A Plague Tale: Innocence fut la bonne surprise du début d’année 2019. Après avoir été mis en PLS par un certain canidé à un bras, il faut admettre que le titre développé par les bordelais d’Asobo Studio a eu tout de l’exutoire.
A Plague Tale: Innocence prend place au milieu du XIVe siècle entre Peste Noire, guerre de religions, nuées de rats et magie antique. On y suit Amicia et son frère Hugo, au cœur des troubles de leur époque, poursuivis par l’Inquisition. Le jeune cadet, porteur d’un mal inconnu, est convoité par l’église. Il leur faudra fuir pour espérer trouver un remède et échapper à leurs poursuivants.
Asobo Studio a rendu une copie plus que convaincante puisque notre camarade Mercutio l’avait gratifié d’un 8 lors de son test. Il ne s’était pas trompé, car la presse et le public seront unanimes. Le million d’exemplaires vendus et la multitude de récompenses attesteront de l’engouement autour de ce titre vraiment pas comme les autres, confirmant au passage la bonne forme de la production vidéoludique française.
Cependant, A Plague Tale: Innocence n’était pas non plus parfait et a souffert de quelques défauts qui ont quelque peu gâché le plaisir. Fort heureusement et sans surprise, Asobo Studio et Focus Home Interactive ont rapidement annoncé une suite aux aventures des De Rune.
Peu d’informations à ce jour puisque les Bordelais étaient, jusqu’à il y a peu, tous ou presque mobilisés sur Microsoft Flight Simulator. Mais nous sommes nombreux à attendre des nouvelles fraîches quant à l’avancée de ce second volet. Une foule de rumeurs circulent, mais aucune ne semble vraiment étayée. La plus plausible laisse entendre que ce nouvel opus serait une toute nouvelle histoire avec de nouveaux protagonistes, mais toujours au cours de la même période.
Partant sur cette hypothèse, voici quelques améliorations que nous aimerions voir lors du prochain opus pour ainsi profiter d’une nouvelle aventure encore plus épique.
- Une héroïne à la hauteur de Amicia
La force évocatrice de A Plague Tale: Innocence repose en partie sur son héroïne qui est d’une étonnante modernité. En effet, Amicia est une jeune fille d’à peine 15 ans avide d’émancipation qui veut grandir et s’imposer en tant que femme dans un monde qui ne lui laisse pas de place.
Les événements tragiques du début de l’aventure vont bousculer ses aspirations et la nécessité de survivre sera la plus forte, du moins dans un premier temps. Elle devra également démontrer tout son leadership et sa force morale, car cette adolescente va devoir grandir très vite et dans un monde qui lui est ouvertement hostile. Mais elle reste une enfant, traversée par les doutes et la peur que le joueur partage avec elle.
Nous sommes acteurs de cette quête initiatique, on peut voir ce personnage se rapprocher d’un frère qu’au final elle connaît peu et se découvrir un rôle plus proche de la mère que de la sœur. Une jeune femme forte certes, mais qui s’efface toujours au profit d’un intérêt supérieur : protéger son jeune cadet qui est au centre de toutes les attentions de l’Inquisition.
Asobo Studio a réussi à donner de l’épaisseur et beaucoup de modernité à son personnage tout en diffusant une subtile touche de féminisme. Amicia se dévoile dans ses forces et ses faiblesses avec une qualité d’écriture remarquable. Sa relation aux autres et en particulier avec son jeune frère offre des moments qui nous balancent entre rires et larmes, peur et joie et cela dans une déconcertante fluidité.
Celle qui succédera à Amicia – car c’est une conviction : ce doit être une femme – aura du travail pour la surpasser. Nous pouvons espérer une autre dualité telle que mère/fils-fille afin d’explorer d’autres pans de personnalité, donner plus d’expérience et de force à ce nouveau personnage, mais aussi éviter la comparaison. Il faudra néanmoins rester sur les mêmes standards d’écriture pour donner cette puissance évocatrice perçue dans le premier volet.
- Une IA plus affûtée et un challenge plus corsé
Les soldats de l’Inquisition manquaient clairement d’équilibre, tantôt omniscients, tantôt stupides, cela avait la fâcheuse tendance de nous sortir du jeu. Ce fut l’un des grands défauts qui fut reproché à A Plague Tale: Innocence. On aurait aimé avoir des adversaires plus variés offrant différentes forces et faiblesses afin de donner plus de challenge dans les phases d’infiltration et introduire encore plus de tension.
Les puzzles mériteraient également de gagner en diversité, car dans le premier volet, une fois les mécaniques de jeu assimilées les solutions nous sautaient au visage dès l’entrée (ou presque). C’est l’un des aspects qui participaient à rendre les dernières heures de jeu plus redondantes.
Dans les deux cas, les décors seront déterminants et nous imaginons sans peine que Asobo Studio sera attentif à cela. En effet, au cours du premier opus, nous avons eu le plaisir de traverser une multitude de lieux qui, en plus d’être beaux et inspirés, ont été pour la plupart utiles au gameplay. A Plague Tale: Innoncence est aussi un jeu qui mise beaucoup sur son ambiance, il faudra donc conjuguer les deux aspects qui sont d’égale importance.
- Un scénario épique et des histoires qui s’entremêlent
La qualité du récit proposé dans le premier opus est indiscutable. Le jeu nous embarque dans un scénario prenant qui offre quelques bons rebondissements. Globalement, le joueur est tenu en haleine et les péripéties sont nombreuses et bien amenées dans une aventure somme toute assez courte mais intense. Le défi des développeurs sera de renouveler l’expérience avec de nouveaux protagonistes et d’autres enjeux tout en imbriquant le récit des deux volets pour donner à la licence une autre dimension.
A Plague Tale: Innocence est à la croisée des chemins. La licence a l’opportunité de convertir le succès du premier volet et de capitaliser sur son univers unique qui ouvre un champ des possibles gigantesque en termes de scénario. La difficulté sera de conserver la cohérence du récit tout en apportant de la variété : amener un nouvel antagoniste, installer l’action dans une autre région de France… Le chantier est énorme et le succès ou l’échec repose en partie sur ces facteurs.
- Et pourquoi pas en coopératif ?
Un second volet de A Plague Tale aurait à gagner, pour se démarquer de son prédécesseur, à proposer la possibilité de parcourir l’aventure à deux en coopération. Cela aurait pour bénéfice d’offrir encore plus de possibilités de gameplay et de mettre en avant les deux protagonistes de l’histoire.
Dans le premier opus, Amicia est, la majeure partie du temps, en compagnie de son frère, qui représente une entrave à la progression et qui participe au gameplay de cette manière mais aussi par quelques interactions scriptées. Malheureusement, Hugo reste assez passif et la plupart des actions restent à la charge de sa sœur.
Ce deuxième volet serait l’occasion d’enrichir l’expérience en proposant de la vivre à deux. En plus de cela, le joueur solo pourrait avoir la possibilité de choisir son personnage et ainsi connaître plusieurs fins et l’issue de chacun dans l’aventure.
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