À travers la grève dont il ressortent tout juste, les acteurs de doublage alertent sur les risques de disparition de leur métier que représentent les possibilités offertes par l’intelligence artificielle (qui, ironiquement, se sera bien servi du travail en question avant de le menacer). Mais tout va très, très vite, trop vite, et ce poste est loin d’être le seul menacé. Google vient ainsi de présenter Genie 2, un moteur qui, en gros, construit tout un environnement interactif d’après une simple image.
« Aujourd’hui, nous vous présentons Genie 2, un moteur de construction de mondes capable de générer une variété infinie d’environnements 3D jouables et contrôlables par l’action pour l’entraînement d’avaters. Basé sur une seule image d’invite, il peut être joué par un humain ou une IA à l’aide de contrôles au clavier et à la souris. » – extrait de la présentation de Genie 2 sur le site de Google Deepmind
L’outil Google permet ainsi, dans une forme de processus inversé très impressionnant, d’utiliser une simple image aux allures de capture d’écran (qui elle-même pourra être conçue par IA générative) pour l’extrapoler en environnement 3D entièrement interactif, dans lequel on peut déplacer et faire interagir un avatar. Fini la nécessité d’avoir des compétences en programmation, l’utilisation d’outils complexes comme l’Unreal Engine : créer des univers en 3D sera aussi simple que de faire faire son devoir d’histoire-géo à Chat-GPT.
Dans les environnements qu’il génère, Genie 2 peut rendre les effets du vents ou de l’eau, avec un vraie gestion de la mécanique de ces derniers. Il peut aussi gérer un éclairage crédible, et faire intervenir des PNJ avec lesquels il est possible d’intervenir. Le programme sait créer des animations contextualisées, différentes pour un robot, un véhicule ou un humain, par exemple, et même créer des environnements 3D hyper-photoréalistes générés à partir de vraies photos.
Google insiste à plusieurs reprises sur le fait que le jeu vidéo sert avant tout d’outil d’entraînement pour l’IA, sous-entendant avec un peu trop d’insistance que l’objectif ici n’est pas de créer un outil de création de jeux conduit (ou même juste assisté) par une intelligence artificielle. Et il est vrai que le jeu tient un rôle prépondérant dans le développement de l’intelligence artificielle, de Depp Blue qui affronta Kasparov aux échecs en 1996, à AlphaGo, champion électronique du jeu de Go, justement acquis par Google et à l’origine de DeepMind, dont Genie 2 est une émanation.
Cependant, peut-on vraiment croire que ces outils ne seront pas les futurs (et ici, un futur proche) standards du développement de jeu vidéo ? Certes, le fait de pouvoir (bientôt) modéliser des paysages et des bâtiments ne permet pas (encore) de se passer se scénaristes et de level-designers. Mais dans un monde dans lequel les développeurs sont considérés comme des techniciens plus que comme des artistes, comme en témoigne la facilité avec laquelle les studios s’en séparent et les estiment remplaçables, l’inquiétude est tout à fait permise. Préparez-vous à un monde où les maisons de jeux vidéo seront toutes les mêmes…
La présentation de Genie 2 peut-être consultée à cette adresse.
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