Hooded Horse, l’éditeur derrière Manor Lords, semble être l’éditeur que tout le monde rêve d’avoir. Déjà connu pour avoir pris soin de son protégé, et de fait, de sa poule aux œufs d’or, Hooded Horse avait en effet longuement accompagné le solo dev derrière Manor Lords, Greg Styczen, en lui accordant énormément de temps et également des conseils pour gérer le stress suite à la sortie du jeu.
Car lors d’un early access, la coutume est souvent à la sortie quasi-frénétique d’updates pour garder l’attention des joueurs. Multiplier les réponses aux joueurs, ayant souvent la critique facile, à travers des patchs et autres ajouts de contenu n’est pas une mince affaire, surtout lorsque l’on est seul. L’éditeur avait donc conseillé à son poulain de garder ses distances vis-à-vis des remarques, parfois blessantes, des joueurs.
Pourtant, le CEO d’Hinterland Studio, Raphael van Lierop, a critiqué récemment Manor Lords et son développeur en pointant du doigt le manque d’ajout de contenu depuis l’accessibilité du titre. Cette prise à partie publique, se déroulant sur LinkedIn, dénonçait le fait que Manor Lords était un jeu à système qui ne proposait pas assez de maps différentes, ainsi que d’autres éléments, et qu’après plusieurs parties, la lassitude se faisait violemment ressentir.
Même s’il est vrai que le nombre de joueurs en simultanée a chuté pour Manor Lords, quid de la santé mentale de son architecte ?
Le CEO d’Hinterland met en lumière le fonctionnement malade de l’early access : avoir au moins trois voire quatre updates sous le coude pour envoyer très vite du contenu frais et garder l’attention du joueur, garder un œil sur les réseaux et scruter le moindre commentaire sur son jeu, répondre aux critiques les plus acerbes, etc… Au passage, même si cut un jeu avant sa sortie ne surprend plus grand monde, le dire si haut et si fort sans voir le problème reste toujours assez dérangeant.
On rappelle donc que cette conversation a eu lieu via LinkedIn, donc sur place publique, et qu’il n’aura fallu que très peu de temps pour que l’éditeur, Hooded Horse, vole au secours de son protégé, à savoir le développeur de Manor Lords. L’éditeur rappelle à Hinterland, entre autres, que c’est cette mentalité de la production pour la production qui conduit, et maintient hélas, cette culture du crunch qui fait des ravages dans l’industrie du jeu vidéo.
Il est évident qu’avec l’offre pléthorique ayant cours, garder un joueur est difficile et l’abreuver continuellement de nouveaux contenus est un moyen de le retenir. Pour autant, cette mécanique n’est pas faite pour tous les jeux. Car comme le dit Tim Bender, CEO de Hooded Horse :
« Le succès ne doit pas créer de nouvelles attentes de croissance infinie. Tous les jeux ne devraient pas avoir pour objectif de devenir des GaaS. Une sortie de jeu ne devrait pas déclencher un tapis roulant toujours plus rapide sur lequel les développeurs sont obligés de courir jusqu’à ce que leur santé mentale ou physique se détériore. »
Toutefois, Tim Bender semble tout de même avoir démarré au quart de tour, car Van Lierop ne semble pas être le chantre du crunch, en témoigne la longue période d’early access de The Long Dark. Mais le geste de Hooded Horse n’est pas passé inaperçu, tout comme celui, très maladroit, de Raphael van Lierop, car il est rare de voir un éditeur endosser le rôle de protecteur dans une industrie qui en aurait bien besoin.
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