Que dire, après tout ce temps ? Après tant d’articles rédigés, tant de chiffres assénés comme des coups de massue ? Les mots finissent par s’user, tout comme ceux qui les écrivent, face à la répétition implacable des licenciements dans le jeu vidéo. On se souvient encore du séisme provoqué par Microsoft en juillet dernier, avec plus de 9 000 employés remerciés, un tsunami qui a balayé des pans entiers de ses studios Xbox. Mais c’est également, c’est The Chinese Room, créateur de Still Wakes the Deep, qui a été frappé, suivi par Supermassive Games, les artisans de The Dark Pictures Anthology ou encore la fermeture de studios entiers, comme Monolith et Cliffhanger Games.
Personne n’y échappe. Et aujourd’hui, la spirale infernale continue. Une nouvelle pièce s’ajoute à ce triste puzzle : Bithell Games, studio britannique qui avait offert au joueurs Thomas Was Alone, John Wick Hex et, tout récemment, Tron: Catalyst, annonce se séparer de la majorité de ses employés.
Ils étaient onze
Dans une déclaration publiée sur Bluesky, le fondateur Mike Bithell a confirmé que onze membres de l’équipe, soit la majorité de leurs effectifs à temps plein, étaient remerciés. La cause ? Ne pas avoir réussi à décrocher un nouveau projet d’envergure après la sortie de Tron: Catalyst.
« Il est apparu clairement, à l’approche du lancement de notre dernier jeu, que nous n’étions pas épargnés par les difficultés rencontrées par tant d’équipes en 2024 et 2025. »
Un constat amer, mais loin d’être isolé ; les studios indépendants, tout comme les géants du secteur, se heurtent à la même réalité : celle d’un financement qui se raréfie et d’un marché devenu impitoyable.
Bithell affirme avoir « heureusement pu communiquer ces difficultés à l’avance » et avoir travaillé avec les personnes concernées « pour faciliter les départs autant que possible, via des indemnités ». Il tient également à rendre hommage à « une équipe incroyablement talentueuse » :
« Si vous êtes développeur et que vous recrutez, sachez que chacun des membres touchés serait un atout précieux pour votre studio. N’hésitez pas à nous contacter si nous pouvons vous aider à entrer en relation avec eux. »
Une maigre consolation, certes, même si cette volonté de valoriser les talents affectés et de transformer cette épreuve en opportunité demeure louable, bien qu’un brin optimiste. Le fondateur précise enfin que cette annonce « n’aura aucun impact sur la disponibilité » des jeux déjà publiés en auto-édition, ni sur leur support continu. Et de conclure avec une note personnelle :
« Bithell Games a toujours été défini et sublimé par notre équipe. Aujourd’hui, nous sommes moins nombreux. »
Un paysage qui se vide de ses artisans
Ce nouvel épisode rappelle une évidence : le jeu vidéo, pour toutes ses réussites techniques et artistiques, repose avant tout sur les femmes et les hommes qui le façonnent. Et aujourd’hui, ce sont eux qui disparaissent les uns après les autres des organigrammes. Derrière les chiffres froids, il y a des savoir-faire qui s’éteignent, des histoires interrompues, des carrières qui bifurquent à contrecœur, comme en témoigne ce communiqué très humain et un peu plus chargé d’émotion que les habituels messages standardisés.
Car au-delà des studios, qu’ils soient indépendants ou mastodontes, c’est la première industrie culturelle au monde qui se trouve peu à peu vidée de son sang créatif, au profit d’équations financières où l’humain n’est plus qu’une variable d’ajustement. Un nouvel article achevé donc, une fois de plus consacré à des licenciements, sans pouvoir espérer que ce soit la dernière fois de sitôt. Car hélas, il faudra sans doute encore y revenir prochainement.
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