Il n’est pas exagéré, dans le cas de Baldur’s Gate 3, de parler d’un engouement généralisé des joueurs assez surprenant au vu du genre du titre. Un CRPG à l’ancienne comme le jeu de Larian assume l’être semblait ne pouvoir s’adresser qu’à un public de niche et pourtant, il a su trouver les arguments nécessaires afin de se démocratiser et charmer tout un pan de joueurs du monde entier.
En parlant de charme, parlons romance, un point qui a fait couler beaucoup d’encre. Il y est de fait possible pour notre avatar d’avoir des relations amoureuses avec d’autres personnages qui donnent accès à de nouveaux dialogues, plus d’immersion et quelques scènes plutôt explicites. Baldur’s Gate 3 ne s’arrête d’ailleurs pas là, car les PNJ vivent aussi leurs propres vies sentimentales et certains d’entre eux le montrent clairement. C’est le cas, par exemple, de Dame Aylin, qui a une relation avec Isobel. Deux personnages féminins.
L’identification, si prisée et tant recherchée en fiction et en particulier dans les jeux de rôle, doit pouvoir s’ouvrir à tous et toutes. Il est positif de voir une représentation de deux femmes homosexuelles dans un jeu aussi populaire. Impossible de reprocher à Baldur’s Gate 3 une fermeture d’esprit passéiste tant les possibilités de romance avec des personnages du même genre sont nombreuses et il est encore plus audacieux de représenter deux PNJ qui croiseront aussi le chemin des personnages-joueurs hétérosexuels.
À première vue, tout va donc pour le mieux dans les Royaumes Oubliés. Il semblerait cependant que cette diversité irrite une partie quelque peu « sensible » de la communauté du jeu. C’est ainsi que, sous prétexte de coller à une réalité historique médiévale, un moddeur, sous le pseudonyme de Yedlike, s’est permis de transformer Dame Aylin en Ser Aylin afin que le couple soit hétérosexuel…
Un mod connu sous le très simple sobriquet de Ser Aylin. Comme si cela ne suffisait pas, Ser Aylin fait partie d’un pack plus imposant de mods connu sous le nom de « no alphabets » (en référence à la communauté LGBT) qui a pour objectif de proposer une expérience qui respecte le « statu quo médiéval » quant aux questions de genre et de sexualité. Pour ce faire, le moddeur a changé le modèle du personnage et a eu recours à l’IA pour altérer sa voix.
Heureusement, Nexus (une plateforme qui regroupe de nombreux mods) a supprimé Ser Aylin de son catalogue, renouvelant ainsi sa volonté de défendre l’inclusivité et la diversité. Censure ? Nous le nions, car Nexus se permet au contraire grâce à cette décision de bannir une forme d’oppression dont l’objectif était de cacher l’homosexualité d’un personnage. L’excuse « historique » qui consiste à rétablir une pseudo-vérité sur le Moyen Âge ne peut entrer en compte dans le cadre d’un jeu se déroulant dans un univers empli de différentes espèces fantastiques qui ont accès à de la magie. C’est un univers fictif qui joue selon ses propres règles. Qui plus est, même s’il était encore plus dangereux de l’afficher à l’époque moyenâgeuse, l’homosexualité a existé en tout temps et dans tous les pays du monde.
Au final, ce qu’il y a de plus historiquement fidèle au Moyen Âge dans ce mod est l’idée puritaine de vouloir purement et simplement effacer toute forme de diversité. Voilà un rappel de plus que les comportements toxiques dans la sphère du jeu vidéo sont loin d’être morts malgré les luttes menées. Si notre média n’est pas le seul touché et qu’il serait aberrant d’affirmer que le jeu vidéo est un nid à discrimination, il faut bien admettre que de nombreux gamers se rapprochent encore trop souvent d’idées extrêmes qui ont pour seul objectif d’exclure une partie de la communauté.
Au final, comme les personnages de Baldur’s Gate 3, apprenons à nous accepter, faisons l’amour, pas la guerre. Enfin si, un tout petit peu, mais seulement manette en mains.
Test Baldur’s Gate 3 – La fascination du vertige
Lila
Final Fantasy 16 – Le jeu ne serait pas assez inclusif ?
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E-sport – Le gouvernement veut lutter contre les comportements toxiques
Team NG+