Dead Space. Ce nom seul suffit à faire rejaillir en nous tout un tas de souvenirs crades, poisseux, dangereux, glauques, gores et effrayants. Il y a douze ans maintenant, Visceral Games offrait au monde l’un des survival horror les plus marquants à avoir jamais vu le jour. Un titre aux inspirations multiples, de Lovecraft à Alien en passant par The Thing et Event Horizon, et qui était accompagné d’une réalisation de premier ordre, ainsi que d’un gameplay très proche de celui observé dans Resident Evil 4, avec quelques améliorations en plus.
Mais voilà, si les jeux furent loin d’être des échecs critiques (jetez donc un œil aux scores Metacritic), on ne peut pas dire qu’ils répondirent aux attentes commerciales d’Electronic Arts, même si les chiffres étaient plus que corrects. On le sait, le géant américain a tendance à voir en noir et blanc, oubliant la nuance de gris avec laquelle il faut parfois composer. La licence a vu le jour à une époque où les coûts de production montaient en flèche et qui connut surtout une dégringolade de la demande de jeux horrifiques au profit de FPS et autres actioners plus basiques.
Voilà pourquoi on croyait la saga morte et enterrée, et ce, même si un gros noyau dur de fans réclamait son retour avec insistance depuis des lustres, preuve qu’elle a marqué son temps et les joueurs. Alors, lorsque des rumeurs crédibles concernant son retour sont apparues sur la toile il y a quelques semaines, notre petit cœur meurtri par autant d’années d’absence a retrouvé des couleurs et on s’est aussi mis à y croire très fort.
Et vraisemblablement, cela a suffi, car lors du dernier EA Play, qui s’est terminé il y a quelques minutes à l’heure où nous écrivons ces lignes, un remake du premier Dead Space a été annoncé via un très court teaser en clôture de l’événement. Une place de choix pour une franchise qui renaît de ses cendres entre les mains de EA Motive (Star Wars: Squadrons) et avec le concours du moteur maison de DICE, le Frosbite Engine.
Cette annonce était attendue certes, tant les fuites étaient sérieuses, mais elle a tout de même réussi à nous surprendre sur quelques points. Tout d’abord, le jeu n’est annoncé que sur nouvelle génération, soit sur PlayStation 5, Xbox Series S|X et PC, mais aussi parce qu’aucune date de sortie, ni même de fenêtre n’a été dévoilée. Petite déception à ce niveau-là, alors qu’il ne fait aucun doute que l’ambition première du studio est d’offrir aux joueurs une expérience proche de l’originale, tout en améliorant certains de ses aspects.
La franchise Dead Space a eu un énorme impact sur le genre survival horror lorsqu’elle est apparue il y a douze ans, et je suis venu chez Motive d’abord en tant que fan, désireux de travailler sur ce jeu en particulier. Chez Motive, nous avons une équipe passionnée qui aborde ce remake comme une lettre d’amour à la franchise. Revenir à l’original et avoir la possibilité de le faire sur les consoles de la nouvelle génération était un défi extrêmement excitant pour nous. Afin de moderniser le jeu, nous avons contacté des fans engagés et les avons invités à nous faire part de leurs retours depuis les premières étapes de la production, afin de proposer le jeu Dead Space dont ils rêvaient sans oublier les nouveaux joueurs.
Voilà les mots de Philippe Ducharme, producteur principal sur ce remake. Ce même homme, accompagné par Roman Campos-Oriola, directeur créatif sur le titre, ont donné à nos confrères d’IGN une interview exclusive dans laquelle tous deux parlent de ce qu’il veulent faire avec ce « nouveau » Dead Space. De maigres informations, qui sont en l’état plus des intentions qu’autre chose, mais qui ont le mérite de nous aiguiller au moins un peu sur la direction prise par EA Motive.
Dans un premier temps, ne vous attendez pas à pouvoir toucher au jeu avant un bon bout de temps vu que ce dernier vient à peine de commencer son développement, ce qui explique sûrement l’absence de date en fin de teaser.
D’autre part, ces messieurs affirment vouloir non seulement remettre au goût du jour l’expérience de jeu, mais aussi l’améliorer en utilisant les technologies actuelles, notamment l’audio 3D et la puissance des SSD, notamment pour supprimer tous les temps de chargement visibles ou même cachés. La promesse étant de pouvoir vivre le jeu du début à la fin sans aucune coupure.
Ensuite, au niveau du scénario, les équipes le réécriraient en partie pour intégrer des éléments du lore apparu dans les jeux suivant le premier volet, afin d’apporter plus de profondeur au propos et de cohérence. Ce n’est pas une mauvaise idée et on espère d’ailleurs des personnages un peu plus travaillés dans ce remake, car très clairement, ce n’était pas la panacée à ce niveau-là et l’écriture n’a jamais été l’un des points forts de la saga.
Au contraire de l’univers que l’on nous annonce comme fidèle en tout point avec forcément une rehausse technique conséquente, ce qui demande énormément de travail aux développeurs, car chaque couloir, chaque porte, chaque objet et asset graphique est reconstruit à partir de rien, juste en se basant visuellement sur ce qui existe déjà. Et on parle là non seulement de l’inanimé, comme de ce qui l’est, les animations seront intégralement refaites aussi. Tout ceci en essayant de garder intacts l’atmosphère et le visuel du jeu originel, même si des améliorations diverses seront apportées, sans qu’on en connaisse les détails.
Dans ce qu’il est important de retenir aussi, c’est déjà qu’il n’y aura aucune microtransaction ou chose de ce genre et que quelques éléments de gameplay issus des autres épisodes pourront être présents dans le remake. On parle là des séquences en gravité zéro introduites dans Dead Space 2. La chose étant que EA Motive veut aussi rendre l’expérience plus accessible qu’à l’époque, et bien que ce terme veuille tout ou rien dire, il a coutume d’inquiéter, mais le procédé fut le même pour le remake de Resident Evil 2 et le résultat n’en fut pas moins prodigieux.
Forcément, EA Motive a aussi pris contact avec certains joueurs de la communauté gravitant autour de la licence Dead Space histoire de recueillir quelques avis sur cette dernière, mais aussi réfléchir à ce qui pourrait être amélioré dans le remake. Cette proximité qu’ils entretiennent avec cette dernière leur permet d’échanger régulièrement avec eux et ainsi d’avoir non seulement une vision interne du travail effectué, mais aussi externe et qui plus est de la part de fans de la première heure.
Et avec tout ça, on ne peut qu’être impatient d’en voir et en savoir plus sur ce projet ambitieux destiné à remettre sous le feu des projecteurs l’un des meilleurs survival horror de tous les temps, n’ayons pas peur de le dire. En attendant, n’oubliez pas, dans l’espace, personne ne vous entendra crier, ou peut-être juste Jeff Bezos, sait-on jamais…