Dernier chapitre d’une saga centrée sur l’un des personnages phares de Marvel, Wolverine tire sa révérence dans Logan réalisé par James Mangold. Soyons clairs dès le début de cette critique, j’ai développé une certaine réticence au fil des derniers films de super-héros à la mode. Et c’est sans réelle attente que je me suis penché sur ce Logan. Quelle ne fut pas ma surprise ! Ici, la réalisation prend un tout autre tournant, le scénario dépasse le cadre super-héros et opte pour une portée humaine, à la limite du philosophique. Et c’est sans mentionner le jeu d’acteurs impeccables portés par Hugh Jackman, Patrick Stewart et la prometteuse Dafne Keen.
Bref, vous l’aurez compris, aujourd’hui, on va surtout expliquer pourquoi vous devez visionner Logan à l’occasion de sa récente sortie en DVD, Blu-ray et vidéo à la demande.
Logan : Humanité rédemptrice pour mutant agonisant
Range tes griffes et occupe-toi de la gamine
Logan conte les derniers jours de Wolverine. En fin de vie, notre mutant aux griffes acérées n’est plus que l’ombre de lui-même. Il ne croit plus en rien et se laisse détruire à petit feu par l’alcool et les médicaments. Seul Charles Francis Xavier le rattache au monde des vivants et à son glorieux passé. Wolverine n’est plus qu’une bête solitaire aux crocs émoussés, agonisant dans ce monde qu’il ne comprend plus. Il gagne sa vie en tant que conducteur de limousine et gagne juste assez pour payer ses médicaments et ceux de Professeur X isolé du monde moderne car considéré comme trop dangereux. Pour les plus connaisseurs d’entre vous (ce que je ne suis pas), Logan reprend quelques éléments du comics « Old Man Logan », une version alternative du héros dans ses vieux jours.
Le film se place dans un futur proche où les mutants ne sont plus qu’un lointain souvenir. Les rares qui sont encore en vie ont décidé de vivre dans l’anonymat, à l’abri de cette société exterminatrice. James Mangold tisse par la même occasion un portrait des États-Unis peu glorieux, sur le déclin, la société présentée semble avoir perdu toute trace d’humanité au profit d’une modernité à outrance. L’avènement des mutants n’est plus et la génération actuelle touche à sa fin, sans nouvelle pour prendre la relève… enfin pas tout à fait.
Dans l’ombre d’une clinique aux pratiques douteuses, des enfants mutants sont élevés dans le but d’en faire des soldats. Les méthodes ont changé : la haine de l’autre ne se crée pas, elle s’apprend dès le plus jeune âge. Les scientifiques ont joué avec l’ADN de mutants pour créer ces jeunes cobayes élevés comme des animaux de laboratoire. Une infirmière des lieux va alors organiser une évasion massive. L’objectif est de conduire tous les petits rescapés à New Heaven, là où ils seront bien traités (nous n’avons malheureusement aucune autre information sur cet endroit). Logan va alors, malgré lui, avoir la responsabilité de Laura, jeune fille de onze ans aux pouvoirs très familiers…
Le plus humain des films de mutant
Logan n’est pas un simple film de super-héros, le titre se sert uniquement de ce contexte pour apporter un film humaniste où les notions de famille et d’amour sont au centre des préoccupations. Le tout servi par une réalisation de haute volée, James Mangold (dont je n’ai vu que les excellents Identity et Walk the Line de sa filmographie) tente une approche plus réaliste de l’univers des mutants. Logan se veut expressément violent et sanglant. Certaines scènes sont réellement gores, ce qui vient directement renforcer le réalisme et le sérieux du propos. N’oublions surtout pas que nous avons affaire à des mutants.
Je l’expliquais dans l’introduction, Logan est sublimé par un jeu d’acteur impeccable. Hugh Jackman est au sommet de son art et nous offre un Wolverine alliant puissance physique et fragilité morale, rongé par un fatalisme profond. Patrick Stewart, quant à lui, représente la sagesse incarnée, un vieil homme au seuil de la mort, reconnaissant ses erreurs et ses gloires. Mais le standing ovation revient surtout à la bluffante Dafne Keen qui nous livre une Laura vraie, remplie de haine et à la recherche d’identité (ce qui passe nécessairement par une famille). Seul le grand méchant Donald Pierce interprété par Boyd Holdbrook, bien qu’acceptable, m’a laissé de marbre. En même temps, difficile de rivaliser avec les trois mastodontes.
Logan est donc une véritable surprise de bout en bout et une appréciable bouffée d’air frais dans ce monde de super-héros en perte d’intérêt/qualité. Wolverine (Hugh Jackman) tire sa révérence avec brio et marquera d’une griffe l’industrie cinéma estampillée Marvel. Gros coup de cœur pour la scène d’ouverture qui résume en l’espace de quelques minutes et à la perfection toute l’ambiance noire du film et sa portée humaniste.
On se prend d’affection pour ce Logan perdu et sans espoir et l’on suit, non sans peine, sa rédemption incarnée par une petite fille tout aussi perdue. À la croisée des chemins, les rencontres se font et les histoires commencent. Chapeau bas, Wolverine garde son statut de super-héros, même si, ici, le super a un tout autre sens.
(Il y a fort à parier qu’un autre Wolverine verra le jour dans nos salles obscures, un reboot généré par l’appât du gain mais jamais, non jamais, ça n’égalera notre Hugh Jackman. Oui, cette dernière phrase est purement subjective…).