À quelques semaines maintenant de l’arrivée des consoles next-gen, nous revenons sur le catalogue des machines de huitième génération à travers dix titres qui auront durablement marqué l’histoire des jeux vidéo. Aujourd’hui, on s’intéresse à l’un des titres les plus critiqués d’une formidable saga traversant les générations, à savoir Red Dead Redemption 2.
Est-il seulement utile de présenter Red Dead Redemption 2 ? Probablement pas. Le joyau de Rockstar est à n’en pas douter l’un des jeux les plus populaires de la génération arrivant sur sa fin. Il est l’aboutissement d’une formule open-world dont seul Rockstar a le secret, mais aussi, et surtout, une incroyable histoire humaine qui, des joies aux larmes, nous présente le crépuscule d’une vie et d’une époque de liberté se retrouvant peu à peu enchaînée aux affres d’une modernité inéluctable.
Car ce dont il est question réellement dans Red Dead Redemption 2, c’est de fatalité, rien de plus.
L’année est 1899. Arthur Morgan et la bande de hors-la-loi Van der Linde, dirigée par Dutch, se retrouvent contraints de fuir la ville de Blackwater après que le braquage d’un Ferry a mal tourné. Pris en chasse par l’agence Pinkerton, ils n’ont d’autre choix que de rester sur les routes et établir des campements éphémères histoire de se faire un peu de pécule en attendant de pouvoir frapper une dernière fois.
Un dernier gros coup qui leur permettrait de vivre en toute liberté pour le restant de leurs jours, car conscients qu’ils sont les derniers vestiges d’une époque révolue, le monde et sa modernité les rattrapant inexorablement.
Mais ceci n’étant pas un énième test du jeu rédigé par un énième testeur anonyme, nous n’allons pas revenir point par point sur le pourquoi du comment Red Dead Redemption 2 est probablement l’un, si ce n’est LE jeu le plus emblématique de cette génération.
Ici, on parle de tranches de vie, d’un paisible repas au bord d’un ruisseau en compagnie de notre canasson du moment, d’un feu de camp improvisé et d’une tente pour nous abriter de la pluie à la seule lueur des étoiles.
On parle de folles chevauchées dans de larges plaines s’étendant à perte de vue, de ces fusillades dont l’issue ne tient qu’à un fil ou encore de ces nuits passées à boire et festoyer avec notre famille d’infortune. On parle de loyauté, d’amour et de haine, de trahison et de retrouvailles, de destins brisés et de vies sauvées.
On parle d’un voyage, celui de Arthur Morgan, un voyage que nous avons fait nôtre grâce à cet avatar numérique pour qui nous autres voyageurs avons une tendresse toute particulière. Confronté à ses démons et ceux des autres, il fait tout ce qui est en son pouvoir pour contenter les uns et les autres tout en restant loyal envers sa famille de hors-la-loi.
Mais ne nous y trompons pas, il n’est ni un ange, ni un démon, c’est un homme comme un autre, avec un code d’honneur fort, qui a décidé d’embrasser un certain mode de vie. On parle aussi d’une tristesse, d’une mélancolie, d’une flamme qui s’éteint après un baroud d’honneur qui restera dans les mémoires.
Tout d’abord grâce à un scénario, une narration, des personnages, une écriture hors norme. Il s’agit là de l’œuvre la plus aboutie de Rockstar de ce point de vue, jamais un jeu de la firme n’avait eu un récit aussi soigné. Cette histoire de hors-la-loi rattrapés par le temps et la modernité d’un monde qui rétrécit est non seulement pertinente, mais aussi terriblement humaine.
On y suit des hommes et femmes évoluant à contre-courant, tentant par tous les moyens de préserver leur mode de vie dans un écosystème qui les rejette. Aux côtés d’Arthur, des personnages hauts en couleur l’accompagnent, comme Micah le fou, Dutch le chef optimiste, Hosea le sage, Charles l’Indien sans patrie ou encore un certain John Marston. Tous sont joués par des acteurs convaincants et habités par leur rôle.
On est donc amené à vivre le déchirement et l’anéantissement de cette famille improvisée qui nous emmène d’ailleurs directement vers les événements d’un certain Red Dead Redemption. Faisant office de préquelle, cette suite est donc une introduction grandeur nature aux aventures de John Marston sur le papier, mais tellement, tellement plus manette en main.
Une authenticité folle, jusqu’aux animations de fouilles, un souci du détail hors norme, chaque aspect de ce monde ouvert se veut ancré dans le réalisme, tout en restant véritablement ludique. C’est une aventure, une épopée que l’on vit, et en cela Rockstar a voulu la rendre la plus crédible possible. Villes et villages, forêts boisées, grandes étendues et plaines, déserts, marécages et montagnes enneigées ou non, sont autant de zones à la faune et la flore impressionnantes qu’il nous faudra visiter pour marcher vers notre destin.
Que ce soit d’ailleurs en milieu urbain ou naturel, ce qui frappe, c’est cette impression de vie foisonnante constante qui habite chaque lieu. De l’écureuil qui grimpe à un arbre, aux loups qui chassent en meute un cerf en passant par le clochard bourré dans une rue salle de crasse jusqu’aux simples badauds qui vaquent à leurs occupations, tout est fait pour immerger le joueur, le capturer dans un univers qui n’est pas le sien.
Quel bonheur alors d’évoluer dans un monde qui vit, réagit et évolue en fonction de nos actes, mais aussi d’événements qui ne nous concernent pas directement. Et que dire de l’OST, du sound design… rien, hormis que là encore, Rockstar frappe un grand coup.
Cette authenticité se retrouve aussi dans la retranscription d’une époque en pleine révolution. L’arrivée de l’automobile, la multiplication des chemins de fer, l’urbanisation à outrance, l’industrialisation de plus en plus présente, l’est qui a gagné l’ouest, tout bouge, avance, et ce changement on le ressent. L’impression aussi de vivre une vie est omniprésente, la structure même du jeu nous y encourage. On fait nos petites courses, quelques jobs pour gagner de quoi vivre, on explore, on chasse, on joue aux cartes, on flâne dans la nature pour rien et on fait avec d’innombrables événements aléatoires se produisant autour de nous.
Ceci mis en exergue par une réalisation technique et une direction artistiques toutes deux fabuleuses, le dépaysement est total. Quelle immersion, quelle ambiance, quelle beauté. Avec son lot de bugs certes, cela reste un jeu Rockstar, mais Red Dead Redemption 2, malgré quelques défauts, comme des gunfights un brin classiques et parfois mous, est une expérience à vivre qui transcende notre média. Il est le parfait hommage à une époque révolue, à une façon de vivre, à une certaine conception de la liberté, sans attache mobilière et co-existant avec la nature.
Il est LE jeu de cette génération et l’aboutissement d’une pensée du monde ouvert et tous ces mots que nous écrivons ne sont pas assez pour témoigner de ce qu’est Red Dead Redemption 2. Oh, et il y a aussi un multijoueur vraiment pas mal en prime…
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