Quelle année pour le jeu vidéo ! Mais surtout, quelle année pour le jeu vidéo français ! L’année a largement été dominée par le tsunami Elden Ring qui, à lui seul, fit de 2022 une année qui a compté dans l’histoire. Rarement un titre avait provoqué un tel engouement à sa sortie, mettant la presse, les joueurs et l’industrie d’accord. Et pourtant, le jeu de FromSoftware n’était pas la seule bonne nouvelle de l’année : les jeux AAA furent aussi au rendez-vous (Horizon, God of War…), tout comme les très bonnes surprises venues des indés (Immortality, Tunic, Cult of the Lamb…). Et ce qui ressort particulièrement de ce bilan, c’est la très grande forme de la production française, qui a su s’illustrer et a vu ses jeux reconnus dans un peu tous les styles.
Parlons d’abord des orfèvres de Dotemu, qui ont développé TMNT: Shredders Revenge et édité Windjammers 2, deux variations sur des classiques rétros. Les Tortues Ninja sont de retour en pixels comme pour donner suite aux titres célébrés sortis sur les consoles Nintendo 8 et 16 bits ; et Windjammers 2, la suite, presque vingt ans plus tard, d’un classique Neo Geo, mâtiné d’un soupçon d’e-sport.
Variation sur un thème classique, c’est aussi ce qu’on disait de Young Souls, le très réussi beat’em all de 1P2P, un tout petit studio du Nord de la France. L’équipe a réussi avec brio à intégrer des éléments de RPG à son jeu d’action à défilement horizontal, rafraîchissant avec talent la formule. Une recette à laquelle il faut ajouter une direction artistique soignée et efficace, pour un jeu qui, sans renverser complètement la table, a su se faire remarquer en bien.
Gerda, A Flame in the Winter, Have a Nice Death ou encore Flat Eye sont aussi trois jeux qui ont attiré à eux des critiques bienveillantes. Là encore, sans être des titres révolutionnaires, les réalisations de chacun d’entre eux ont permis de leur faire sortir un peu la tête de la marée de sorties qu’on connaît chaque année. Pour Gerda, c’est notamment la finesse de son écriture, pourtant à propos d’un sujet difficile (l’occupation), qui a été saluée. Have a Nice Death est, en plus d’être plutôt réussi, plein d’humour et bardé de clins d’œil, ce qui oblige un peu à le trouver a minima sympathique. Flat Eye, sorti il y a quelques jours, est signé des auteurs de Night Call, ce qui devrait déjà vous rendre suffisamment curieux !
Parmi les titres les plus attendus cette année, on a croisé (au moins) deux titres français : Stray, et A Plague Tale: Requiem. Si le second est signé du bien installé Asobo (qui avait été choisi par Microsoft pour développer le dernier Flight Simulator), Stray était lui un premier jeu. Et tous deux avaient une certaine pression sur les épaules, vu le niveau d’attente qu’ils avaient généré. C’est donc d’autant plus remarquable d’avoir su les sortir, bien qu’imparfaits, sans décevoir les joueurs !
Aux côtés de ces deux gros titres, on mettra Steelrising, qui partage un peu leur ambition. Cet autre jeu vidéo français met en scène des automates pendant la Révolution française, et est venu flirter avec le genre très exigeant du Souls-like. Un genre peut-être un peu trop grand pour lui, mais qui n’a pas empêché le jeu de voir son univers et sa narration loués par la critique.
Au contraire de ces « gros » jeux (gros pour des indés), on trouve Tinykin, dont on n’attendait rien et qui a surpris tout le monde tant il est réussi. Entre le Pikmin-like et le jeu de plateformes, Tinykin propose des mécaniques simples et efficaces, une direction artistique accrocheuse, et s’adresse à un peu tout le monde.
Quelque chose qu’on ne pourra pas dire de SiFu. Frustrant, exigeant, difficile, ce second jeu des studios SoClap après Absolver est une proposition radicale. Alors certes, il laissera du monde sur le bord de la route (dont nous sommes !), mais il faut saluer le courage et le culot des développeurs, d’autant que ceux qui ont réussi à maîtriser le jeu en vantent aussi la satisfaction qu’il peut procurer.
Avouez qu’alignés de la sorte, cela donne une belle série, montrant que le jeu vidéo français a su marquer l’année. Ce qui est déjà une belle réussite, vu la place qu’a occupée Elden Ring dans la conversation. Certes, tous ces titres ne sont pas des chefs-d’œuvres, mais chacun a eu le mérite d’aborder le marché avec des propositions originales, dans la manière de mixer ou de remixer les genres, de raconter ses histoires, ou de tenter de se créer un public de niche. Et encore, on aurait pu aussi évoquer Foretale et son cocktail de deck builder et de jeu narratif, ou encore le puzzle game signé Arte How to Say Goodbye, qui avait charmé la rédaction.
Une année particulièrement riche et intéressante pour le jeu vidéo français, donc, qui nous fait espérer une année 2023 au moins aussi qualitative ! On sait déjà qu’Ubisoft nous promet un nouvel Assassin’s Creed (Mirage), dont on espère qu’il saura renouveler la formule comme Origins avait pu le faire. On attend aussi impatiemment (peut-être à tort ?) le Goldorak de Microids… Et au moins autant de surprises qu’en 2022 !
Test How to Say Goodbye – Faire du deuil un allié
Absolem
Test A Plague Tale: Requiem – Descente au cœur du chaos
Nigma le Vagabond
Test Stray – Cyberpunk, director’s cat
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