme de Valve, ou encore dix fois plus que Street Fighter 5 ou Tekken 7.
Autrement dit, le jeu n’est même pas encore officiellement sorti qu’il explose les charts, et ce pour plusieurs raisons évidentes.
La première est probablement son modèle économique : Multiversus est un free-to-play, dans lequel vous pourrez débloquer les personnages sans avoir à débourser un denier, en échange de points que vous gagnerez dans vos combats. Certes, vous avez la possibilité d’acheter un des trois founder packs (allant de 39€ à 99€) donnant accès aux futurs combattants dès leur sortie, ainsi qu’à des skins et des items numériques, mais ils n’influenceront cependant en rien vos capacités dans l’arène.
La seconde raison, vous l’aurez devinée, est son gameplay. On pouvait légitimement douter de sa qualité par rapport au mastodonte qu’est Super Smash Bros. Ultimate : ce dernier est le cinquième opus d’une série qui aura grandi et mûri pendant vingt ans, avec une équipe désormais bien rodée. Eh bien, qu’à cela ne tienne, Multiversus s’inspire de certaines mécaniques du meilleur, mais va réussir à s’en distinguer.
La dernière raison est simple : le public est prêt. La Switch a certes fait des émules, mais jouer en ligne reste une plaie sur les serveurs de Nintendo (des moments de lags nous ont ôté des cris de rage qui résonnent encore dans certains esprits). Sachant que près de 30 millions de copies de Super Smash Bros. Ultimate ont été vendues, on peut facilement imaginer que ces joueurs aient envie d’essayer un autre jeu du genre, d’autant plus si celui-ci est gratuit et qu’il tient la route dans son multijoueur en ligne. Alors que Sora, le dernier personnage du jeu, est sorti il y a bientôt un an, certains pourraient commencer à se lasser, et Multiversus arrive comme une suite logique avec un timing parfait.
Super Gamplay x Netcode Ultime
Si vous êtes un·e habitué·e de Super Smash, vous ne serez pas perdu·e dans Multiversus. Les attaques et les mouvements sont relativement similaires (jusqu’aux provocations), si ce n’est qu’il n’y a pas de bouclier/garde ni de grab. Certains niveaux sont pourvus de plateformes, d’autres pas, tout comme dans le jeu de Masahiro Sakurai.
Pour autant, Multiversus présente des différences certaines, qui ne tiennent pas juste de la nuance. Tout d’abord, il invite à des combats beaucoup plus aériens. Une fois dans les airs, il est possible de réaliser deux sauts, deux esquives, deux attaques spéciales, et autant d’attaques horizontales que vous voulez. Qui plus est, les bords de la plateforme, de même que certains items, réinitialisent toutes ces actions et vous permettent de revenir sur le terrain si vous les atteignez. Cette caractéristique du jeu, et l’absence de garde, rend les combats plus nerveux, notamment pour les débutants.
Les personnages, au nombre de dix-sept aujourd’hui, mais visant les trente pour la sortie officielle du jeu, sont pensés pour se compléter, et former des paires à adapter selon vos adversaires. Il y a quatre styles de combattants différents : le cogneur à l’aise au corps à corps ; le mage, qui attaque de loin ; l’assassin, plus propice au combo, mais plus facilement éjectable; et enfin le soutien, pensé pour les binômes. Les styles de jeu des combattants initiaux sont d’ailleurs assez variés pour satisfaire tous les types de joueurs, qu’ils soient occasionnels ou vétérans.
Multiversus est fortement centré sur le multijoueur en ligne, même si vous avez la possibilité d’héberger des parties en local, et le 2v2 est sans conteste son fer de lance. Pour assurer le plaisir des joueurs, les équipes ont fait un travail d’orfèvre sur le netcode, et garantissent des serveurs dédiés et le cross-platform. Dans les faits, aucun lag n’a impacté nos parties même lors des pics de joueurs en simultané. Nintendo devrait en prendre de la graine…
Le jeu reste toutefois en bêta, et n’est pas exempt de bugs, ce qui n’est pas surprenant à ce stade du développement. La taille du géant de fer, notamment, aura pu provoquer quelques situations loufoques.
iron giant down special has no problems at all from MultiVersus
Le vrai problème actuel du jeu réside dans l’équilibrage entre les différents personnages, et cela se ressent dans les affrontements en ligne où vous croiserez beaucoup Taz (notamment en équipe) et Jake. Certaines attaques ont un effet disproportionné en équipe, et nécessitent clairement d’être retravaillées.
Taz is a very very skillful character to use & very fun to play against. @Tony_Huynh @multiversus #multiversus #Taz Tornado needs a fix asap. pic.twitter.com/jg5noac9U1
— drake for multiversus (@ripkamil) July 20, 2022
L’autre aspect aléatoire se trouve dans les atouts, ces compétences qui se débloquent avec les combats et votre montée en niveau. Il aurait été appréciable de proposer un mode de jeu sans compétences, de la même façon qu’il est possible de jouer sans les objets à Super Smash. Il faudra donc voir sur la durée si les atouts ne déséquilibrent pas le jeu, et si certains modes ne seront pas rajoutés dans les mois à venir…
Les développeurs restent toutefois à l’écoute de la communauté, Taz ayant par exemple été nerf suite aux multiples remontées des joueurs ; un autre signe de la volonté du studio Player First Games d’imposer son jeu dans la durée, avec en ligne de mire de potentielles compétitions en ligne.
Au royaume du fan service, Multiversus pourrait être roi
Pour accompagner l’ouverture de la bêta publique, le personnage de Lebron James (basketteur légendaire et héros du médiocre second Space Jam) a eu le droit à son trailer durant la Comic-Con. Deux autres personnages sont d’ores et déjà annoncés pour les semaines à venir : Rick Sanchez et Morti Smith, les deux protagonistes de la série Rick et Morty.
Et déjà, avec ces trois annonces, on se rend compte du potentiel de satisfaction des fans des licences de la Warner. Imaginez un peu : Harry Potter défiant Gandalf, Néo affrontant Ted Lasso, ou encore Daenerys contre Mad Max. Autant de mash-ups improbables qui expliquent pourquoi Multiversus a de de quoi faire rêver. Qui plus est, les développeurs auront aussi profité du jeu pour surfer sur certains mêmes devenus viraux, dont l’inoubliable Ultra Instinct Shaggy.
Les dataminers ont déjà mis la main à la pâte, et il semblerait que des figures emblématiques viendront compléter au fur et à mesure le roster, pour proposer un total de trente personnages au moment de la sortie officielle du jeu.
Un élément nous interpelle cependant : entre chaque nouveau personnage, il n’y a pas forcément un délai très conséquent. Là où il pouvait s’écouler plusieurs mois dans Super Smash, seules quelques semaines séparent les futurs combattants de Multiversus. Cette durée paraît très courte pour répondre aux différentes remontées des joueurs, et effectuer les éventuelles corrections. Mais encore une fois, le jeu n’est actuellement qu’en bêta, et c’est peut-être là la volonté du studio.
En l’état, Multiversus a tout d’un géant en puissance : fun, doté d’un gameplay assez profond pour satisfaire les amateurs du genre, et assurant le spectacle dans les possibilités de son roster. Reste à voir si le studio est capable de garder le cap sur les mois à venir, et proposer des nouveautés intelligentes après la sortie officielle du jeu.
On ne s’y attendait pas, mais Multiversus assure autant sur le fond que sur la forme. Le jeu, encore en bêta, assume parfaitement son statut de nouveau rival de Super Smash Bros. Ultimate, dont il s’inspire au niveau des mécaniques de gameplay, et parvient à s’en distinguer par son jeu plus aérien et autrement nerveux.
Avec un multijoueur en ligne de qualité, la possibilité de jouer en cross-platform, et l’ensemble des licences de la Warner sous le coude, le free-to-play a toutes les clefs en main pour s’assurer un avenir radieux, et répondre aux attentes de tous les déçus des serveurs de Nintendo. Provoquer la hype au moment de sa sortie est une chose, mais maintenir l’intérêt et parvenir à faire grandir sa communauté de joueurs jusqu’au moment de sa sortie officielle sera une autre affaire…