Nous avions parlé il y a quelques jours des YouTubeurs ayant participé à la création d’un jeu, en évoquant en préambule quelques réalisateurs de films ayant également mis un pied dans le milieu vidéoludique de près ou de loin. Aujourd’hui, pour patienter jusqu’à la sortie prochaine de la série inspiré de The Last of Us dirigée par le réalisateur de la série Chernobyl, nous vous proposons donc de revenir sur ces personnalités du grand écran, dont les noms se sont retrouvés dans d’autres crédits que ceux du cinéma.
- Beat Takeshi
Avant de s’atteler à cette traversée entre médias, il est évident que la plupart des exemples cités ici seront directement des adaptions de films éponymes ; sauf le désormais connu Takeshi’s Challenge (remis en avant par le YouTubeur Fred Molas lors d’un des épisodes de son émission rétrogaming Joueur du Grenier), dérivé, lui d’un jeu télévisé, Takeshi’s Castle, présenté par le réalisateur japonais Takeshi Kitano.
Le jeu vidéo ne s’inspire pourtant que d’un seul trait spécifique de l’émission (équivalent à un Total Wipeout baigné des coutumes asiatiques), mais aussi de son injustice et de son imprévisibilité, dans une série d’actions illogiques à effectuer, plongées au cœur d’un RPG où la moindre de vos actions peut mener à une fin de partie impromptue.
Et cette source de frustration est bel et bien une volonté propre de Takeshi Kitano, grand joueur de la Famicom (version japonaise de la NES), qui souhaitait briser les règles de game design en appliquant l’opposé de la recette du premier Super Mario pour rendre son titre le moins intuitif possible.
Objectif que Takeshi Kitano a non seulement atteint, mais c’est aussi ce qui a fait la réputation de son jeu, au point que son aura traversera les continents plus vite que l’émission dont il est un emprunt. En offrant à Takeshi’s Challenge un nouveau souffle et une sortie sur console virtuelle, cela pourrait laisser aux plus fous d’entre nous l’espoir amusé d’un improbable retour.
- Uwe Boll
Le second nom de cette liste des réalisateurs sur lequel nous allons nous attarder est tout aussi réputé, mais pas pour d’aussi bonnes raisons : Uwe Boll, trop connu des gamers adeptes d’adaptations, qui craignent de voir apparaître son nom associé à l’une de leurs sagas préférées, ne s’attaque cette fois pas à la désacralisation d’un mythe comme Alone in the Dark ou Far Cry.
Non, exceptionnellement, le déprécié réalisateur fana de jeux vidéo violents a décidé de faire le contraire de ses habitudes de travail en adaptant en jeu vidéo l’un de ses films de guerre dénommé The Last Squad. Nous ne vous ferons pas l’affront de spoiler ce probable « chef-d’œuvre » du septième art (dont le synopsis qui tient sur un timbre poste nous rappelle toute la filmographie clichée du gaillard), mais intéressons-nous plutôt à son adaptation…
1968 Tunnel Rats aura au moins pour lui un nom plus original que son homologue audio-visuel, dont il est censé être la suite directe scénaristique. Le titre est supervisé directement par Uwe Boll lui-même, afin de s’assurer de laisser sa patte si reconnaissable sur son premier produit dérivé officiel ! Le jeu nous promet donc moult affrontements armés aussi mous que redondants, agrémentés d’une pincée de bugs pour achever la bouillie de pixels que nous inflige le titre.
Le tout fleure bien évidemment le mauvais goût, avec non seulement une représentation volontairement racisée à l’exagération, ainsi que la possibilité plus qu’honorable de démembrer nos adversaires afin d’en faire des trophées de guerre qui raviront probablement femme et enfants à votre retour !
- Peter Jackson
Si ces deux premiers réalisateurs vous semblent obscurs, rassurez-vous, il y a beaucoup de chances que les prochains noms vous soient un brin plus familiers, le premier n’étant même plus à présenter au vu de sa fourmillante filmographie couronnée de succès. Le talentueux Peter Jackson, après avoir joué à l’excellent Beyond Good & Evil, a contacté lui-même Ubisoft afin de travailler aux côtés de Michel Ancel sur l’adaptation de King Kong.
Un jeu d’action/aventure assez fidèle au matériau d’origine, sorti sur la plupart des plateformes de l’époque allant des consoles portables telles que la PlayStation Portable et autres Nintendo DS aux machines de dernière génération (à l’époque) comme la Xbox 360. King Kong aura reçu un accueil plutôt positif de la part de la presse et des joueurs, grâce à sa réalisation soignée et à une réelle volonté d’auteur dans son choix de séquences, malgré une durée de vie très concise.
King Kong nous offrait une épopée virtuelle plus qu’honnête sans révolutionner la formule, et nul doute que la participation de Peter Jackson n’aura pas été de trop pour adapter cette réinterprétation du mythe sans trahir son ambiance si marquante. Ce qui ne s’avère malheureusement pas être le cas des deux derniers jeux et réalisateurs qui nous attendent avant la conclusion.
- Les Wachowski (1)
Car enfin, pour finir en beauté, ce n’est pas d’un, mais bien de deux réalisateurs dont nous allons parler, devenus aujourd’hui des réalisatrices. Les plus cinéphiles d’entre vous auront deviné dans cette courte description le célèbre duo Wachowski. C’est d’abord sur le jeu Enter the Matrix que (anciennement) Larry et Andy Wachowski ont travaillé, afin d’assurer une parfaite cohérence scénaristique avec le film auquel ils rajoutent plus d’une heure de séquences filmées inédites.
Ce premier essai vidéoludique apporte de nouveaux éléments intéressants à l’histoire du volet Matrix Reloaded, entamant son scénario deux jours avant les événements du film pour apporter divers détails manquant à l’histoire et aux relations entretenues entre ses personnages, tout en s’offrant le luxe de faire référence à d’autres spin-off de la saga comme l’excellente série Animatrix.
- Les Wachowski (2)
Les deux réalisateurs réitéreront leur participation à une adaptation de l’iconique saga, à travers The Matrix: Path of Neo dont ils s’occuperont entièrement du remaniement du scénario, impliquant l’entièreté de la trilogie. Les deux titres recevront des critiques assez mitigées, surfant principalement sur le phénomène de mode lancé par la franchise pour nous proposer des jeux sans réelle ambition au-delà de l’aspect fan-service commercial.
Principalement, le deuxième titre, The Matrix: Path of Neo, souffre d’une conception à la paresse flagrante et d’un manque d’ambition qui se ressent jusque dans le gameplay répétitif qui nous est infligé au cours des quelques heures de jeu. Et ce, avant de nous achever de problèmes de textures gâchant l’esthétique pesante du level-design, qu’on parcourra non sans difficulté, trop occupé à éviter les bugs en tous genres qui freineront la progression.
Les exemples ne manquent donc pas, entre passionnés du jeu vidéo qui souhaitent apporter leur pierre à l’édifice, ou des grands noms mis en collaboration dans l’objectif d’étoffer l’adaptation vidéoludique d’un film. Il est certain que dans tous les cas, ce genre de collaboration fait vendre. Mais peut-on aller plus loin dans la vision qu’un cinéaste pourrait apporter à un véritable titre cross-média ?
Le sujet est encore vaste, et la liste des réalisateurs de cinéma ayant participé à la création d’un jeu vidéo va bien au-delà des simples adaptions inégales de leurs œuvres les plus fructueuses. Il se pourrait donc bien que nous revenions ensemble à cette page de l’Histoire des médias où le grand écran a fricoté avec la manette le temps d’un nouveau 5 jeux…
[Top] 5 jeux au concept génial mais bien décevants manette en main
Luynan
5 jeux qui ont laissé le politiquement correct au placard
Luynan
Luynan