Il parait évident que le remake de Resident Evil 3 est attendu avant tout pour sa campagne solo, le retour de Jill Valentine, ainsi que le très classieux et monstrueux stalker qu’est le Nemesis. Cependant, il y a aussi un autre jeu se déroulant dans l’univers de la franchise qui verra le jour cette année et il ne s’agit ni d’un remake, ni d’un nouvel épisode solo, mais bien d’une expérience multijoueur coopérative.
Alors oui, ce n’est pas quelque chose de nouveau pour la licence, puisque des opus comme les deux Outbreak, ainsi que les très moyens Opération Raccoon City et Umbrella Corps ont déjà surfé sur cette vague. Sauf qu’ici, Capcom semble avoir mis les petits plats dans les grands et entend nous proposer une expérience plus ou moins inédite qui puise son inspiration autant dans du Left 4 Dead que dans du Donjon Keeper. Bienvenue dans Resident Evil Resistance.
Resident Evil Resistance, quésaco ?
C’est en août 2019 que Capcom a annoncé qu’un nouveau jeu se déroulant dans l’univers de Resident Evil, sans pour autant être un opus canonique, verrait le jour dans le courant de l’année 2020. Baptisé Project Resistance, ce qui est probablement son nom de code lors du développement, le titre s’est dévoilé une première fois en long, en large et en travers lors du TGS (Tokyo Game Show) qui suivit. Et comme le laissaient présager les quelques leaks, il s’agit là d’une aventure multijoueur asymétrique dans laquelle quatre survivants incarnés par autant de joueurs tentent de s’échapper de lieux dangereux dans lesquels ils sont prisonniers.
La personne derrière cela n’est nulle autre qu’un autre joueur incarnant lui le Mastermind (ou Maître du Jeu) qui contrôle les installations et place ses pions pour empêcher la fuite en avant du petit groupe. Et lorsque l’on parle de pions, on entend par là les zombies et autres pièges, ainsi que quelques créatures affamées prêtes à fondre sur le moindre retardataire ou joueur peu attentif. Après avoir rebaptisé le jeu Resident Evil Resistance, Capcom a depuis expliqué et étoffé son concept pour nous présenter un spin-off multijoueur qui est au demeurant au moins alléchant sur le papier.
Tout d’abord, on y retrouve forcément des traces d’un certain Resident Evil Outbreak (dont la magnifique intro est visible ci-dessous). Deux opus de ce spin-off multijoueur sont sortis sur PlayStation 2 à l’époque et il s’agissait d’un jeu coopératif en ligne demandant aux joueurs de s’entraider pour s’échapper d’une Raccoon City tombée aux mains des morts-vivants et donc condamnée. Chaque personnage possédait ses propres forces et faiblesses, ainsi que des capacités uniques.
Plutôt réussis, ces deux épisodes resteront pour beaucoup des jeux mésestimés, aussi parce qu’à l’époque de leur sortie, le online sur notre bonne vieille PS2 n’était pas franchement bien développé en Europe. Resident Evil Resistance est quant à lui une sorte de fils spirituel des Outbreak, puisqu’il nous demande de coopérer avec trois autres joueurs pour nous échapper de lieux dirigés par un véritable psychopathe. On y retrouve les compétences uniques à chaque personnage, la demande d’une réelle cohésion d’équipe, un côté survie bien présent, ainsi que des énigmes à résoudre. Le bestiaire est forcément 100 % Resident Evil et la ville de Raccoon City sert de toile de fond au jeu.
Cependant, on dénote aussi un petit côté Left 4 Dead dans le sens où notre survie s’articule autour de quatre joueurs et que des objectifs sont à remplir pour avancer dans les différents niveaux. Le côté compétence unique peut aussi se greffer à ce constat, mais l’inspiration la plus notable est sans aucun doute celle de Donjon Keeper ou tout autre soft du genre. Dans ce dernier, on incarnait un maître de donjon démoniaque dont le rôle consistait à installer des pièges et autres créatures des enfers sur la route de héros tentant de prendre possession des lieux. Véritable petite pépite du jeu de stratégie PC, sa suite fut tout aussi réussie. Et pour l’anecdote, sachez que ce concept et cette maestria d’applications furent issus d’un des grands créatifs du jeu vidéo, à savoir Peter Molyneux (Populous, Fable, etc.). Allez, on se refait un petit plaisir coupable nostalgique avec le trailer officiel de Dungeon Keeper premier du nom. Attention, ça pique les yeux !
Alors pourquoi ce parallèle ? Tout simplement parce que Resident Evil Resistance s’inspire grandement de ce concept. Le soft propose en effet à un joueur d’incarner le Mastermind ou le Maître du Jeu en français, une sorte de grand méchant maléfique qui a kidnappé nos chers héros avant de les enfermer dans un lieu donné pour effectuer quelques expériences sûrement plus qu’interdites. Attention, on est plus ici en présence d’une sorte de maniaque à la Saw que celui de Human Centipede, même si la création de créatures monstrueuses et aimant la chair humaine nous rapproche plus du second film. Son but est tout simplement d’empêcher les survivants de s’enfuir en plaçant des pièges et différents monstres issus du bestiaire de Resident Evil sur leur route. Pour ce faire, il a accès à des caméras placées dans la zone avec lesquelles il jongle, ainsi qu’une map lui permettant d’avoir une vision globale des lieux et événements.
La place de Resident Evil Resistance dans l’univers de la licence
Le jeu est comme déjà dit un spin-off, et n’a de liens avec les épisodes canoniques que dans les détails et autres clins d’œil, comme les Mastermind sur lesquels nous reviendrons plus tard. Néanmoins, Capcom a affiché sa volonté de proposer aussi une expérience solo aux joueurs en nous racontant donc une histoire se déroulant durant la chute de Raccoon City. On ne sait encore que très peu de choses sur cette « campagne » qui ferait plus office de tutoriel scénarisé que de véritable mode solo. Néanmoins, si les développeurs soignent suffisamment la chose, disons plus que dans le DLC The Ghost Survivors du remake de Resident Evil 2, cela pourrait s’avérer intéressant. Découvrir l’histoire des survivants et jouer un rôle prépondérant dans leur survie est quelque chose qui nous séduit, reste à savoir comment tout ceci va se goupiller.
Les survivants
January, Tyrone, Samuel, Valérie, Martin et Becca. Voilà les prénoms des survivants que l’on peut incarner dans ce Resident Evil Resistance, ou en tout cas ceux que l’on connait pour le moment. Leur but est simple : survivre aux pièges tendus par le Mastermind. Pour ce faire, chacun d’entre eux possède des compétences uniques qui leur permettront de tirer leur épingle du jeu. January peut par exemple désactiver les caméras avec sa compétence Surcharge, Martin peut lui utiliser son habilité Flash pour, il en coule de source, flasher les ennemis aux alentours et donc les ralentir. Comme de coutume, l’utilisation des capacités spéciales est soumise à un cooldown et il sera possible d’améliorer ses personnages en gagnant de l’expérience et en récupérant quelques crédits Umbrella sur le champ de bataille. Bien évidemment, le team play est le cœur même de l’expérience et la survie passe par l’entraide et une bonne utilisation des capacités des différents personnages.
Une partie consiste en une succession de pièces proposant des puzzles et autres casse-têtes à résoudre pour avancer. Il va parfois falloir trouver une clé par exemple ou un code pour continuer, et bonne nouvelle, tout ceci est géré aléatoirement, de manière procédurale. C’est-à-dire qu’entre deux runs sur une même map, les objets clés changeront de place, histoire que l’on ne puisse pas savoir à l’avance où aller et ainsi annihiler tout l’intérêt du jeu. Différentes armes seront bien évidemment de la partie, mais attention au manque de munitions, et il sera possible de se soigner et même de relever un allié tombé au combat. Mais tout ceci n’est pas illimité et si un système d’achats via la récolte de crédits in-game est présent pour se « stuffer » au mieux, la moindre erreur peut placer toute une équipe dans la panade.
Cela s’explique par une seule chose : le fait que le grand méchant soit incarné non pas par une IA, mais bien par un joueur qui n’aura de cesse d’œuvrer à anéantir nos pauvres survivants.
Le Mastermind
Le Mastermind. La tête pensante derrière les atrocités que vont vivre les survivants. Celui qui décidera de leur sort de par son habilité à les piéger et en faire de la charpie grâce aux créatures qu’il invoquera sur le champ de bataille. Pour ce faire, il bénéficie de cartes qu’il peut utiliser au fur et à mesure que le « match » avance et qui lui permettent de placer zombies, Lickers, dobermans morts-vivants ou encore de prendre possession de l’un d’eux pour s’attaquer directement aux autres joueurs. Il est même possible de contrôler le terrible Tyran « Mr X » histoire de montrer qui est le patron, uniquement par contre lorsque l’on incarne Daniel Fabron.
Alors oui, le Mastermind ne peut pas non plus faire n’importe quoi et utiliser n’importe quelle carte à l’infini ou quand il le souhaite. Il lui faut respecter son deck à disposition à l’instant T et surtout le nombre de cartes qu’il possède. Ainsi, s’il ne peut utiliser que trois Lickers, autant le faire intelligemment et ne pas faire preuve d’impatience. Incarner le Maître du Jeu implique de se montrer stratégique, observateur, et tenter d’anticiper les prochains moves des joueurs adverses. Aussi, il faut utiliser les caméras placées dans les différentes zones de manière productive, car elles sont une clé dans l’anticipation, puisque c’est à travers elles que l’on place en temps réel les pièges et créatures aux endroits qui nous paraissent les plus appropriés et vicieux.
Par ailleurs, Capcom a voulu rendre hommage à certaines figures fortes de la licence via les différents Mastermind disponibles. Outre la possibilité d’incarner Daniel Fabron, Annette Birkin, Alex Weskerou ou encore Ozwell E. Spencer seront aussi au casting. Le principe est le même que pour les survivants, à savoir que chacun possède des atouts uniques qu’il peut utiliser pour prendre l’avantage lors des affrontements. Au hasard, Annette peut invoquer son mari sous sa forme G-Birkin, mais aussi utiliser des stimulants pour renforcer les créatures qu’elle invoque.
Enfin, le Mastermind aura aussi à sa disposition une carte complète des lieux, chose non négligeable pour planifier ses actions et suivre l’évolution de la partie avec un peu de recul.
Les différentes maps
Une partie de Resident Evil Resistance se déroule sur une grande map divisée en trois zones distinctes. Pour réussir lorsque l’on est survivant, il faut compléter les objectifs de chacune d’entre elles et s’échapper. Le Mastermind, lui, aura pour but logique de les en empêcher. Pour le moment, Capcom n’a dévoilé que trois cartes pour son survival coopératif et elles prennent toutes place dans un lieu donné de Raccoon City. On aura donc le droit de parcourir un casino, un parc d’attractions abandonné et une zone plus urbaine et classique avec un bel entrepôt des familles. Malheureusement, tout ceci n’est pas très original et on espère au moins que chaque lieu proposera des particularités de level et game design propres.
Doit-on attendre ce Resident Evil Resistance ?
La première bêta sortie et les quelques phases de tests font état d’une expérience coopérative plutôt ambitieuse, mais qui se révèle assez inégale. Toutes les parties ne se valent pas et on a observer quelques bugs ici et là qui peuvent gâcher quelque peu l’expérience. Cependant, nous n’avons encore rien vu ou si peu et Capcom semble confiant quant à la qualité de son produit. Depuis l’année dernière, et même avant avec la sortie de Resident Evil 7, la saga a repris du poil de la bête et il serait dommage de se foirer sur le multijoueur accompagnant la sortie très attendue de RE 3. La firme japonaise semble prendre la chose très au sérieux et avoir pris en compte les retours des joueurs et de la presse suite à la bêta et aux différentes sessions hands-on. Nous ne pouvons qu’espérer que ce Resident Evil Resistance se montrera à la hauteur, mais avec un gameplay bien rôdé, copié/collé du remake de RE 2, et avec le savoir-faire des équipes en charge de développer le titre, il y a vraiment de quoi espérer une expérience fun et cool à défaut d’être inoubliable. Et c’est tout ce que l’on souhaite finalement.