Dire que la licence God of War provoque un séisme à chaque sortie est un euphémisme. Depuis le remake de la licence en 2018 par Santa Monica, Kratos a connu un véritable regain de popularité en plus d’acquérir une profondeur plus marquée. Fini les yeux jaunes fourbes de serpent, place à la barbe et aux sentiments paternels. Santa Monica ne s’arrête pas à une refonte graphique de la licence, elle propose aussi une refonte du gameplay. On laisse le côté arcade des trois premiers épisodes pour mieux se focaliser sur l’histoire, à l’image des jeux de Sony qui veut toujours mettre en avant cette estampe « jeux solos narratifs ».
God of War: Ragnarök, sorti en 2022, avait réussi à concrétiser l’essai débuté en 2018 avec un jeu toujours aussi généreux en termes de longévité, mais aussi d’épique. Lors des récents Game Awards du 7 décembre 2023, un DLC gratuit pour Ragnarök est annoncé : Valhalla. L’annonce surprend, car le DLC semble emprunter une voie assez insoupçonnée pour un jeu narratif qui parie autant sur son ambiance et son histoire : le Rogue-like.
God of War Ragnarök: Valhalla arrive-t-il donc à intégrer efficacement cette facette du Rogue-like sans accroc ? Est-ce que les articulations du gameplay sont toujours aussi invisibles ? Est-ce que la narration de Santa Monica se prête à l’exercice ? On verra en tout cas que l’exercice annonce de belles choses pour Kratos.
Olympe ou Valhalla ?
Ce qui nous aura le plus marqués dans ce DLC que nous avons terminé en moins de six heures, c’est le rappel constant du passé de Kratos. En effet, nous vous conseillons fortement d’avoir fait au moins God of War 3 pour reconnaître tous les personnages qui apparaîtront. Bien sûr, avoir fait les deux derniers God of War est un passage obligé si vous voulez comprendre l’histoire du DLC.
Valhalla poursuit directement Ragnarök en mettant en scène un Kratos qui doute de sa légitimité à siéger sur le trône de dieu de la guerre aux côtés de Freya. Le Valhalla semble pouvoir lui apporter les réponses sur ce doute existentiel et lui en apprendre un peu plus sur lui-même. Le frontispice de la porte du Valhalla paraphrase d’ailleurs Socrate et sa fameuse formule : « Connais-toi toi-même », devise qui aurait déjà été gravée sur le temple d’Apollon à Delphes. On verra que cette porosité entre le monde grec et le monde scandinave s’accentue véritablement dans ce God of War Ragnarök: Valhalla.
Sans vouloir trop en dire et éviter le spoil de lèse-divinité qui relève de la gageure sur un épisode si court, mais tout de même très dense, les grands axes de l’histoire ainsi que les plus grandes failles de notre héros seront revus. En effet, les quelques passages en stop-motion (un peu cheap, on l’accorde) pourront vous rafraîchir la mémoire ou tout simplement vous faire découvrir l’histoire du dieu de la guerre.
Votre but premier sera de découvrir qui vous a invité ici, mais l’objet de votre quête sera beaucoup plus profond qu’il n’y paraît. Toutefois, comme on l’a dit un peu plus haut, certains passages risquent de vous paraître obscurs si vous n’avez pas fait au moins God of War 3, l’occasion de vous avertir qu’un remaster est actuellement disponible sur PS4 et PS5, on dit ça, on ne dit rien…
Après quelques runs, vous découvrirez les sables d’ascensions, volutes de sable noir scintillant qui vous feront accéder à la zone supérieure du Valhalla. Une fois dans cette zone, vous serez confronté au passé de Kratos encore un peu plus frontalement, car vous quitterez définitivement la monade scandinave pour un Péloponnèse approximatif : colonnes doriques, oui, champ de blé, non. Plutôt des harpies, des cyclopes et des minotaures…
Alors si les animations sont clairement calquées sur les ennemis du jeu de base, quelques nouvelles attaques et une nouveauté dans le combat auront le mérite d’apporter un vent de fraîcheur sur le gameplay. En effet, les ennemis grecs, après vous avoir été touchés, draineront votre rage jusqu’à ce que vous brisiez leur bouclier avec l’arme adéquate. Il faudra surveiller ce bouclier, car si vous vous acharnez à utiliser votre arme actuelle, votre rage se consumera encore plus vite.
Des combats à Tyr-larigot
Rogue-like oblige, vous allez enchaîner les combats et gagner des ressources pour vous aider dans vos prochains essais. Après quelques essais seulement, vous commencerez à comprendre quelles ressources sont à privilégier. Les sceaux de maîtrises pour augmenter vos stats de manière permanentes, mais aussi d’autres ressources qui permettront au Valhalla d’être plus clément avec vous en vous proposant des récompenses plus nombreuses et/ou plus intéressantes.
Car après chaque combat, vous aurez un coffre à ouvrir. Celui-ci vous donnera une récompense bien spéciale en fonction du symbole : enchantement d’arme, glyphe de stats, relique, échos fugaces, etc. Ces symboles seront aussi votre seule moyen de vous orienter dans votre run avec les portes qui amèneront d’une salle à une autre.
Sans perdre en rythme et en intensité, les nouveaux essais se font très bien. Le jeu arrive bien à doser l’ennui, ce que doit maîtriser tout bon Rogue-like, et donne un petit bonbon au joueur quand la redondance commence à montrer le bout de son nez. Une fois les enjeux et les mécaniques en place, on réalise rapidement que la fin du DLC est proche, et à ce moment-là, le jeu perd en vitalité en proposant des runs finales assez répétitives qui se distinguent principalement par le combat avec le boss final, qui varie en adoptant différentes stances, armes et une barre de vie de plus en plus grande.
Il faut savoir que le premier coffre que vous allez ouvrir sera forcément un coffre d’enchantement d’arme et que celui-ci sera le plus important de votre run, car que vous choisissiez la lance, la hache ou les lames du chaos, tous les coffres suivants découleront de votre choix initial, les prochains coffres boosteront l’arme que vous avez choisie. Au niveau de l’équilibrage, nous avons remarqué que la Hache Leviathan profitait de buffs beaucoup plus significatifs que les Lames du Chaos, la Lance Draupnir lorgnant du côté de la Hache, les Lames seront donc souvent un pis-aller même si elle permet toujours un meilleur dps en zone, ce qui ne sera pas souvent exploité dans les différentes salles.
À propos des statistiques, le DLC utilise le terreau du jeu de base, nous sommes donc en terrain connu. Il faut savoir que les pièces d’équipements n’auront aucun effet et sont donc purement cosmétiques. On constatera assez amèrement que les stats seront la seule chose à grind réellement pour venir à bout du jeu. Aussi, en bon amateur de RPG que nous sommes, on regrettera que les stats ne soient pas vraiment sollicitées pour la construction de builds originaux, à part la Chance, qui sera utilisée à toutes les sauces et dans presque tous les builds.
Dieu de l’espoir
Assurément, Santa Monica tourne son regard vers le passé de Kratos. Beaucoup attendent des nouvelles d’un possible remaster des premiers épisodes et certaines rumeurs commencent à émerger ici et là. Avec God of War Ragnarök: Valhalla, le studio semble presque murmurer à l’oreille des fans que les rumeurs sont fondées tant l’envie de raconter une nouvelle fois l’histoire de Kratos se fait sentir. Recontextualiser l’histoire du dieu de la guerre, la dépasser (s’accommoder de son tumulte), mais aussi cette façon de montrer ses fascinantes colonnes grecques, rappeler des personnages des limbes, tout transpire d’amour pour cette licence et la passion des développeurs se ressent.
Est-ce que Kratos réussit sa rentrée dans le monde du Rogue-like ? Oui. God of War Ragnarök: Valhalla est sans aucun doute plus un message aux joueurs, qu’ils voulaient s’assurer de délivrer avec sa gratuité, qu’un DLC fait de la même matière que son jeu de base. Ici, Santa Monica façonne un objet hybride qui fonctionne sur de nombreux niveaux, sans pour autant atteindre la maestria d’un Hadès ou d’un Rogue Legacy, mais nous saluons l’initiative et la prise de risque du studio.
La complexité de Kratos est mise à nu et c’est bien son passé brutal et violent qui devient le nœud gordien du personnage. Psychologique, mais sans pour autant devenir pompeux, le côté narratif de ce DLC fonctionne très bien, le ventre mou de l’épisode se situe toutefois sur les quelques dernières runs qui ne semblent plus rien proposer de neuf si ce n’est gonfler la barre de vie des personnages (problème que l’on retrouve déjà sur les deux derniers God of War, à notre sens).
God of War – La première trilogie bientôt de retour ?
Tortuga76ers
God of War: Ragnarök – Une artiste injustement absente des crédits
EcureuilRouge
T’as la ref’ ? – Les petits secrets de God of War: Ragnarök
Nigma le Vagabond