Il est devenu inutile de présenter les studios Ghibli. Cette boite à magie japonaise est à l’origine de nombreux chefs d’œuvre de l’animation : Le voyage de Chihiro, Le Château dans le Ciel (mon préféré), Princesses Mononoké ou encore, plus récemment, Le Vent se Lève. Chaque long-métrage nous propulse dans un univers enchanteur où la magie ensorcelle chaque spectateur par une poésie omniprésente et incomparable. En ce début d’année, Ghibli nous revient avec son 20ème film intitulé Souvenirs de Marnie. Sorti le 14 janvier dernier en France, il était, pour moi, impensable de passer à côté de ce nouveau titre.
Il est à noter d’entrée de jeu que ce nouveau film d’animation n’est pas réalisé par le légendaire Hayao Miyazaki mais par Hiromasa Yonebayashi. Si ce nom vous dit quelque chose, alors vous avez certainement visionné Arriety, le Petit Monde des Chapardeurs sorti en 2010 car il en était également le réalisateur. Hiromasa Yonebayashi avait participé entre autres à la réalisation du Château Ambulant ou encore de Ponyo sur la Falaise, autant dire que c’est un véritable habitué de la maison Totoro.
Critique ciné Souvenirs de Marnie
Omoide no Marnie
Avant toute chose, il faut savoir que Souvenirs de Marnie a été inspiré par le roman britannique When Marnie Was There de Joan G. Robinson, il est toujours bon de le préciser en amont dans le but de mieux comprendre la portée du titre. Souvenirs de Marnie nous raconte l’histoire d’Anna, jeune adolescente adoptée souffrant d’un profond mal-être. C’est bien simple, elle se déteste, elle ne se supporte pas et ce malaise la renferme sur elle-même. Ces maux intérieurs lui provoquent des crises d’asthme répétées. Sa mère, sur les conseils du docteur, décide de l’envoyer hors de la ville, dans un village isolé au nord d’Hokkaïdo chez son oncle et sa tante. L’air pur de la campagne est censé l’aider dans sa cure. Solitaire, fermée et peu sociable, Anna trouve refuge dans le dessin où elle excelle. Un jour, en explorant le village dans ses moindres recoins, elle va être attirée par une bâtisse étrangement familière : la villa des marais. C’est ainsi qu’elle fait la connaissance de Marnie, une jeune fille de son âge qui habite dans cette vaste maison au bord de l’eau. Les deux adolescentes vont se lier d’amitié et se raconter tous leurs secrets. S’en suit alors un conte onirique où rêve et réalité se confondent, où passé et présent ne font qu’un pour se terminer dans un final totalement émouvant. Avec Souvenirs de Marnie, les studios Ghibli signent une nouvelle fois un film d’animation qui nous laisse rêveur une fois le générique de fin affiché, même si celui-ci aura certainement plus de mal à trouver son public. Tout au long du film, j’étais terriblement divisé. C’est beau, les musiques sont réussies, l’histoire est prenante mais il manque quelque chose.
Du Ghibli, oui mais …
C’est une fois ressorti de la salle et après m’être remis de mes émotions que je prends le temps de réfléchir à cet étrange ressenti omniprésent. Plusieurs raisons peuvent l’expliquer. Tout d’abord, Souvenirs de Marnie n’affiche pas à première vue d’élément fantastique, pas de feu magique qui fait bouger un château, pas d’animaux qui parlent. L’absence de fantaisie en première loge accentue la sensation de lenteur et de vide. Sans vous spoiler, Souvenirs de Marnie est bien un film avec des éléments purement fantastiques, c’est uniquement à sa fin qu’on les découvre pleinement. Autre aspect qui peine : le film baigne à plusieurs reprises dans un marais de niaiserie à la limite du supportable. Quand on va voir un long-métrage japonais, on est tous préparés à voir des réactions accentués, des situations allongées, des émotions soulignées mais là, c’est simplement trop. Les deux filles entament une relation des plus niaises et frisent le ridicule. Ces instants ne viennent pas du tout en aide à un scénario en manque d’action. Heureusement qu’il y a les paysages à contempler, les musiques à écouter (et sur ce point Takatsugu Muramatsu n’a rien à envier à Joe Hisaichi) car Souvenirs de Marnie serait un peu trop long. Et c’était la première fois que je n’étais pas complètement happé par un Ghibli, où mon esprit n’était pas pleinement embarqué par l’imaginaire. Toutefois, Souvenirs de Marnie nous réserve une fin magique où toute notre attente est récompensée et où tout le scénario révèle son sens et son intensité.
Souvenirs de Marnie : à voir sans une once d’hésitation
Malgré les reproches qu’on peut lui trouver, Souvenirs de Marnie est bien un excellent Ghibli. Certains diront qu’on est bien loin du travail de Hayao Miyazaki, observation juste ou erronée ? Je ne me prononcerai dans la mesure où le film tient pleinement ses promesses : il arrive à nous faire rêver. La marque de fabrique des studios Ghibli est encore actif et c’est tout ce qui compte, avec ou sans le capitaine à bord.
Dernier film pour le studio Ghibli ? On est en droit de se poser cette question avec le départ de Miyazaki. Allez voir Souvenirs de Marnie, soutenons du mieux que nous pouvons cette magie venue tout droit du pays du soleil levant.