Un projet de plus s’ajoute à la longue liste des décisions absurdes prises par Warner Bros. Games. Cette fois, il s’agit de WB Racers, un jeu de course façon Mario Kart qui aurait dû réunir des personnages issus du vaste catalogue de la firme, de Superman à Buggs Bunny. Sur le papier, si l’idée de foncer sur des circuits en incarnant Batman aux commandes de sa Batmobile face à Scooby-Doo pilotant la Mystery Machine peut faire sourire, soyons honnêtes : qui avait besoin ou même envie d’un jeu de kart Warner en 2025 ?
Une énième tentative de copier une recette éprouvée
Le projet, initialement nommé Moonlight avant d’être envisagé sous les titres WB Racers ou XDR, pour Cross-Drift Racers, aurait été lancé en plein début de pandémie. L’idée ? Un free-to-play en ligne, dans la droite lignée de MultiVersus, d’abord pensé pour consoles, PC et mobiles, avant d’être réduit à une sortie sur PC uniquement. Autrement dit, une tentative de plus pour reproduire un succès existant, sans la moindre ambition créative ; un pur produit commercial, dénué d’âme.
Qui donc pourrait ressentir un besoin urgent d’une énième copie de Mario Kart, moins inspirée et aboutie, comme c’est toujours le cas avec les nombreux clones des jeux du plombier moustachu ? Car oui, la licence phare de Nintendo règne en maître sur le marché depuis des décennies, avec une formule et un game design de génie, souvent imités mais jamais égalés, une certitude indiscutable. À côté, on retrouve plusieurs tentatives d’émuler son succès, allant des sympathiques Crash Team Racing, Sonic Racing, Diddy Kong Racing aux catastrophiques Garfield Kart et Schtroumpf Kart.
Tout le monde a tenté le coup, et pourtant, personne n’a réussi à détrôner ce cher Mario. Warner Bros. Games pensait-il réellement pouvoir décrocher un hit en se contentant d’un simple skin de ses licences sur un gameplay déjà vu des centaines de fois, au milieu d’une avalanche de titres tous plus ratés et insignifiants les uns que les autres ?
Un développement bancal par un studio sacrifié
Développé par Warner Bros. San Diego depuis le début de la pandémie déjà, le projet a rapidement accumulé les problèmes. Selon les infos du podcast Sacred Symbols, l’équipe a souffert d’un turnover compliqué, avec plus de cent développeurs se succédant en un temps record. Résultats : un développement chaotique et un projet qui n’a jamais eu le temps d’être viable.
L’annulation brutale de WB Racers a d’ailleurs provoqué un certain ressentiment en interne. Plusieurs employés auraient mal vécu le fait que MultiVersus ait eu droit à un second lancement, alors que leur propre projet n’a même pas pu voir la lumière du jour. Cette injustice n’a fait qu’accentuer la démotivation dans une entreprise où la gestion des projets ressemble de plus en plus à une partie de roulette russe.
Un naufrage symptomatique de la gestion Warner
Le couperet est tombé en 2025 : Warner Bros. San Diego a été purement et simplement fermé. D’autres studios, comme Player First Games et Monolith Productions, ont également fait les frais de cette restructuration massive. Une décision qui s’inscrit dans une année noire pour la division gaming de Warner, marquée par l’échec commercial de Suicide Squad: Kill the Justice League et le retour raté de MultiVersus.
La société a donc décidé de pointer du doigt son pôle jeux vidéo comme étant un « maillon faible », selon les propres mots de son PDG David Zaslav, celui-là même qui a jugé bon d’annuler par exemple la sortie en salles du film Batgirl, pourtant tourné, monté et achevé, afin d’économiser quelques millions de dollars. Une décision qui, on le rappelle, a créé un précédent inédit dans l’histoire du cinéma : un blockbuster terminé, prêt à être dévoilé au public et… privé d’existence. De quoi se demander si Warner comprend encore quoi que ce soit au divertissement.
L’obsession du zéro risque
Face à ce fiasco, Warner Bros. Games a décidé de tout miser sur ses valeurs sûres, en mettant l’accent sur plus de jeux DC (tout en annulant, ironiquement, le seul jeu Wonder Woman en développement… évidemment), et par le développement d’une suite à Hogwarts Legacy, désormais considérée comme une priorité absolue. En effet, avec plus de 30 millions de copies vendues, le jeu Harry Potter a été le plus gros succès de Warner en 2023, surpassant même The Legend of Zelda: Tears of the Kingdom. Un pari gagné d’avance pour un studio qui semble désormais plus déterminé que jamais à ne prendre aucun risque, se reposant uniquement sur ses acquis pour les titres à venir.
Finalement, l’annulation de WB Racers n’est peut-être pas une perte. Après tout, qui aurait réellement eu envie d’y jouer ? Ce projet avorté illustre surtout une tendance plus inquiétante : l’incapacité chronique des dirigeants de Warner Bros. Games à comprendre le jeu vidéo autrement que comme un copier-coller maladroit de ce qui fonctionne ailleurs.
Plutôt que d’innover, il s’entête à recycler des concepts déjà usés jusqu’à la corde, sans jamais saisir ce qui fait réellement le succès d’un titre. Un constat symptomatique d’un éditeur qui, à force d’essayer de continuer encore et encore de tabler uniquement sur des « valeurs sûres » et des titres conçus pour reproduire des succès existants, en vient à oublier l’essence même du jeu vidéo : l’innovation et la créativité.
WB Racers n’a donc jamais eu la moindre chance. Et honnêtement, ce n’est sans doute pas plus mal.
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