L’été touche doucement à sa fin, la rentrée se profile, Parcoursup a fait son œuvre, et qu’on en soit sorti heureux ou dépité, il ne nous reste que très peu de temps avant de devoir repenser à la fac, aux partiels, et à ce qu’on va faire l’an prochain. Alors, cet article arrive peut-être un peu tard… Quoique ? Vous trouverez là-dessous quelques clés pour vous aider à vous dépatouiller dans la jungle des écoles de jeux vidéo qui promettent une carrière dans l’industrie. Alors si finalement, ce DUT en hygiène des locaux qui démarre en septembre ne réussissait pas à conserver tout votre intérêt l’année qui arrive, gardez cet article en favori, vous en aurez peut-être besoin d’ici quelques semaines…
Des écoles de jeux vidéo ?
Le jeu vidéo étant pour nombre d’entre nous une vraie passion, en faire son métier est un rêve que certains caressent ou ont caressé. Avec la place proéminente qu’occupe aujourd’hui le gaming dans l’économie, aussi bien au niveau mondial qu’en France, ce rêve est de plus en plus accessible, et même si cela reste difficile, il est désormais possible de construire une vraie carrière dans le secteur avec beaucoup moins de chance ou de hasard que dans d’autres domaines « rêvés » tels que le sport, la musique ou le cinéma.
Parce que si le jeu vidéo est un art, c’est aussi et surtout de la technologie. Certes, l’histoire du média est pavée de ces bidouilleurs de génie ayant réalisé des œuvres majeures dans leur garage. Ce n’est cependant plus tellement le profil du créateur d’aujourd’hui. Les studios emploient désormais des dizaines, voire des centaines de personnes, sur des postes très pointus, pour lesquels des qualifications spécifiques sont attendues. Et c’est là que les écoles de jeux vidéo entrent en jeu.
Sans être la garantie intégrale de décrocher un job dans l’industrie, un diplôme reconnu reste le chemin le plus sûr d’y arriver. Cependant, avec 788 formations recensées en France (source Diplomeo), pas facile de trouver celle qui nous correspond.
Alors sans avoir l’ambition de vous révéler LA formation qui sera la clé de votre carrière (nous n’avons ni les compétences, ni la volonté de prendre une telle responsabilité !), voici quelques conseils qui pourraient vous aider à raccourcir votre « short-list » au moment de faire votre choix.
Viser large
L’avantage de penser une carrière dans le jeu vidéo, c’est que l’industrie emploie de nombreux métiers représentés par ailleurs dans le secteur numérique de façon plus large. S’orienter vers un de ces métiers, c’est automatiquement se doter d’un plan B. Une riche idée quand on sait que les écoles forment plus d’étudiants que l’industrie n’en emploie (50% des étudiants en écoles de jeux vidéo seulement trouvent une place dans l’industrie).
Ainsi, un cursus en informatique dans une école d’ingénieur est une belle porte d’entrée vers les studios de jeux vidéo (en tant que programmeur, développeur…) tout en offrant aussi de belles opportunités de carrières dans bien d’autres domaines. Le choix de la raison, et celui de votre maman !
Si les technologies (programmation…) représentent la majorité des postes (35% selon l’AFJV), ce sont les métiers de l’image qui viennent ensuite (23% des postes) : graphisme, infographisme, illustration, animation… Autant de métiers qu’on retrouve aussi dans d’autres secteurs comme la communication ou la publicité, et donc autant de plans B potentiels.
Enfin, ne pas négliger les postes qui entourent la création des jeux : le marketing, la communication, le management (chef de projet…) ; des métiers qui ne sont pas propres au jeu vidéo et permettent donc de rebondir en cas de besoin.
Pour réfléchir et prendre sa décision, le Référentiel des Métiers du Jeu Vidéo du SNJV est une Bible indispensable, qui plus est téléchargeable gratuitement.
L’importance du diplôme
La France est encore particulièrement attachée au diplôme, qui reste aujourd’hui encore le meilleur moyen de mettre en valeur son profil. À condition que ce soit un « vrai » diplôme, reconnu par l’état, et par la profession.
Arrêtons-nous donc un instant sur la notion de diplômes. Tous les papiers remis à l’issue d’examens ne sont pas des diplômes. Les diplômes en tant que tels sont des certifications remises et validées par le Ministère de l’Education Nationale : CAP, Bac, BTS, DUT, Licence, Master… À côté des diplômes, on trouve les Titres Professionnels, qu’on appellera « diplômes » par abus de langage, mais qui n’en sont pas tout à fait (ce sont des certifications) puisqu’ils émanent, eux, du Ministère du Travail, et non pas du Ministère de l’Education.
Le Titre Professionnel témoigne d’une formation centrée sur la pratique professionnelle, alors que le diplôme sanctionne des études élargies également à des domaines généralistes (langue, sciences…). Ces deux types de certifications sont néanmoins reconnues par l’État, et figurent au répertoire national des certifications professionnelles (RNCP).
De nombreuses écoles privées proposent des certifications plus exotiques, parfois importées de l’étranger, parfois inventées de toutes pièces. Ainsi, le mastère, à ne pas confondre avec le master (la différence est subtile), semble avoir été inventé pour induire les étudiants en erreur. À quelques rares exceptions près, les mastères ne sont pas reconnus par l’État, et sont tous proposés par des écoles privées. De même, le Bachelor n’est pas une certification automatiquement reconnue en France. Si certains Bachelors remis par des écoles telles que l’École Polytechnique ou Arts et Métiers offrent à leurs détenteurs un équivalent Licence, ce n’est pas systématiquement le cas, au contraire.
La certification préparée pendant la formation doit être un élément déterminant dans le choix de son école et de son cursus. La préparation à un « vrai » diplôme, reconnu par l’État, est aussi une forme de garantie de sérieux quant à l’établissement. Cependant, certaines écoles ont acquis avec le temps une réputation suffisante pour que leurs certifications « maison » aient une valeur sur le marché du travail – cela reste toutefois les exceptions qui confirment la règle, et mieux vaut se renseigner en profondeur pour être sûr de là où on met les pieds (et ses sous).
Le prestige de l’école
On le disait précédemment, le prestige de l’école où le diplôme a été obtenu joue beaucoup dans l’employabilité des candidats. C’est aussi un certain gage de la qualité de l’enseignement, bien que de ce point de vue, l’image de marque ne fasse pas tout.
Pour réussir à faire le tri parmi les trop nombreuses formations dans le domaine, on peut se tourner vers le classement établi par Le Figaro étudiant, qui compile un ensemble de données comme la présence au RNCP des certifications préparées, les écoles dont sortent les derniers recrutés des studios, mais aussi la présence d’un programme Erasmus ou les différentes récompenses obtenues. Sans surprise, on trouve tout en haut du podium la pionnière Supinfogame-Rubika de Valenciennes, qui jouit toujours d’une excellente réputation.
On peut aussi consulter les établissements membres du Réseau des Formations aux Métiers des Jeux Vidéo, mis en place par le Syndicat National du Jeu Vidéo justement dans le but de faciliter l’identification d’établissements « sérieux ». On note aussi que les établissements présents au sein de ce réseau ont forcément un accès privilégié aux professionnels du secteur de par l’entremise du SNJV. Et on sait combien le fait de savoir se construire un réseau professionnel est capital dans le monde du travail…
Pour allier emploi et passion, espérer travailler dans le développement de jeux vidéo est aujourd’hui plus réaliste et raisonnable que de viser une carrière de rockstar ou de champion NBA. Cependant, rappelons encore que la moitié des étudiants issus de formations spécialisées ne trouveront pas de poste dans le secteur. Un vrai pari, donc, qui force à la réflexion. Une piste de réflexion, justement : Essay on Empathy, la compilation des studios Deconstructeam qui dépeint, en dix petites expériences vidéoludiques et autant d’interviews, la vie d’un studio de jeux vidéo et ce que veut dire d’en faire son métier…