Nous le voyons au quotidien, il y a un net resserrement du marché du jeu vidéo vers ce que l’on pourrait appeler des trous noirs, des aspirateurs à audience qui phagocytent peu à peu notre loisir préféré. Et pourtant, bien que dans le même temps les principaux éditeurs et développeurs recentrent leurs ressources vers les licences établies depuis longtemps afin de faciliter la rentabilité de projets de plus en plus couteux, ils ne représentent, selon une dernière étude menée par Newzoo, spécialiste de l’analyse de ce marché, qu’une petite partie des temps de jeu passés sur Steam et, dans une moindre mesure, sur console.
D’après leur rapport, les deux tiers du total des heures passées à jouer sur à des jeux PC en 2024 sur Steam notamment concerneraient des titres sortis depuis au moins six ans. Parmi les plus gros représentant de cette catégorie, on retrouve les sempiternels Counter-Strike 2 et Global Offensive (7,1 %), League of Legends (6,4 %), Roblox (6,2 %), DOTA 2 (5,8 %) et, évidemment, Fortnite (5,4 %). Rendez vous compte, six jeux, sortis à la précédente décennie, représentent à eux seuls plus de 30 % du temps de jeu total de 2024.
Au final, les titres sortis en 2024 ne représentent qu’un tout petit 8 % des temps de jeux sur PC, et nous avons pourtant eu droit à quelques beaux records avec notamment Palworld qui a démarré l’année avec des scores impressionnants, avec des pics à plus d’1,5 millions de joueurs en simultané, ou Black Myth: Wukong et ses 2,4 millions de joueurs quelques jours après son lancement et le très beau succès d’Helldivers II.
L’écosystème console résiste un peu mieux mais, que ce soit sur Xbox ou PlayStation, ce sont aussi les titres sortis il y a plus de six ans qui se taillent la part du lion (49 % pour Xbox et 44 % pour PlayStation), les jeux sortis en 2024 représentant seulement 15 % des temps de jeux totaux passés par les joueurs cette année-là. Reste que, lorsque l’on met ces chiffres en perspective avec le fait qu’en moyenne, les joueurs ne jouent à une dizaine de jeux en moyenne (que ce soit sur Steam ou console), on comprend mieux que les grosses structures se soient lancées à corps perdus dans la recherche de leur propre aspirateur à audience et hésitent à prendre des risques en sortant des sentiers battus.
L’an dernier déjà, un autre rapport de Newzoo nous montrait que le classement des titres les plus joués sur chaque plate-forme étaient trustés par des titres sortis depuis des années, avec une moyenne de près de 10 ans pour Steam et plus de 7 ans sur console (exception faite de la Nintendo Switch). Une situation qui se poursuit donc aujourd’hui (voire se renforce) et qui pourrait, à terme, sonner le glas du jeu vidéo tel qu’on le connait aujourd’hui.
En effet, une des lectures de ces chiffres amène à penser qu’il faut concevoir sa propre « cash-machine » vidéoludique. Une conclusion établie notamment par PlayStation qui n’a eu de cesse ces dernières années, sous l’impulsion du non-regretté Jim Ryan, de nous rebattre les oreilles avec ses jeux-services. Mais ils n’ont évidemment pas été les seuls à tenter de s’engouffrer dans la brèche, comme avec Ubisoft, Warner Bros. Games, Square-Enix, Capcom, Xbox et bien d’autres. Et pourtant, malgré les efforts consentis et les dizaines voire centaines de millions de dollars investis pour devenir khalife à la place des khalifes, à rechercher le jeu vidéo qui rebouleversera le marché, rien n’a changé.
Mais chercher à créer un nouvel environnement vidéoludique afin de remplacer ceux existants, n’est-ce pas en quelque sorte chercher à combattre le mal par le mal, et donc finalement reculer pour mieux sauter (ou chuter, selon le point de vue). Ainsi, le jeu vidéo serait-il condamné à se voir dépérir au fil des ans et de l’attrait des joueurs pour ce qui ressemble plus aujourd’hui à des réseaux sociaux dans lequel la partie jeu-vidéo n’est que secondaire ? Et si, à date, le jeu vidéo solo semble encore avoir quelques beaux jours devant lui, comme en atteste les très beaux succès commerciaux de Black Myth: Wukong, Hogwarts Legacy, Elden Ring ou Zelda: Tears of the Kingdom ces dernières années, on a de plus en plus l’impression qu’il se prépare à un chant du cygne que pourtant personne ne souhaite entendre…
Le marché des jeux vidéo dématérialisés met le physique aux abois
Léo Delacroix
Concord – Encore plus catastrophique qu’on ne le pensait ?
Poulet
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