Qu’on se le dise, avec le retrait (définitif ?) du mythique Hayao Miyazaki, les films d’animation typiquement japonais se font de plus en plus rares sur nos grands écrans occidentaux. Dernièrement, nous avons eu droit à Souvenirs de Marnie du studio Ghibli, et plus récemment à Miss Hokusai du talentueux Keiichi Hara. C’est assez maigre en quantité mais on se rassure en se disant que la qualité est toujours au rendez-vous. C’est au tour de Mamoru Hosoda de revenir sur le devant de la scène avec son prochain titre : Le Garçon et la Bête. Mamoru Hosoda est loin d’être à son premier coup d’essai et nous a déjà régalés avec Summer Wars, La Traversée du Temps ou encore Les Enfants Loups. En d’autres termes, le réalisateur n’a strictement plus rien à prouver, chacune de ses créations est synonyme de réussite.
J’ai eu la chance de pouvoir visionner son nouveau film en avant-première lors de l’ouverture du festival Kinotayo. Le réalisateur aurait d’ailleurs dû être présent lors de la projection mais les sinistres événements sur le territoire français ont eu raison de ses décisionnaires qui ont jugé plus prudent d’annuler le voyage, dommage pour le public français. Le Garçon et la Bête sera diffusé en France à partir du 13 janvier 2016. Il faudra donc attendre un certain moment avant de découvrir ce petit bijou de l’animation japonaise.
Le Garçon et la Bête : l’Homme capable du pire comme du meilleur
Tu seras mon disciple !
Le Garçon et la Bête nous raconte l’histoire de Ren, un jeune garçon qui vient de perdre sa mère. Sans nouvelle de son père, il est confié à une famille d’accueil. Dépassé par les événements et fou de chagrin, l’enfant prend la fuite et erre sans but dans les rues de Shibuya. Il fera la connaissance d’un drôle de personnage cagoulé aux allures de bête. Vulnérable et rongé par la colère, Ren décide alors de le suivre à travers un réseau de ruelles qui est en réalité un passage secret vers un autre monde : celui des bêtes. Par la force des choses, notre jeune héros deviendra le disciple de Kumatetsu, bête solitaire et redoutée qui n’en fait qu’à sa tête.
Le gouverneur du royaume des bêtes va bientôt se réincarner en divinité, deux prétendants au trône sont envisagés et seul un combat dans les règles de l’art pourra les départager. Kumatetsu est l’un deux et s’entraîne tous les jours pour se préparer à ce combat tant attendu. Avoir un disciple est une condition obligatoire pour être gouverneur, Kumatetsu choisit à la surprise de tous le jeune étranger d’origine humaine. Il faut savoir que les humains sont redoutés et rejetés par les bêtes car ces dernières sont convaincues qu’ils sont en partie possédés par les ténèbres. Ren trouve alors une nouvelle famille et s’entraîne jour après jour avec son maître. Une relation très spéciale tantôt élève et professeur, tantôt père et fils, reliera nos deux protagonistes. Sauvé du monde des humains, Ren oubliera au fil des années sa condition d’être humain.
Un autre humain dupera le monde des bêtes et développera une rage insoupçonnée envers Ren et toute l’espèce humaine. Il se laissera engloutir par le néant, déchaînant ainsi une vague de haine sur les deux mondes. Ren et Kumatetsu devront alors faire face à un mal d’une puissance extraordinaire. Sachez que j’ai volontairement passé sous silence certains moments et événements du film. L’objectif était simplement de vous donner le fil principal du scénario, son synopsis au sens le plus large. Sous ses allures simplistes et enfantines, Le Garçon et le Bête cache une véritable morale profonde et riche en sens.
L’Homme est la bête
La réelle force du Garçon et la Bête réside dans sa morale simple mais terriblement efficace : l’Homme est capable du pire comme du meilleur. Dans chaque être humain se cache une part d’ombre prête à surgir et à tout engloutir sur son passage. C’est un combat intérieur de tous les jours face auquel il ne faut jamais baisser les bras. L’Homme sait également faire le bien autour de lui et il ne tient qu’à lui de choisir son camp.
On remarquera que le titre est judicieusement choisi. L’appellation « bête » fait référence à ces animaux bipèdes mais également aux humains ayant perdu le contrôle. Finalement, on se rend compte que l’humain peut très bien devenir la véritable bête hostile de ce monde. Entraînement, discipline et amour éloignent cette part d’ombre et représentent le chemin vers un bonheur durable aussi bien intérieur qu’avec notre entourage. C’est un message fort et riche en émotion que nous livre Mamoru Hosoda. Le Garçon et la Bête est une pure réussite et vous fera réfléchir sur la nature même d’être humain.
Vous l’avez compris, je vous invite à attendre le 13 janvier prochain afin de vous jeter dans vos salles obscures. Le Garçon et la Bête est clairement un film à voir. Mamoru Hosoda signe une nouvelle fois un grand titre doté d’une poésie rare et d’une portée insoupçonnée. Le pays du Soleil Levant nous montre une énième fois qu’ils sont les maître absolu dans l’animation aussi bien dans le technique que dans l’écriture. Bravo.