L’éditeur américain Acclaim, jadis synonyme de cartouches bigarrées pour Amstrad et Atari ST, tente un retour aussi inattendu qu’ambitieux. Avec le Play Acclaim Showcase, la société ressuscitée a dévoilé pas moins de neuf titres qui, entre hommage rétro et inspirations trop évidentes, cherchent à faire renaître une gloire disparue.
Un catalogue qui souffle que le froid
Dès les premières minutes de présentation, un sentiment étrange s’installe : ces neuf titres, censés incarner la nouvelle ère d’Acclaim, évoquent moins l’audace qu’une compilation d’échos lointains. GRIDBeat! reprend la formule rythmique popularisée par Crypt of the Necrodancer, TossDown nous entraîne dans un monde de livraisons à la Deliver at All Costs, et Ground Zero Hero promet de la mutation post-apocalyptique dans la veine de tant d’autres Rogue-like. Même Talaka, sans doute le plus séduisant du lot avec sa mythologie afro-brésilienne peinte à la main, ne peut s’empêcher de rappeler par moments un certain Shinobi sous acide.
Ce sentiment de déjà-vu n’est pas forcément un crime ; le jeu vidéo vit de réinterprétations. Mais en observant le catalogue dans son ensemble, on peine à percevoir une identité claire. Est-ce un manifeste créatif ou un patchwork de tendances à la mode ? L’ombre d’Atari plane sur l’entreprise : à vouloir surfer sur la vague rétro, Acclaim pourrait se retrouver à n’être qu’un musée interactif, sans la modernité qui donne du renouveau aux vieilles gloires. Et il faut bien l’avouer : la direction artistique de plusieurs titres évoque plus des jeux flash d’un autre temps qu’une véritable renaissance vidéoludique.
Katanaut, l’avant-garde sanglante
Si un projet devait incarner cette résurrection, ce serait sans doute Katanaut. Développé par Voidmaw en solitaire depuis trois ans, ce Rogue-like spatial au pixel art brutal nous propulse dans une station infestée d’horreurs cosmiques. Katana en main, fusil à la ceinture, le joueur taille, tire et survit, recommençant inlassablement chaque tentative pour arracher un morceau de vérité aux ténèbres.
Le titre détonne par son énergie viscérale : les combats sont secs, nerveux, presque chorégraphiques. Quelques zones secrètes viennent épicer le parcours, rappelant l’esprit Metroidvania en invitant à une exploration plus attentive. Rien de révolutionnaire, certes, mais l’ensemble dégage une sincérité artisanale et un plaisir de jeu brut qui pourraient séduire les amateurs de sensations pures. Proposé à 13,99 € jusqu’au 24 septembre, il se présente comme le fer de lance de la nouvelle stratégie d’Acclaim : viser le joueur averti, sans pour autant exiger un portefeuille surdimensionné.
Renaissance ou réanimation ?
L’initiative mérite d’être saluée : ressusciter un nom aussi emblématique qu’Acclaim n’est pas une mince affaire, et le pari de se concentrer sur des jeux indépendants est courageux. Toutefois, on ne peut s’empêcher de se demander si ce retour n’a pas des airs de tentative désespérée, à la manière d’Intellivision et de son Amico, dont la promesse s’est évaporée dans les sables mouvants de l’industrie.
L’avenir dira si Acclaim saura dépasser le simple effet de nostalgie pour proposer une véritable ligne éditoriale, capable de fédérer une communauté autour d’expériences singulières. En attendant, Katanaut trace la première entaille dans l’espace vidéoludique. À Acclaim, désormais, de s’assurer qu’il ne s’agisse pas d’un coup d’épée dans l’eau.
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