Dans le vaste monde des jeux vidéo, s’il existe bien un genre qui cartonne, cela ne peut être que le free-to-play. Jouer gratuitement, avoir accès à des jeux complets et pouvoir même y jouer avec ses amis la plupart du temps… N’est-ce pas là ce dont tout le monde rêve ? Cela fait des années maintenant que le modèle est arrivé sur le marché, et le moins que l’on puisse dire, c’est que les productions concernées ont paradoxalement rapporté beaucoup à leurs développeurs.
Il ne nous sera pas nécessaire de vous présenter World of Warcraft, League of Legends ou encore Fortnite tant leur succès reste colossal depuis leurs sorties respectives. Mais n’est pas Fortnite qui veut, car dans le monde intrépide du jeu vidéo, il arrive que certains titres, bien que gratuits, ne parviennent pas à séduire les joueurs. Les fermetures prochaines des récents Rumbleverse et Knockout City nous permettront d’illustrer le propos. Le free-to-play ne fonctionne pas toujours. Mais alors comment réussir à marquer les esprits après un LoL ou un Fortnite ? La création d’un free-to-play ne se résume-t-elle pas aujourd’hui qu’en une avalanche de risques ?
Séduire encore
Lorsque l’on évoque le free-to-play de nos jours, il devient normal pour les joueurs de croire qu’il va à nouveau s’agir d’un battle royale qui se voudra « neuf » sans l’être réellement, ou bien encore d’un énième MOBA qui n’atteindra jamais la cheville des grands (à l’image de Pokémon Unite). Mais alors, comment réussir à charmer les joueurs amateurs du genre après avoir tout fait, ou presque ? Car pour les studios, il s’agit du premier risque au développement d’un jeu F2P. Le thème, le système de jeu, essayer de ne pas ressembler à ce qui a déjà été fait afin de séduire encore. Et cela n’est jamais chose aisée lorsque l’on regarde les dernières productions, avec cette impression constante que tout a déjà été vu. Sortir des sentiers battus afin de proposer quelque chose d’original n’est pas donné à tout le monde.
À titre d’exemple, c’est en 2017 que Fortnite démocratise le battle royale avec son système de construction et sa direction artistique unique, là où les PvP du genre dont il fut le successeur se ressemblaient tous, qu’il s’agisse de H1Z1 en 2015 ou bien de PUBG, sorti la même année que le titre d’Epic Games. C’est donc en apportant un vent de fraîcheur à un genre déjà existant que Fortnite a réussi à se hisser parmi les jeux les plus joués de tous les temps, enregistrant plus de 350 millions de joueurs sur ses serveurs. Depuis le succès fou du jeu, d’autres studios ont décidé de produire leurs propres titres, à l’image d’EA avec Apex Legends. Malgré tout, il arrive parfois que le jeu ne plaise pas. On reparlera alors de Rumbleverse, le nouveau battle royale édité par les papas de Fortnite, qui ferme déjà ses portes un peu plus de cinq mois après sa sortie.
Parfois, quelques studios tentent de tirer leur épingle du jeu en apportant un F2P totalement nouveau, mais ce coup-ci, c’est le concept du titre qui pèche. On citera la fermeture prochaine de Knockout City pour illustrer les faits. Le jeu aux cents ballons ne semble pas avoir conquis le cœur de tout le monde et cela se conclut donc par la fermeture de ses serveurs. Même s’il peut parfois s’agir d’un manque de budget, bien souvent, la raison de fermeture d’un jeu reste la même : le nombre de joueurs enregistrés.
Copier/coller
Mis à part le fait de trouver un nouveau concept, le second risque à prendre en compte à la création d’un free-to-play est d’éviter de « surfer » sur le succès d’un titre existant afin d’essayer d’en faire quelque chose de neuf. Car parfois, on croit pouvoir faire aussi bien qu’un Pokémon GO seulement en remplaçant les créatures à capturer, mais on se rend vite compte que pondre du reconditionné n’est certainement pas la clé de la réussite. Eh oui, depuis le succès incontestable qu’a été Pokémon GO en 2016, il nous a été donné d’assister à la sortie de plusieurs jeux similaires, qui ont tenté tant bien que mal de ressembler au mastodonte de Niantic. Ainsi, nous ne manquerons pas de nommer Dragon Quest Walk, Yo-kai Watch World ou encore Harry Potter: Wizards Unite, dont les serveurs ont fermé leurs portes il y a maintenant plus d’un an.
Nous verrons alors que même si vous remplacez les pokémons par des objets ou de nouvelles créatures, cela restera pour les joueurs le même principe, et il n’y aura alors aucun intérêt à prendre part à ces aventures, qui n’apporteront qu’un sentiment de déjà-vu, de répétition. Et en un sens, c’est triste, parce qu’en regardant de plus près les jeux concernés, les concepts peuvent s’avérer sympathiques, mais ce n’est pas parce qu’un jeu marche que tout ce qui y ressemblera par la suite séduira les joueurs de la même manière.
Mais il arrive des fois où l’on y croirait presque, à la nouveauté. En effet, après l’incontournable Super Smash Bros. Ultimate de 2018, c’est Warner qui ont récemment décidé de tenter leur chance avec MultiVersus, un jeu de combat à l’image du titre de Nintendo, mais avec les personnages issus des différentes productions éditées par le studio. On y retrouve ainsi les personnages cultes de Scooby-doo, d’Adventure Time ou encore de Tom et Jerry.
Cependant, même si la sortie du jeu a suscité les interrogations de tous les friands du genre, qui n’ont pas hésité à se jeter sur les différents personnages afin d’en découvrir les capacités et les atouts, il n’en reste pas moins que depuis quelques semaines maintenant, alors même que le jeu est sorti il y a seulement six mois, le nombre de joueurs connectés diminue de manière constante. Car même si MultiVersus permet de goûter à l’expérience Smash Bros. gratuitement, il semblerait que rien ne vaille un Smash Bros. Ici encore, l’impression que rien de vraiment nouveau n’a été apporté dans la production persiste, accompagné par le sentiment toujours aussi présent que le succès du titre nippon a été le principal déclencheur de ce ramassis d’idées recyclées.
Garder les joueurs en haleine
Mais alors, comment faire pour effacer ce ressenti chez les joueurs ? Certains développeurs ont compris la recette : les événements et le système de saisons. En effet, proposer aux gens des événements incite inévitablement ces derniers à retourner sur le jeu afin de remplir les nouveaux objectifs, tester les nouveaux personnages, les nouveaux décors, ou encore gagner des récompenses exclusives. C’est la solution qu’ont choisie Epic Games avec Fortnite et Fall Guys pour garder leur communauté sous le coude, en rajoutant des défis exclusifs à chaque événement (Noël, Halloween, Pâques, Nouvel an chinois, etc.). Et le système de saisons permet constamment aux joueurs de découvrir toujours de nouveaux lieux sur la map, voire une nouvelle map, et d’accéder au fameux « passe de combat », devenu véritable rituel à chaque nouvelle saison.
Les événements communautaires et compétitifs (coupes en ligne) sont également un facteur non négligeable en ce qui concerne la durée de vie d’un jeu free-to-play. Et soyez-en sûrs, en n’apportant jamais aucune nouveauté dans un jeu gratuit, ce dernier peut vite passer à la trappe, de par son incessante redondance qui ne cesse de croître. Et s’il existe bien un autre jeu qui a compris comment marchait les F2P, c’est Genshin Impact. Le jeu d’aventure regorge sans cesse d’objectifs et de nouveaux lieux à explorer, faisant de Teyvat un véritable terrain de jeux. Sans cesse animé par des événements et des mises à jour, le titre plaît toujours, et cela se comprend !
Ne pas tomber dans le pay-to-win
Autre risque majeur lorsque l’on crée un F2P : ne pas tomber dans ce que l’on appelle un jeu « pay-to-win », autrement dit « payer pour gagner ». Car oui, quand un jeu est gratuit, il faut bien compenser avec quelques cosmétiques ou atouts payants. Cependant, cela peut vite devenir contraignant sur certaines productions, où des améliorations doivent être achetées avec l’argent virtuel du jeu concerné, argent évidemment payant. Ainsi, le titre peut rapidement perdre sa communauté de par ce principe, obligeant les joueurs à payer sans cesse pour progresser. Et c’est un défaut conséquent dans un jeu qui se dit gratuit, puisque l’on peut vite se retrouver à payer une somme équivalente au prix d’un jeu payant.
Ainsi, la création d’un jeu free-to-play comporte une tonne de risques, surtout de nos jours où la nouveauté se fait rare et où il est difficile de garder ses joueurs. Et avec les fermetures récentes ou prochaines de différents jeux gratuits dont nous n’aurons de cesse d’en citer les noms, il serait étrange d’affirmer le contraire. Mais alors, aurons-nous encore l’occasion d’assister à l’arrivée de free-to-play qui marchent au point de marquer une époque, comme l’a fait Fortnite ?