Difficile d’oublier la récente tempête subie par Microsoft. Dans le meilleur des cas, seuls quelques jeux exclusifs à la Xbox allaient rejoindre le parc Switch et PlayStation 5, dans les cas les plus extrêmes, le constructeur allait raccrocher les gants pour devenir un simple éditeur. Une fois l’ébullition passée, une phrase pouvait résumer toute cette séquence : beaucoup de bruit pour rien (comme on a l’habitude sur les réseaux sociaux).
Depuis, nous savons que quatre jeux vont rejoindre les consoles Nintendo et PlayStation, et que les titres les plus porteurs allaient toutefois rester exclusifs à la Xbox comme Starfield ou Indiana Jones. Rien de nouveau sous le soleil, donc. Sauf que Xbox a vraisemblablement fait bouger les lignes, car c’est maintenant au tour de Sony de se questionner sur la pérennité du modèle économique de l’exclusivité.
Avec un Helldivers II sortant day one sur PS5 et PC et un taux record de ventes et de connexions en simultané, Sony est en passe d’apprécier autant le porte-monnaie des joueurs PC que celui des joueurs consoles. On rappelle d’ailleurs ici que Sony continue de s’opposer à des sorties day one sur PC de gros jeux solos narratifs, mais qu’un jeu GaaS, comme Helldivers II vient de le confirmer, pourra se retrouver day one sur ordinateur. Hiroki Totoki, le boss de Sony, déclare vouloir :
« [se] montrer agressif dans l’amélioration de nos performances en matière de marges. »
Comprendre que le multiplateforme est clairement une direction souhaitable, les jeux first party étant de moins en moins rentables. Dans sa déclaration, le CEO parle surtout de multiplateforme pour le PC, de cloud et de mobile, aucune mention n’est faite des consoles concurrentes. Aussi, pour aller plus loin dans la nuance, on ne sait pas si les jeux first party narratifs de Sony seront accessibles day one sur les autres plateformes mentionnées ci-dessus.
On rappelle que pour l’année fiscale 2024, qui s’étend donc de fin mars 2024 à début avril 2025, Sony a annoncé qu’aucun jeu de superproduction PlayStation n’est à venir. Pas de God of War, d’Uncharted ou encore de Spider-Man à l’horizon. Sans de gros jeux pour accompagner la vente des consoles, le ciel n’est pas au beau fixe pour la firme nipponne. L’année à venir explique donc cette volonté d’établir une ligne de front avec plus d’envergure, car les actionnaires ne sont jamais loin et s’inquiètent du ventre mou de cette année fiscale.
Trois possibilités pour les joueurs dans cette période à venir concernant les exclusivités Sony. Une multiplication d’exclusivités Sony jusqu’alors verrouillées sur PlayStation pour le parc PC. Une dynamique sur les plateformes mobile et cloud beaucoup plus proactive. Ou bien, en s’inspirant du dernier mouvement de Microsoft, l’endossement d’un rôle d’éditeur plus agressif qui se repose moins sur ses machines.
Il est clair que trouver de l’argent en dehors de son écosystème semble être la mode du moment, mais peut-être aussi la seule échappatoire face à la rentabilité. Sarah Bond (présidente de Xbox) déclarait :
« [Vouloir] devenir leader du marché sur le secteur multisupport. »
Même s’il n’est jamais dit que l’intégralité d’un catalogue puisse migrer en un jour sur les consoles concurrentes (les rumeurs répandues sur les réseaux sociaux auraient-elles été un moyen de prendre la température ?), la zone de flou dans laquelle nous entrons montre à quel point l’industrie du jeu vidéo peut changer, et vite.
Avec toujours un pied dans le monde des consoles avec des machines déjà indiquées comme étant exceptionnelles, se cantonner à son propre écosystème va vite devenir « so 2023 ».
En guise de conclusion, on sait que stratégiquement, Sony a toujours suivi Microsoft. Avec le rachat des studios ou encore le Game Pass, Sony ne veut accuser aucun retard, ne veut se fermer aucune porte. Avec peu de propositions audacieuses, Sony emboîte encore le pas de Microsoft dans cette entreprise d’ouverture vers les autres supports.
Dernier parallèle, avec les coupes salariales chez Microsoft, on dirait que Sony se sent encore le besoin de faire comme son adversaire en menaçant Bungie de quelques licenciements. Comme quoi, qu’on soit bleu ou vert, une grande entreprise reste une grande entreprise…
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