Le 22 janvier, Riot avait annoncé une vague de plus de 500 licenciements, l’équivalent de 11% de ses effectifs. Lors des premiers jours après la nouvelle, il avait surtout été décompté des développeurs et des artistes, mais lorsque la liste complète était sortie, il était apparu que l’esport, et plus spécifiquement le championnat européen (LEC), avait lui aussi été touché.
Sur les 500 licenciés, ceux de vingt-sept employés pourraient paraître négligeables. Ce qui pose problème, c’est que tous ces licenciés faisaient partie du LEC, la ligue majeure d’Europe, alors en plein milieu de sa première compétition de la saison. Pourtant, peu d’éléments trahissent la situation interne actuelle, les play-offs se déroulant sans encombre cette semaine.
Il serait alors possible d’imaginer que les licenciements aient pu resserrer les équipes pour un résultat plus efficace et épuré. Pas vraiment : Riot a simplement remplacé les postes manquants avec des travailleurs contractuels. Une situation qui leur a coûté particulièrement cher, puisque certains travailleurs ont même dû prendre l’avion depuis Los Angeles et aller à l’hôtel, tous frais payés par Riot.
En même temps, ce sont beaucoup de travailleurs clés du LEC qui ont été remerciés : les observateurs (ceux chargés de choisir quelle partie du jeu est visible sur le stream) sont passés de trois à un, et le réalisateur de la saison ainsi que les scénaristes ont été remerciés. Riot a donc limité les pots cassés. Cependant, certains éléments ne trompent pas : les streamers officiels n’ont pas pu se rendre sur le site, sans compter que des segments entiers de l’événement ont été supprimés.
Néanmoins, du point de vue de Riot, ce n’est pas une erreur en soi. Le studio a toujours su qu’il fallait remplacer ces emplois. Cependant, plutôt que d’avoir des employés en CDI, dits « à badges rouges », qui ont des avantages et une sécurité de l’emploi, ce seront des contractuels, des employés dits « à badges orange », qui les remplaceront.
Des quatre ligues majeures de League of Legends, la LCK (Corée), la LPL (Chine), le LEC (Europe) et le LCS (États-Unis), c’est l’Europe seule qui a été touchée : parmi les ligues occidentales, elle est celle qui disposait du plus d’employés en CDI. À titre de comparaison, le LCS fonctionne majoritairement avec des contractuels.
Ce qui inquiète, bien entendu, c’est la situation précaire de ces emplois au sein du LEC désormais. Avec le recul que nous pourrions prendre sur la situation du LCS, il est possible de supposer que la ligue européenne souffrira sur le long terme à cause de l’emploi par contrat de ses équipes. L’absence d’emploi à badge rouge pour les postes clés va causer un gros turnover, et donc un résultat de moindre qualité.
Les ligues sont déjà très inégales : les ligues asiatiques sont loin devant les ligues occidentales, avec un LEC qui maintient sa réputation à l’aide de deux ou trois équipes, et un LCS complètement passable. La situation changeait un peu pour ce qui était de leur popularité avec l’arrivée de la Karmine Corp, même si les résultats de l’équipe sont en soi décevants.
De cette différence de niveau découle une différence d’intérêt : il est évident que la LCK, ligue coréenne où évoluent les meilleures équipes au monde, aura plus de prestige, surtout dans un pays où l’esport est réellement soutenu par le gouvernement.
Si Riot laisse les choses aller dans ce sens, alors l’entreprise risque de mettre en place le même cercle vicieux que celui dans lequel le LCS est engagé. Une situation honteuse lorsqu’on sait que ces ligues sont des ligues fermées : plutôt que les équipes soient sélectionnées pour leur niveau, il faut s’y acheter une place. En LEC, la place se compte en dizaines de millions d’euros : la place de la Karmine Corp, par exemple, coûte 27,4 millions d’euros.
Alors que Riot Games cherche à revitaliser la compétition à l’international avec les dernières règles sorties mettant en valeur le MSI, Mid-Season Invitational, en Chine cette année, il semble pourtant que mettre en difficulté une de ses ligues majeures soit contre-productif. Alors que le LEC n’a jamais réuni autant de public, avec des matchs de débuts de saison plus regardés que les finales de l’année dernière, il est impératif que la qualité de la ligue soit maintenue au plus haut. À voir comment Riot Games tiendra la barre sur les mois à venir.
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