Nous avions rencontré le studio Atypique lors de la dernière Paris Games Week. Un studio qui se remarquait un peu plus que les autres déjà de par sa mise en place et sa déco, plutôt imposante pour le corner des indépendants. Mais à la hauteur des ambitions de l’équipe, qui vise à créer un véritable projet transmédia autour du monde de Noara. Un monde avec lequel on va se familiariser dans ce premier roman, La Dernière Lune.
Genèse
“ – Méfiez-vous de sa ruse !
– Massacrez-le !
Nos confrères parlent évidemment du Mandricorne que nous allons devoir aller chercher sur son territoire afin de le tuer et d’en ramener les cornes. C’est moi qui lui prendrai, on s’est tous mis d’accord là-dessus. Le voyage sera rude et le combat encore plus. Cette ultime épreuve, qui devrait durer plus d’un mois, est autrement plus difficile que les précédentes car un Kragh qui s’éloigne des mers voit son souffle se racornir et son essence vitale s’éteindre. Elle n’en demeure pas moins la plus intéressante. Nous allons enfin pouvoir combattre de toutes nos forces. Et le combat, c’est ce en quoi les Maelstrom excellent.” (La Dernière Lune, p.135)
À l’origine de l’aventure Noara, il y a déjà une belle histoire dont le vrai héros s’appelle Jéremy Filali. Ce dernier, ingénieur de son état, avait une histoire qui lui trottait dans la tête. Il l’a gardée précieusement pendant la première partie de sa carrière (qui n’avait rien à voir avec le fantastique), l’a laissée mûrir, jusqu’à se décider, avec l’aide de son co-auteur Jules Thiessart, à finalement l’écrire.
La Dernière Lune n’est pas tout à fait le premier tome de cette saga, mais plutôt un volume 0, une introduction au cycle qui s’annonce. Ce sont au final sept livres qui devraient constituer l’intégralité de l’histoire, en plus de cette Dernière Lune.
Un temps pro gamer, Jéremy Filali a rapidement souhaité que son univers couché sur le papier existe en jeu vidéo. Et on le comprend aisément à la lecture du livre, tant on reconnait les codes des jeux vidéo !
L’histoire
“ – Ark, j’espère que tu cours vite.
– J’appartiens au clan des tortues…
– je plaisantais. Humour Squille…”
(La Dernière Lune, p.181)
La Dernière Lune nous raconte les épreuves de cinq Kraghs qui s’apprêtent à passer les épreuves qui feront d’eux des Guerriers Lunaires. Les Kragh, c’est un peuple plutôt marin et anthropomorphes. Une fille tortue, un homme anguille, un homme crabe… Les cinq personnages dont on va suivre le voyage ont été sélectionnés pour passer un examen extrême qui, s’il est réussi, leur permettra d’intégrer les rangs de l’élite militaire Kragh, les Guerriers Lunaires. Le revers de la médaille, c’est qu’un échec à ces mêmes épreuves risque bien de les mener à la mort.
Une aventure à laquelle se mêle un peu de mystère puisqu’un personnage du nom de Rookyn, frère de l’un des cinq, devait lui aussi participer aux épreuves avant de bizarrement disparaître. Remplacé au pieds levé par le taciturne mais puissant Rexes, la vérité sur sa disparition sera aussi l’un des enjeux du roman.
Les cinq candidats aux épreuves des Astres sont autant d’archétypes : un prince frimeur, pistonné, moins bon en acte qu’en parole, un taiseux brutal un peu en marge mais dont la force sera essentielle au groupe, une femme forte, obligée de prouver sa valeur face aux mâles et évidemment une healeuse et un magicien, physiquement un peu en-dessous, mais qui auront un rôle clé.
Une partie à lire
On le voit, on est totalement dans les canons du jeu vidéo. On jurerait la novellisation d’une licence, comme cela existe pour Warcraft ou Assassin’s Creed. Pourtant, on l’a vu, le récit préexiste au jeu. Mais on comprend aisément comment l’idée de faire de cette histoire une aventure vidéoludique a pu naître chez son auteur. Levelling, boss et expérience semblent être les trois ingrédients principaux du récit.
“Chaknie aura truffé l’endroit d’oursins empoisonnés. Et puis il y aura moi et je lui réserve un traitement de faveur. Si tout se passe bien, il va prendre un maximum de dégâts sur cette attaque combinée.” (p.181)
Il ne faut néanmoins pas nier les qualités d’écriture de Jéremy Filali et Jules Thiessart : les scènes d’action sont haletantes, les mystères intrigants, et les twists inattendus (attendez de lire la fin !!). Le roman est rythmé et fluide, se lit facilement. Court, aussi ; ce qui plaira à ceux qui ont moins l’habitude de lire et qui peuvent être effrayés à l’idée de se lancer dans la lecture de saga à plusieurs milliers de pages telles que les romans de Georges R.R. Martin, Game of Thrones et ses suites.
Si Noara, le jeu, n’est pas encore disponible, La Dernière Lune sera un bon moyen de patienter pour qui l’attend avec impatience, ou de découvrir son univers pour les autres. Un univers original, varié, qui augure des possibilités de ce futur “tactical-MOBA”, mais aussi de ses qualités narratives propres. Un bon roman de fantasy qui nous laisse imaginer tout ce que nous proposera cet univers transmédia, mais qui pourra aussi s’apprécier de façon autonome.
Noara : La Dernière Lune est disponible en format papier en exclusivité sur le site web des studios Atypique, mais aussi en version Kindle chez Amazon.
- Noara : La Dernière Lune, de Jeremy Filali et Jules Thiessart
- 247 pages, autoédité par Atypique Studio
- Date de parution : Juin 2019
- Prix conseillé : 8,20€ (3,99€ en version dématérialisée)
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- Il est possible de découvrir le premier chapitre en ligne à cette adresse !