Alors que notre test s’écrit encore à l’encre parfumée au moment où vous lirez ces lignes, Clair Obscur: Expedition 33 et le studio français Sandfall Interactive font une première apparition pour le moins remarquée sur la scène vidéoludique en cette année 2025. Ce RPG narratif, disponible sur PS5, Xbox Series et PC, à la croisée de l’aventure poétique et du jeu de rôle aux combats tactiques, se distingue autant par son style que par sa réception critique.
Dès sa sortie, Clair Obscur: Expedition 33 a obtenu des notes élevées : 92 % sur OpenCritic et des scores similaires sur Metacritic, toutes plateformes confondues. Cette unanimité, rare pour une nouvelle licence, s’explique par une proposition artistique affirmée et un gameplay audacieux. DualShockers et Checkpoint Gaming n’ont pas hésité à attribuer la note maximale, soulignant la cohérence de l’ensemble. D’autres médias, comme Eurogamer ou Gameblog, plus réservés avec leurs 8/10, reconnaissent malgré tout les nombreuses qualités du jeu, tout en notant quelques défauts techniques.
L’univers visuel de Clair Obscur puise son inspiration dans une Belle Époque revisitée. Ce monde onirique et contrasté évoque autant les œuvres de Gustave Moreau que les paysages imaginaires de Moebius. L’ambiance graphique, soutenue par des jeux de lumière subtils et une palette de couleurs singulière, participe pleinement à l’immersion. Chaque décor semble pensé comme une peinture animée, renforçant la sensation d’explorer un univers à part.
Au-delà de l’enveloppe visuelle, le jeu construit un récit centré sur une expédition condamnée par une malédiction, posant la tension dramatique d’un compte à rebours inéluctable. Les personnages, bien écrits et doublés avec soin (en anglais comme en français), portent l’émotion de cette aventure. Le joueur ne se contente pas de suivre une histoire : il l’habite, et tisse des liens durables avec les compagnons d’infortune.
Le gameplay combine stratégie au tour par tour et phases interactives demandant précision et rythme. Cette formule donne lieu à des combats dynamiques, sans sacrifier la réflexion tactique. Les personnages disposent de compétences évolutives et d’une personnalisation poussée, favorisant l’adaptation aux préférences de chaque joueur.
Si le titre impressionne, quelques critiques reviennent régulièrement. L’ergonomie des menus, jugée peu intuitive, peut nuire à la fluidité lors des combats ou de la gestion d’inventaire. L’équilibrage de la difficulté semble également pointé du doigt, oscillant entre séquences trop simples ou, à l’inverse, punitives sans transition claire ou trop souvent obscure (rires). Des bugs mineurs et chutes de framerate viennent parfois troubler l’expérience, sans toutefois l’altérer durablement.
Malgré ces quelques imperfections, Clair Obscur: Expedition 33 s’impose comme une proposition forte. En alliant ambition artistique, richesse narrative et gameplay maîtrisé, Sandfall Interactive pose les bases d’une identité singulière.
À l’heure où s’écrivent ces lignes, 24 heures après sa sortie, ce n’est pas moins de 500 000 copies du jeu qui tournent déjà les têtes. Le succès de Clair Obscur: Expedition 33 montre qu’il n’est pas nécessaire de disposer de budgets colossaux à plusieurs centaines de millions de dollars ou d’un nom établi pour marquer durablement le paysage vidéoludique. Alors que certains grands éditeurs semblent englués dans des recettes éprouvées et tremblent au simple fait de retourner la table à thé, un studio indépendant parvient, avec une vision claire et un soin authentique du détail, à proposer une œuvre qui redonne foi en le genre.
Ce contraste met en lumière une vérité simple : la créativité n’obéit pas aux logiques de volume ou de prestige. Elle naît souvent là où l’on ose encore prendre des risques, raconter autrement, et s’adresser au joueur comme à un partenaire d’aventure plutôt qu’à un simple client.
Clair Obscur: Expedition 33 révèle quelque chose d’essentiel : les éclairs de créativité viennent parfois de la périphérie, loin de la brûlure des projecteurs. Beaucoup paraissaient l’oublier toutes ces dernières années. Peut-être est-ce là, finalement, la leçon à retenir : ce ne sont pas les moyens qui font les grands jeux, mais les intentions.
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