On ne compte plus le nombre de films prenant comme sujet le spiritisme, l’exorcisme et autres esprits malins. Sur ces dernières années, nous avons été gavés de films dits de possession démoniaque, au point que le genre est devenu sujet à moquerie et destiné à un public prépubère favorisant les projections un samedi après-midi. Nous avons effectivement tout vu de ce sous-genre du cinéma d’horreur et le terrain semble devenu stérile. Mais encore une fois (comme ce fut le cas pour It Follows), un film vient briser ce cycle de films bien pourris. Son nom ? Veronica.
Prévu en France pour le 24 janvier prochain, Veronica est réalisé par l’espagnol Paco Plaza, à qui l’on doit la saga REC. On ne retiendra d’ailleurs que le premier chapitre marquant d’une pierre blanche (ou plutôt rougeâtre) le cinéma found footage. Alors, nouvelle copie sans saveur ou réelle identité au pays des fantômes ? C’est ce que nous allons tenter d’élucider via cette critique de Veronica.
Veronica – Quand la réalisation sauve l’horreur
Jamais sans mon ouija
Veronica s’inspire d’un fait réel et plus précisément d’un rapport de police espagnol, le seul cas d’activité paranormale reconnu par les autorités. L’affaire, plus connue sous le nom de l’Affaire Vallecas, a fait trembler tout le pays dans les années 90 et reste encore inexpliquée ; une zone d’ombre propice à un scénario de film d’horreur.
Lycéenne et adepte du spiritisme, Veronica organise une séance de ouija (planche à appeler les esprits) en pleine éclipse dans le sous-sol de son école. Elle souhaite parler à son défunt père. La séance va tourner court, Veronica est assaillie par une force obscure et se retrouve dans le coma. La planche se déchire, des voix s’élèvent, la séance est levée. Un esprit malin aux intentions peu louables profite alors de l’appel pour passer dans notre monde.
D’entrée de jeu, on se heurte à une série de piquants clichés qui ne laissent présager rien de bon pour la suite. Qu’on se le dise, Veronica ne brille pas par son originalité scénaristique mais installe malgré tout un climat lourd qui prendra tout son sens dans sa seconde partie. Car là où le film tire véritablement son épingle du jeu, c’est bien dans son ambiance réaliste et intime qui s’installe tout au long de l’histoire. Avant de plonger dans les abysses avec l’héroïne, nous apprenons à la connaître. Veronica jongle entre cours et vie de famille (deux petites sœurs et un petit frère à s’occuper).
Paco Plaza insiste bien sur son quotidien pour mieux le bouleverser dans un second temps. Le procédé est risqué mais réussi, on se prend très vite d’affection pour Veronica et sa famille. Sandra Escacena, l’héroïne, crève l’écran (à la manière de Garance Marillier dans Grave, que je recommande chaudement au passage), un tour de force inattendu qui intensifiera la descente aux enfers. En d’autres termes, Veronica prend bien le temps de planter son décor, celui d’une grande sœur lycéenne, pour mieux nous terroriser par la suite.
Entre clichés et bonnes idées
Outre son ambiance, Veronica se démarque également des productions de bas étage par sa réalisation. Jeu de miroir, travelling intelligent, tout est finement étudié pour véhiculer un sentiment de malaise constant. Et ce n’est pas la scène finale qui dira le contraire, celle-ci laisse sans voix tant l’intensité est bien amenée. La bande-son, quant à elle, n’est pas en reste, Chucky Namanera (inconnu au bataillon) nous livre des morceaux nous renvoyant directement dans les années 90 sans jamais tomber dans le ringard, d’autant plus que plusieurs morceaux du groupe Heros Del Silencio (groupe dont Veronica est fan) sont à signaler.
Je le disais un peu plus tôt, l’actrice principale est remarquable mais ce constat peut se faire en réalité sur l’ensemble du casting, et surtout du côté des enfants. Les deux sœurs et le frère sont d’une sincérité troublante qui renforcera encore le réalisme des événements et la terreur vécue.
Conclusion Veronica
Veronica crée la surprise. En partant d’un synopsis vu et revu, Paco Plaza surprend par sa réalisation riche en excellentes idées et son récit fluide délivré de manière intelligente, le tout servi par un casting irréprochable et d’une sincérité rare. Le film n’échappe malheureusement pas à quelques clichés, des ficelles grossières mais le résultat final reste saisissant, à voir absolument pour les amateurs du genre.