Bien qu’essentiels, certains métiers du jeu vidéo restent bien souvent sous-médiatisés. S’il est plus ou moins simple de citer des noms de développeurs célèbres, bien malin qui sera capable de donner le nom d’un seul traducteur. Mais être sous-médiatisé c’est une chose, ne pas être respecté et reconnu pour son travail, c’en est une autre.
C’est malheureusement le sentiment actuel d’une partie des traducteurs externes recrutés par Nintendo pour de gros projets ces dernières années, tels que Zelda: Tears of the Kingdom ou Animal Crossing: New Horizons. En cause, le fait que Nintendo ait complètement omis de citer les noms de ces traducteurs dans les crédits de fin. Certains d’entre eux, sous couvert d’anonymat, se sont exprimés à Game Developer, et la déception est palpable.
Selon des sources bien renseignées, il s’agirait tout simplement d’une politique de la marque japonaise : ne pas lister les noms des traducteurs issus d’agences externes. Le constructeur n’en oublie pas de citer les agences employant les traducteurs, mais ne va pas plus loin. Au contraire, chaque traducteur interne à l’entreprise a le droit à son petit nom lors des génériques. Plutôt discriminatoire. Imaginez seulement le tollé si des développeurs n’étaient pas cités dans les crédits et que seul le nom du studio était mis en avant.
Pire encore, les traducteurs externes n’auraient même pas le droit d’utiliser leur expérience avec Nintendo sur leur CV, avec une clause de non-divulgation de leur participation aux projets d’une durée de dix ans. Pour de nombreux salariés payés à la prestation, même si ce n’est pas quantifiable, c’est sans doute un vrai manque à gagner. Avoir participé au développement de jeux de calibre GOTY, ça en jette, et il est bien dommage de ne pas pouvoir le mettre en avant dans sa carrière.
Rappelons que sans les traducteurs, c’est toute l’internationalisation du jeu vidéo qui en prendrait un sacré coup. Leur rôle est primordial, autant pour la traduction des dialogues, que pour les noms des personnages, ou tout simplement les titres des jeux. Derrière chaque nom de Pokémon en version française et le jeu de mot qui va avec, chaque sourire que vous avez esquissé à l’écoute d’un dialogue, ou chaque émotion ressentie devant une chanson en version non originale, il y a le travail d’un traducteur. Et ce ne sont que des minuscules exemples de l’importance du métier.
Pour le moment, aucune plainte d’aucune sorte n’a été lancée à l’encontre de Nintendo, et ce ne devrait pas arriver. La firme nippone n’a finalement rien fait d’illégal, mais manque d’humanité dans le dossier. En divulguant ses états d’âme, la profession souhaite surtout mettre en avant son travail et espère un changement dans la politique interne de Nintendo et des nombreux autres éditeurs qui usent des même méthodes. Sans oublier certaines agences de traductions pas non plus toutes blanches dans l’affaire, et qui peuvent trouver des intérêts à ne pas mettre en avant le nom de leurs employés, comme l’avait divulgué Eurogamer dans une intéressante investigation il y a quelques mois.
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DracoSH
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