Le mois d’octobre est le mois de la peur avec le frisson ultime qui survient le 31 octobre, le jour d’Halloween. L’horreur a pris une place importante dans la culture populaire, que ce soit dans la littérature, le cinéma, mais aussi le jeu vidéo. D’ailleurs, le cinéma et le jeu vidéo se partagent quelques codes similaires comme les « jump scares » par exemple, ce mécanisme qui constitue à faire sauter de son canapé ou de sa chaise le joueur. On ne compte plus le nombre de titres qualifiés comme « horreur » qui sont autant d’occasions pour les joueurs de vivre des émotions fortes. Mais d’où vient cet engouement ?
Même si l’horreur dans le jeu vidéo a commencé à apparaître au début des années 80 à travers les jeux d’action ayant pour thème l’horrifique, ce n’est qu’à partir de 1992 que l’on peut réellement parler d’un genre à part avec la création du père des « survival horror » : Alone In The Dark, développé par Infogrames. Le joueur incarne un personnage qui doit résoudre des énigmes et trouver des clés cachées dans un environnement en 3D rempli de monstres qu’il est préférable de fuir plutôt que de combattre.
Le début de l’âge d’or du survival horror est marqué par la sortie de Resident Evil en 1996, qui va rapidement imposer les différents codes du genre comme les munitions limitées, le nombre restreint de point de sauvegarde, les caméras fixes… Silent Hill va ajouter une ambiance glauque à ces codes pour rendre le genre vraiment oppressant.
Depuis les années 80, l’industrie du jeu vidéo s’est améliorée, s’est diversifiée… Aujourd’hui, il existe de nombreuses manières de susciter la peur chez le joueur et les développeurs l’ont bien compris. Survival horror, thriller psychologique, contenu dérangeant… Il existe plusieurs mécanismes pour susciter l’angoisse chez le joueur qui en redemande toujours plus.
Ce qui prime avant tout est l’ambiance générale du jeu, un bon jeu d’horreur est un jeu qui ne va laisser aucun répit au joueur afin qu’il ne puisse jamais se dire « je suis en sécurité ». Le joueur est donc très souvent plongé dans un univers sombre, avec beaucoup de jeux de lumière et d’ombre venant renforcer le sentiment d’oppression. À cela se rajoute des décors compartimentés avec des couloirs et des bâtiments étroits ainsi que d’autres éléments comme les monstres, le paranormal…
La musique joue également un rôle clé dans la construction de cette ambiance horrifique étouffante et glauque. Par exemple, dans Until Dawn, la musique vient accompagner les différentes phases de jeu, notamment lors de phases d’exploration et d’énigmes où en plus de la musique angoissante à base d’instruments à vent, le joueur peut entendre des bruits d’animaux, de « monstres » sans pouvoir voir d’où vient ledit bruit, renforçant encore plus l’ambiance glauque.
Mais, pourquoi aime-t-on avoir peur ?
Le jeu d’horreur vient titiller notre cerveau et toute une série de systèmes opérant aux niveaux physiologique et comportemental va caractériser la peur. C’est une réaction purement chimique. En effet, en surmontant une situation ayant généré beaucoup de stress, notre cerveau va produire les hormones du plaisir, à savoir l’adrénaline et l’endorphine. Aimer se faire peur est donc en soi un mécanisme tout à fait naturel. Surmonter cette situation donne lieu à un gain de confiance en soi, surtout si cette peur intervient dans un environnement exempt de tout danger, où la situation est contrôlée. Autrement dit, la partie de jeu. Quand il joue à un jeu d’épouvante, le joueur est installé confortablement chez lui, bien loin de l’univers glauque et lugubre dans lequel il se plonge en jouant. De plus, le joueur a le contrôle de ses actions.
Les développeurs doivent alors innover pour satisfaire le plus grand nombre de joueurs et dépasser les stéréotypes du jeu d’horreur. Les sous-genres et les mécanismes se multiplient avec, récemment, un faible pour les jeux narratifs avec notamment le succès des titres The Dark Pictures Anthology.
Ce qui plaît le plus, ce n’est pas tant d’affronter des créatures monstrueuses, mais plutôt l’ambiance et les moyens que le joueur va avoir à sa disposition pour se battre ou s’enfuir. Paranoïa, folie, paranormal… Tant de thèmes exploités pour effrayer le joueur un maximum dans un souci de réalisme édifiant. Ce dernier peut alors se retrouver face à son ennemi et n’avoir à sa portée qu’un couteau, un pistolet avec des munitions limitées à collecter tout au long de la partie voire pas du tout d’arme et juste une lampe torche et des jambes pour courir loin du danger. On pense notamment à Outlast (2013) qui est exempt de réel combat et se base sur la vitesse du joueur à devoir se cacher pour échapper aux ennemis. Le titre joue avec la tension et l’attention du joueur qui ne se relâche quasiment pas.
Vous l’aurez compris, il existe beaucoup de jeux qui n’attendent que de vous plonger dans une ambiance sombre et glauque en espérant se glisser dans vos cauchemars. L’horreur n’a pas fini de hanter les jeux vidéo, que ce soit en un titre entier dédié ou des événements saisonniers ajoutés pour l’occasion comme nous pouvons l’expérimenter dans Overwatch 2, Fortnite et bien d’autres…