Colossal est le nom d’un projet assez fou porté par le réalisateur espagnol Nacho Vigalando. Ne vous laissez pas duper par les premières images, Colossal n’a strictement rien à voir avec les films de Kaiju (créatures à la Godzilla) à la mode et se veut beaucoup plus intimiste et profond qu’il n’y parait. Le film traite à sa manière de nos démons intérieurs et de notre capacité à y faire face au quotidien. Aussi insurmontables que sont les épreuves de la vie, il existe toujours une solution. En réalité, le plus imposant des obstacles, c’est vous-même. Colossal aborde donc un sujet très personnel et s’arme de deux colossales créatures pour faire passer le message.
Petit budget oblige, Colossal ne suit pas le schéma de distribution traditionnel et sort directement en vidéo à la demande. Détrompez-vous, petit budget n’est pas synonyme de manque d’intérêt mais voyons ça dans le détail.
Colossal – Admirez mon gros démon intérieur
Crise de la trentaine
Colossal nous raconte l’histoire de Gloria (jouée par Anne Hathaway) en pleine tourmente communément appelée crise de la trentaine. En effet, notre héroïne est au bord du désastre. Sans emploi depuis plus d’un an, elle vient de se faire quitter par son copain, et, cerise sur la gâteau, a un sérieux problème avec l’alcool et les fêtes. Sans argent et sans ambition, Gloria n’a que pour option de repartir vivre au domicile familial vide, bien loin de New-York. Elle va donc devoir apprendre (ou plutôt réapprendre) à se gérer elle-même sans aucune aide extérieure. Très vite, elle va reprendre contacte avec Oscar (Jason Sudeikis), un copain d’enfance oublié avec le temps. Ce dernier va l’aider dans son installation et à reprendre le contrôle de sa vie, il va même lui offrir un job de serveuse dans son bar. Bref, la vie suit son cours pour Gloria et les choses semblent s’arranger pour elle. Sauf qu’au même moment, une énorme créature attaque Séoul…
L’attaque n’a duré que quelques minutes mais les dégâts sont lourds. Nul ne sait d’où vient le titan, ni ce qu’il veut. Scotchée devant son écran, Gloria ne loupe aucune image du monstre et ressent comme une certaine familiarité sans pouvoir l’expliquer. Colossal surprend par le rapprochement subtil de deux situations qui n’ont strictement rien à voir de près comme de loin. D’un côté, nous avons un scénario à taille humaine, de l’autre, un gigantesque Kaiju détruisant tout sur son passage, de quoi surprendre n’est-ce pas ?
Je suis mon pire ennemi
Pour une raison que je ne dévoilerai pas (no spoil here ma petite dame), la créature et Gloria sont liées. Il s’agit ni plus ni moins de la même personne. En réalité, il suffit que Gloria se rende au parc de la ville durant une heure précise pour que le Kaiju apparaisse en plein milieu de Séoul. Ce dernier se contente simplement de reproduire ses moindres faits et gestes… à une échelle complètement différente. Sur cette révélation, le long-métrage prend alors un autre tournant et le message véhiculé se veut instantanément plus clair. Sachez également qu’elle n’est pas la seule à avoir ce pouvoir… ou cette malédiction, ça dépend du point de vue des protagonistes.
Le matériau de base de Colossal est l’image de soi. L’image qu’on donne aux autres et celle qu’on a de nous-même. En découlent alors diverses thématiques comme la jalousie, la rivalité, la volonté d’être meilleur et de changer. Mais Colossal est avant tout une histoire intime qui fait écho en nous via sa morale rudimentaire : seul vous-même pouvez contribuer à devenir un être meilleur, tout le reste est secondaire. Gloria va donc apprendre de ses erreurs et va essayer de reconstruire sa vie, morceau par morceau.
Conclusion Colossal
Colossal est un très bon film sur bien des aspects, à commencer par son scénario et sa portée originaux. Le film s’identifie comme un film humain mais à taille Kaiju et véhicule un message juste et sincère. On notera toutefois quelques maladresses techniques sur le plan de la réalisation et quelques raccourcis scénaristiques assez déplaisants mais rien de bien pénalisant sur l’oeuvre global. On ne peut que vous conseiller de visionner ce film et vous accaparer cette morale universelle et intemporelle. Car même si le corps ne grandit plus, l’esprit, lui, continue d’évoluer encore et encore et toujours plus de manière colossale.
*Mention spéciale à la fin ouverte qui laisse envisager que rien n’est gagné.*