Pourquoi sortir des remasters de jeux datant de la PS1 en 2022 ? C’est ce à quoi répond une interview de l’équipe derrière le remaster de Chrono Cross sortie sur la chaîne YouTube japonaise de Square Enix. Selon le producteur du remaster, Koichiro Sakamoto, c’était avant tout pour des soucis de conservation du patrimoine vidéoludique que le projet a été lancé. C’est effectivement une question qui se pose de plus en plus, à mesure que la librairie du médium qu’est le jeu vidéo s’étend : comment conserver chaque titre ? Selon les développeurs de Square Enix, proposer des remasters serait une solution.
« Lorsque le projet a été mis en route, le fait que Chrono Cross devienne un jeu indisponible était une vraie possibilité. Il y avait un système d’Archive de Jeux sur la PlayStation 3 qui permettait de jouer à des titres de PlayStation 1. Mais la PlayStation 4 était déjà sur le marché, et on ne savait pas si elle allait avoir ce même système. Chrono Cross allait devenir indisponible. Donc, on a lancé un projet de remaster. »
Chez nous, on parle de PSOne Classics, et conformément aux inquiétudes de l’équipe, il était devenu compliqué d’accéder à ces titres une fois la génération de la PlayStation 3 terminée. D’ailleurs, la question s’étend même plus loin : concernant les jeux de cette époque, tous n’avaient non seulement pas une sortie internationale, mais il était en plus nécessaire d’avoir une console compatible avec les éditions étrangères dans le cas où l’on trouvait une copie du jeu.
Pour autant, à cette question de la conservation s’ajoute des problèmes d’accessibilité. En effet, dans l’absolu, les titres des catalogues de jeu datant d’avant les stores en ligne seront toujours conservés par des collectionneurs. Cela dit, pour diverses raisons, il paraît, à raison, qu’il ne s’agisse pas d’une réponse satisfaisante. Ces jeux anciens ont un nombre de copies existantes qui n’est pas illimité, et le rétro coûte en général cher, victime de spéculations financières (non, mettre Pokémon Box à 300€ pour sa version PAL, ce n’est pas un prix raisonnable).
Ce n’est pas le seul soucis d’accessibilité qui se pose. En effet, avec des téléviseurs toujours plus grand et l’arrivée des écrans à LED, de nombreux titres datant de l’époque des écrans cathodiques perdent grandement de leur superbe, et cela touche jusqu’à la PS2, qui en a connu sur sa fin de vie.
Et, même dans une situation utopique, où il serait possible de mettre la main facilement sur des titres plus anciens, auxquels on pourrait jouer dans des conditions optimales, un bon remaster n’est pas une mauvaise idée. Un autre intérêt à retravailler un titre un peu poussiéreux, c’est de réviser son ergonomie.
En effet, des défauts, même les meilleurs jeux en ont, et cela n’enlève en rien à leur charme. Reste qu’il est compréhensible qu’un jeune public, qui est habitué à profiter des leçons apprises de ces défauts, aurait peut-être quelques difficultés à s’adapter au gameplay tel quel : sortir un remaster serait l’occasion de faire des ajustements au titre.
De plus, s’ajoute la question de titres publiés plus tardivement, à l’âge des stores en lignes. En effet, c’est à ce moment que des titres uniquement disponibles en ligne ont commencé à devenir courant. Des titres qui sont donc entièrement dépendants du bon vouloir des ayants-droits les maintenant sur leur plateforme. C’est une question d’actualité, puisqu’avec la fin des services du store en ligne Nintendo pour la Wii U et la 3DS, une nouvelle vague de logiciels va rejoindre le catalogue de titres indisponibles, aux côté des vieux Wiiwares.
Pour autant, si c’est un réel problème, et qu’il est important de s’en inquiéter, on ne peut fatalement pas ignorer que beaucoup de remasters sont faits bien trop rapidement et manquent de qualité. C’est qu’il faut garder à l’esprit qu’il y a une logique marketing pour les entreprises derrière, et que les sorties, généralement, suivent les cycles de nostalgie du public.
Ce n’est pas qu’un phénomène qui touche le jeu vidéo : le cinéma en est une victime évidente, mais même en regardant les tendances YouTube, ce cycle s’observe. Que représentait le boom des cartes Pokémon sur la plateforme, sinon une expression du regard vers le passé des jeunes adultes qui y font la pluie et le beau temps ?
De plus, certains jeux reçoivent des rééditions… sans que cela ne soit réellement justifié autrement que par la volonté de laisser le titre en devanture. L’un des titres les plus édifiants de ce genre de cas, c’est bien entendu The Last of Us, qui, au cours de ses dix petites années d’existence, n’aura bénéficié de pas moins de trois sorties. Il est clair qu’on est loin de Nintendo et de son unique réédition de Mario Kart 8, qui reste encore aujourd’hui une valeur sûre.
Alors, pour ce qui est de Chrono Cross, c’était, malgré les regrets du producteur qui aurait voulu en faire plus, une sortie passable, qui a fait amende honorable grâce à une mise à jour tardive qui règle certains des soucis du titre. Mais il est logique, sans que cela soit acceptable, de voir des remasters sortir trop tôt, trop cher. À nous de nous exprimer à l’aide de nos porte-monnaies pour créer un environnement vidéoludique plus sain.
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